L’intelligence artificielle, l’arme anti-bureaucratie ? 

L’intelligence artificielle, l’arme anti-bureaucratie ? 

La multiplication des normes, internes comme externes, à vérifier et à respecter par les entreprises, en particulier les grandes, freine les processus de production et peut générer d’importants retards pouvant affecter le chiffre d’affaires et les résultats. Les réglementations comptables, fiscales et environnementales ainsi que les règles de conformité diverses et variées peuvent donner lieu à des circuits d’une rare complexité pouvant bloquer la réception et la livraison de commandes ou le paiement de factures. Selon le cabinet PWC, les surcoûts générés par les process pourraient représenter jusqu’à 30 % du chiffre d’affaires annuel. 

Pour réduire les pesanteurs administratives propres à toute grande structure, les entreprises informatiques développent des logicielles reposant sur l’intelligence artificielle. Ces logiciels dits de « process mining » sont conçus pour accélérer les processus de décisions reposant sur une multitude d’acteurs. 

Ce domaine de la technologie de l’information connaît, depuis quelques années, une forte croissance. Il a généré plus d’un milliard de dollars de ventes annuelles en 2022 selon Gartner, un cabinet de conseil en informatique. Ce marché pourrait tripler de taille dans les prochaines années. 

Une entreprise allemande, Celonis, qui s’est spécialisée dans les logiciels de « process mining », a récemment levé un milliard de dollars pour une valorisation de 13 milliards de dollars. Cette société est la première grande start up allemande depuis la création de SAP il y a 50 ans.

Processus de décisions

Les informaticiens tentent depuis longtemps de modéliser et d’optimiser les processus de décisions au sein des entreprises. Les modèles abstraits reflétaient rarement la réalité complexe d’une entreprise où l’informel compte autant que le formel. Avec l’introduction de dispositifs numérisés de prises de décisions, les possibilités de modélisation se sont accrues. 

Avec l’intelligence artificielle, reposant sur le traitement permanent des données, le modèle peut s’adapter aux entreprises et dans le temps. 

©Wavestone

Des dispositifs d’alerte peuvent être en outre institués afin de souligner des dysfonctionnements. Des retards dans les paiements ou dans les livraisons sont détectables facilement. Les systèmes d’information sont désormais en capacité d’indiquer les causes de ces retards. Les logiciels mis en place s’inspirent des systèmes informatiques autoréparants développés à partir des années 1990. 

Désormais, les logiciels d’analyse des blocages concernent la gestion, le service commercial, le service après-vente et les process de décision des directions. Celonis qui est à la fois pionnier et leader sur ce marché émergent, est désormais concurrencée par une cinquantaine d’entreprises. La vérification du bon fonctionnement en temps réel des entreprises avec des batteries de capteurs, se diffuse au sein des pays occidentaux et émergents. 

La décarbonation des activités constitue, par sa complexité, un des champs d’action de ces logiciels. Ces derniers ont la possibilité de suivre la production et le traitement des déchets et d’indiquer les moyens d’en réduire la quantité ou d’améliorer leur retraitement. 

Au-delà du caractère « big brother » de ces outils, ils offrent de réels avantages en permettant de simplifier les process. Leur adoption par Siemens s’est traduite par une réduction de 25 % des interventions manuelles sur les processus de commandes.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel

    Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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