L’intelligence artificielle peut-elle être française ? 

L’intelligence artificielle peut-elle être française ? 

Les entreprises américaines comme Microsoft ou Google, dominent l’univers de l’intelligence artificielle (IA) « générative ». L’ouverture au public en novembre 2022 de Chatgpt par la société Openai a donné lieu, en quelques mois, à un engouement pour les applications reposant sur des modèles de langage. Une entreprise française, dénommée Mistral, tente de rivaliser avec les géants américains. Sa nouvelle application Mistral Large entend concurrencer Chatgpt. Pour y arriver, l’entreprise française dispose, néanmoins, de l’appui de Microsoft qui n’est autre que l’un de ses actionnaires de référence.

« Il ne s’agit plus d’être le plus grand, il s’agit d’être le plus créatif et le plus rapide »

L’IA rebat les cartes au sein du secteur de la communication et de l’information. Les grandes entreprises américaines détenant des moteurs de recherche et des réseaux pouvant collecter en grand nombre des données, disposent d’un réel avantage. Cependant, des petites structures ont la possibilité grâce à leur agilité de lancer de nouveaux modèles et de conquérir des parts de marché. « Il ne s’agit plus d’être le plus grand, il s’agit d’être le plus créatif et le plus rapide » a ainsi déclaré Arthur Mensch, le directeur général de Mistral. Cette société a été fondée au début de l’année 2023 et ne compte que 25 salariés. 

Pourtant, son modèle a été vite reconnu comme un des plus compétitifs au sein de ceux qui sont en open source. Ce modèle, contrairement à ceux qui sont fermés comme Chatgpt-4, est accessible et peut être modifié par n’importe qui. Grâce à sa rapide notoriété, le modèle de Mistral a permis à cette dernière de bénéficier d’un apport de capital de 490 millions d’euros de la part de fonds de capital-risque américains comme Andreessen Horowitz et General Catalyst. 

Eric Schmidt, l’ancien directeur général de Google a également pris une participation. L’entreprise est ainsi valorisée à plus à plus de 2 milliards de dollars. 

Mistral a réussi à concilier les compétences reconnues des ingénieurs français et le savoir-faire des grandes entreprises américaines de technologie. Trois des six fondateurs de Mistral, Arthur Mensch, Timothée Lacroix et Guillaume Lampe sont issus des grandes écoles d’ingénieurs françaises. Avant de créer en région parisienne leur entreprise, ils sont passés dans les laboratoires de recherche de Google et Meta. Ils sont considérés comme les meilleurs experts de l’IA générative. La force de leur modèle est sa petite taille. Il arrive à filtrer les données en recourant à un nombre de paramètres plus faible que les autres modèles, ce qui en limite le coût et ce qui permet une utilisation plus facile sur les ordinateurs.

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Les fondateurs de Mistral : Guillaume Lample, Arthur Mensch et Timothée Lacroix (Crédits : DR)

Les fonctions d’auto-apprentissage sont plus simples à gérer

Les fonctions d’auto-apprentissage sont plus simples à gérer par les clients. Mistral bénéficie du soutien du gouvernement français qui entend doter le pays d’entreprises spécialisées dans l’IA. Cédric O, ancien ministre en charge du numérique, est l’un des co-fondateurs de l’entreprise. Quand un projet de directive européenne sur l’IA, en 2023 visait à imposer aux entreprises de l’IA de divulguer leurs données, Cédric O a obtenu le soutien d’Emmanuel Macron pour s’opposer à ces dispositions. 

La société Mistral devra confirmer les espoirs qu’elles suscitent. Le secteur de l’IA étant encore mouvant, les clients potentiels demeurent, pour un certain nombre d’entre eux, attentistes. La réglementation pourrait imposer des contraintes à l’usage nécessitant de revoir le mode de fonctionnement des modèles. Les pouvoirs publics entendent, en Europe comme aux États-Unis, réguler ce secteur naissant afin d’éviter que les applications d’intelligence artificielle puissent faciliter le développement d’activités illégales (construction de bombes, ingérence dans la vie politique, etc.). 

Mistral, au-delà des incertitudes réglementaires, doit faire face à une concurrence de plus en plus importante. La société finlandaise, « Silo ai », a rendu public un modèle encore plus ouvert que celui de Mistral, fournissant des informations sur les données sur lesquelles il s’entraîne. Une nouvelle version, prévue dans quelques mois pourra travailler en ayant recours à la quasi-totalité des langues européennes. Par ailleurs, les entreprises américaines disposent d’atouts importants pour imposer leur modèle. Elles ont accès à un large marché de capitaux et peuvent compter sur la fidélité de leurs clients. La sortie de gpt5 par Openai, dans les prochains mois, sera un rendez-vous important pour l’IA.

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