Après la démission de Karl Nehammer, le président autrichien Alexander Van der Bellen a confié à Herbert Kickl, dirigeant du Parti de la liberté (FPÖ, Patriotes pour l’Europe), d’extrême droite, la responsabilité de diriger la formation d’un nouveau gouvernement.
Après l’échec des négociations de coalition et la démission surprise du chancelier Karl Nehammer au cours du week-end, Alexander Van der Bellen a annoncé ce lundi 6 janvier avoir « chargé » Herbert Kickl d’entamer des négociations de coalition avec le Parti populaire autrichien de centre droit (ÖVP, Parti populaire européen).
Une première pour l’extrême-droite autrichienne
Si ces négociations aboutissent, le FPÖ sera pour la première fois à la tête d’un gouvernement fédéral en Autriche.
Lors des élections de septembre 2024, le parti d’extrême droite a remporté le scrutin avec 29 % des voix, proclamant l’aube d’une « nouvelle ère » pour le pays. En effet, bien que le parti ait fait partie de plusieurs coalitions en tant que partenaire junior, il n’était jamais arrivé en tête d’une élection générale et n’a à ce jour jamais accédé à la chancellerie.
Cependant, le président Van der Bellen avait refusé de demander au FPÖ de former un gouvernement immédiatement après sa victoire aux élections législatives de septembre, mais la démission de Karl Nehammer (ÖVP, PPE) ce samedi 4 janvier l’a contraint à mettre de côté son opposition à Herbert Kickl et à son parti.
En effet, samedi soir, le chancelier Karl Nehammer a démissionné après l’échec de son parti de centre droit à trouver un accord avec le Parti social-démocrate (SPÖ, Socialistes et Démocrates européens) et le parti libéral NEOS (Renew). Les libéraux se sont retirés des négociations vendredi, ouvrant ainsi la voie à Herbert Kickl pour former un gouvernement.
« Le gouvernement doit être solide, il doit disposer d’une majorité fiable. Je peux avoir certains désirs quant à sa composition, mais je dois respecter le résultat du vote », a déclaré le président autrichien.
Une possible collaboration avec un autre parti ?
Dans le système multipartite autrichien, le FPÖ aurait besoin d’une majorité de 50 % + 1 pour gouverner, ce qui signifie qu’il doit former une coalition avec au moins un autre parti.
Pendant la campagne électorale, le chancelier sortant avait exclu une coalition avec le responsable politique d’extrême droite, mais n’avait pas complètement rejeté la possibilité de collaborer avec le FPÖ en tant que parti — à condition que son dirigeant soit exclu de tout partenariat potentiel.
Dans un changement de ton, Christian Stocker — leader intérimaire du Parti populaire autrichien après la démission de Karl Nehammer — s’est montré ouvert aux pourparlers, déclarant que, si le FPÖ l’invitait à négocier une coalition, l’ÖVP serait prêt à y participer.
Bien que les deux partis partagent des points de vue similaires sur l’asile et l’immigration, il subsiste des points de friction importants, notamment concernant leur position sur le soutien à l’Ukraine — le FPÖ s’opposant aux sanctions contre l’agresseur russe — et leurs points de vue sur l’Union européenne — le FPÖ étant bien plus eurosceptique que l’ÖVP.
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