L’épidémie de coronavirus pourrait entraîner des conséquences économiques comparables à celles de la crise de 2008, indique Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE). Son impact se ressent déjà dans plusieurs secteurs, comme le tourisme ou l’automobile.
La BCE compte prendre des mesures pour prévenir la crise, tout comme l’a fait son homologue américaine, la Réserve fédérale (Fed), de manière inattendue la semaine dernière. Les gouvernements européens réfléchissent aussi à des mesures de soutien à l’économie, pour minimiser le risque de récession évoqué par certains analystes.
Le cabinet de conseil Markit a abaissé de neuf dixièmes ses prévisions — désormais nulles — de croissance dans la zone euro pour 2020, après avoir souligné que l’Italie et l’Allemagne, déjà sur le fil du rasoir avant l’épidémie, « pouvaient faire plonger le reste de la zone euro avec eux dans la récession ».
Le gouvernement britannique a lui aussi revu ses prévisions de croissance à la baisse, en les faisant passer de 1,4 à 1,1 % pour 2020. Cette nouvelle estimation ne prend cependant pas en compte l’impact économique de l’épidémie.
Assouplissement des règles budgétaires
Cette semaine, la Commission a présenté ses mesures d’assouplissement des règles budgétaires et des aides d’État. L’exécutif européen a par ailleurs annoncé créer un fonds d’investissement qui pourrait atteindre jusqu’à 25 milliards d’euros.
Du côté allemand, la chancelière Angela Merkel s’est montrée disposée à rompre avec le principe du « zéro déficit », compte tenu de la solidité financière du pays et sur la base des conseils émis par les principaux instituts économiques d’Allemagne.
Programmes d’aide
Angela Merkel a annoncé accorder un crédit exceptionnel qui irait jusqu’à un milliard d’euros. Mais les groupes de réflexion les plus prestigieux du pays affirment que le gouvernement devrait prendre davantage de mesures et oublier les formules classiques de relance, qui s’avèrent inutiles pour résoudre des crises comme celle d’aujourd’hui.
L’Italie réfléchit également à de nouvelles mesures et à des stratégies économiques qui s’élèveraient à 25 milliards d’euros, afin d’aider les familles et les entreprises italiennes. Ces fonds viennent s’ajouter aux 7,5 milliards débloqués par le gouvernement le 5 mars, et Bruxelles a accepté que le pays creuse son déficit.
Le Royaume-Uni, de son côté, a prévu un plan de relance de 30 milliards de livres sterling (soit presque 35 milliards d’euros). Le Canada compte quant à lui injecter un milliard de dollars canadiens (quelque 650 millions d’euros) dans son économie — une somme qui pourrait encore augmenter.
Mesures des banques centrales
Par anticipation du ralentissement économique, la Banque d’Angleterre a baissé les taux d’intérêt d’un demi-point. Ils sont passés de 0,75 % à 0,25 %, un niveau historiquement bas pour le pays.
Jeudi 12 mars, la BCE a présenté ses mesures pour affronter la crise. Celles-ci incluent un rachat de la dette ainsi qu’un programme de prêts aux banques et favorisent les prêts aux PME — sans toutefois abaisser les taux d’intérêt. Christine Lagarde, sa présidente, a déjà averti que l’Europe risquait de connaître une crise économique semblable à celle de 2008 si les dirigeants des pays membres n’agissaient pas rapidement et de manière coordonnée.
Les compagnies aériennes en difficulté
Air Nostrum, une filiale de la compagnie aérienne espagnole Iberia, a déclaré que les annulations de vols causaient de « sérieuses difficultés ». Pour l’instant, c’est plus de 300 départs qui ont été annulés jusqu’à la fin du mois d’avril par le transporteur, qui dit se préparer à « de pires scénarios » et appelle par conséquent à la « compréhension » du personnel.
Le groupe Lufthansa a pour sa part annulé 23 000 vols jusqu’au 24 avril, et ce nombre risque de croître.
C’est aussi le cas de la compagnie porte-drapeau de la Russie, Aeroflot, dont les avions à destination de l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et la France resteront sur le tarmac. Les vols commerciaux en partance du Koweït seront également suspendus à partir de ce vendredi 13 mars.
Les hôtels dépeuplés
Plus près du sol, les hôtels ressentent fortement les effets négatifs de la crise. En effet, selon les derniers chiffres de l’Association des entreprises hôtelières de Madrid (AEHM), le taux d’occupation des hôtels de la capitale espagnole ne dépasse pas 15 % en moyenne, ce qui, à terme, pénalisera l’emploi dans le pays.
Sur la Costa del Sol, dans le sud de l’Espagne, le nombre de réservations a diminué de moitié par rapport à l’année dernière. Plus au nord, dans la communauté autonome de La Rioja, les représentants du secteur soutiennent que jusqu’à 75 % des réservations pourraient être prochainement annulées, notamment celles qui ont été effectuées pour Pâques.
Pour cette raison, la Confédération espagnole de l’hôtellerie et de l’hébergement touristique (CEHAT) a adopté des mesures fiscales, financières et de soutien à l’emploi.
L’automobile en danger
Seat envisage de mettre ses employés au chômage technique, si le manque d’approvisionnement en pièces détachées dû au coronavirus contraint l’entreprise à suspendre la production plusieurs jours durant et si les mesures de flexibilité prévues dans la convention collective se révèlent insuffisantes. L’usine barcelonaise du constructeur espagnol a d’ailleurs annoncé être à l’arrêt samedi 14 mars en raison du problème d’approvisionnement des matériaux.
Le groupe italo-américain Fiat Chrysler Automobiles (FCA) compte quant à lui fermer temporairement quatre usines en Italie.
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