La crise économique enfantée par le coronavirus est sans précédent par sa nature, son caractère mondial et l’ampleur des moyens mis en œuvre pour la juguler. Aux États-Unis comme en Europe, les sommes en jeu se chiffrent en milliers de milliards d’euros et de dollars quand sont mis bout à bout les interventions des banques centrales et celles des administrations publiques locales, nationales ou supranationales. Ce volontarisme hors norme n’est-il dicté que par des considérations liées à la crise sanitaire ?
Effets dominos
En pleine période de déconfinement, les annonces catastrophiques sur l’état de tel ou tel secteur ou de telle ou telle entreprise se multiplient. À en croire certains spécialistes, l’aéronautique mettrait plus de trois ans avant de retrouver son niveau d’avant crise. Elle pourrait même ne jamais le retrouver. Pour les banques, il faudrait au minimum quatre ans. L’industrie de l’automobile serait sinistrée. Des plans de sauvetage sont montés à la hâte, en quelques jours.
Nul ne peut nier que la crise du Covid-19 a provoqué une réduction drastique de l’activité, de 30 à 50 % selon les pays. Quelques secteurs comme ceux du tourisme ou de la restauration sont à l’arrêt quasi-total. Les chiffres d’affaires seront plus faibles que les années précédentes. Compte tenu des restrictions imposées par les pouvoirs publics, la reprise ne peut être que progressive et ne permettra pas de compenser le manque à gagner des derniers mois. Pour autant, est-ce que les effets directement supportés sont incommensurables ?
Les Etats prennent la crise en charge
Le coût de la crise a été, en grande partie, transféré sur les États. Ainsi, en France, les 12,4 millions de salariés placés en chômage partiel ont vu leur rémunération prise en charge par les pouvoirs publics à hauteur de 79 milliards d’euros. Les allègements de charges et d’impôts, les aides directes aux entreprises ainsi que les prêts garantis atténuent l’ampleur du choc économique. L’État et la Sécurité sociale s’endettent pour empêcher la destruction de nombreuses entreprises. La crise du Covid-19, comme celles qui l’ont précédée, joue le rôle d’accélérateur, de catalyseur et de révélateur.
Des entreprises fragiles avant le mois de mars sont acculées à la faillite avec la disparition de leurs clients. Cependant, de nombreuses sociétés bénéficiaires des mesures de soutien décidées dans l’urgence par la puissance publique, étaient déjà en difficulté avant crise. Le secteur de l’automobile, celui des transports, ou encore de la presse, étaient confrontés à des problèmes structurels majeurs liés à la transition énergétique ou à la digitalisation. Les banques traditionnelles doivent, depuis plusieurs mois, faire face à la problématique des taux négatifs et à l’essor de concurrents en ligne.
Mutation économique
Toute crise donne lieu, par ailleurs, à des effets d’aubaine. Les cordons de la bourse se relâchant pour endiguer la spirale récessive, les investisseurs, les entrepreneurs ont tout intérêt à accélérer les restructurations, les mutations, les réorientations de leurs activités. En période exceptionnelle, ces transformations sont plus faciles à imposer et à conduire, les résistances sont moindres. Une entreprise a, en outre, intérêt à passer par la case « subventions publiques » de peur que ses concurrents ne le fassent avant elle.
Cette période de confinement et d’arrêt de l’activité voulue par les pouvoirs publics au nom de la santé publique, est due à l’origine à un phénomène d’hystérisation dans un contexte de surmédiatisation mondiale. Après la crise en temps réel de 2008, celle du Covid-19 est celle de toutes les émotions et de tous les fakes news, il serait peut-être temps de remettre un peu de sagesse et de raison.
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