Le handicap et les expatriés : le refuge est en Belgique

Le handicap et les expatriés : le refuge est en Belgique

Isabelle Resplendino, présidente de l’Association pour les Français en situation de handicap en Belgique, dresse le bilan pour nos compatriotes au plat pays, et de la politique d’Emmanuel Macron à leur égard. 

L’Association pour les Français en situation de handicap en Belgique (AFrESHEB) vise à “informer et défendre les intérêts” de nos concitoyens installés dans le Royaume et à la frontière.

La Belgique terre d’accueil 

Nous décomptons quelques 10 000 familles concernées par les problèmes de handicap en Belgique. En majorité, il s’agit de personnes présentant des pathologies lourdes telles qu’un autisme sévère, un polyhandicap ou encore de profondes déficiences intellectuelles. Les familles s’installent en Belgique pour sa politique dédiée aux personnes concernées. Effectivement, entre les établissements conventionnés pour les adultes et les infrastructures alliant soins et enseignement pour les enfants, la Belgique apparaît comme une terre d’accueil. 

Un problème structurel en France

D’après la présidente, le départ des familles pour la Belgique est également corrélé au problème structurel observé en France. Non seulement un manque de places dans les structures est à déplorer, mais aussi son approche pour traiter et gérer les déficiences. A contrario, aux yeux d’Isabelle Resplendino, les Belges privilégient une vision éducative grâce à leur pragmatisme. 

“En France, on a tendance à médicaliser le handicap et à plus voir la déficience de la personne que ses capacités.”

Isabelle Resplendino, présidente de l’Association pour les Français en situation de handicap en Belgique
Isabelle Resplendino, présidente de l’Association des Français en situation de handicap en Belgique

L’arrêt de la prise en charge en Belgique 

Le président Emmanuel Macron a fait du handicap l’une des grandes causes de son quinquennat. Seulement, face au fort taux d’exil des Français vers le pays voisin, son gouvernement a annoncé un moratoire visant à stopper l’exode. De cette manière, de nombreux citoyens ont été confrontés à un double problème : l’impossibilité de partir se faire prendre en charge à l’étranger et ne pas pouvoir le faire en France par manque de places et de moyens donnés par le gouvernement. 

Si l’inclusion a été un des objectifs de campagne d’Emmanuel Macron, et que plusieurs politiques ont été mises en place sous son mandat, un manque de moyens est à constater. De plus, Isabelle Resplendino estime que la politique inclusive du gouvernement ne correspond pas aux personnes présentant des handicaps lourds. Ainsi, partir de France devient une nécessité. 

“Avant nous étions dans le bricolage, on s’est retrouvé dans le saupoudrage.” 

Isabelle Resplendino

Les craintes vis-à-vis du prochain mandat présidentiel

L’Association pour les Français en situation de handicap en Belgique a envoyé un questionnaire aux candidats déclarés à la présidentielle, afin de connaître et relayer leur programme sur le handicap. S’ils sont peu nombreux à y avoir répondu, les adhérents du groupe craignent que les questions liées au handicap soient oubliées de la campagne. 

Le déploiement des aides scolaires avec la loi Cazebonne 

Isabelle Resplendino confie que la loi favorisant l’accès aux accompagnants scolaires, portée par la sénatrice Samantha Cazebonne, a considérablement amélioré le quotidien des enfants handicapés. Effectivement, avant l’adoption du texte, les élèves non-boursiers ne pouvaient prétendre à une prise en charge des AESH par l’État, contrairement à aujourd’hui. 

Cependant, des problèmes persistent. Les parents ont la responsabilité de trouver l’accompagnant scolaire et rédiger son contrat de travail. De plus, la présidente remarque un manque de sensibilisation auprès des lycées français. Lorsqu’elle réalise des interventions sur le terrain, elle constate que de nombreux enfants et professeurs méconnaissent la réalité des enfants handicapés. 

Par conséquent, elle aimerait que la France s’inspire davantage de la politique de son voisin belge et tende à faire collaborer le médico-social et l’éducation. De plus, elle milite pour la liberté des familles à se rendre en Belgique si elles le souhaitent. Enfin, la simplification des démarches administratives serait bienvenue.

Écoutez le podcast avec Isabelle Resplendino

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