L’Eurogroupe reste divisé après 16h de téléconférence

L’Eurogroupe reste divisé après 16h de téléconférence

Après une téléconférence de 16 heures qui s’est terminée mercredi matin (8 avril), les ministres des finances de la zone euro n’ont pas réussi à trouver un accord sur le paquet économique pour faire face à l’impact économique du coronavirus.

Les désaccords ont persisté après que les Pays-Bas ont continué à insister sur des conditions strictes pour les prêts à taux réduit accordés aux pays durement touchés comme l’Espagne et l’Italie dans le cadre du fonds de sauvetage de la zone euro, le mécanisme de stabilité européen (MSE).

Les ministres n’étaient pas non plus d’accord sur la question de savoir s’il fallait émettre des dettes communes, connues sous le nom de « coronabonds» , dans le cadre d’un plan de relance plus large visant à surmonter la grave récession que le coronavirus va provoquer.

« Après 16h de discussions, nous sommes parvenus à un accord mais nous n’en sommes pas encore là» , a déclaré le président de l’Eurogroupe, Mario Centeno, sur son compte Twitter. La téléconférence reprendra jeudi.

Avant le début de la réunion, les fonctionnaires nationaux et européens espéraient qu’un accord pourrait être conclu sur une série de prêts et de garanties pour protéger l’économie européenne des dommages causés par le coronavirus.

Le paquet comprend une injection de liquidités d’un montant total d’environ 500 milliards d’euros destinée aux gouvernements nationaux (via le mécanisme européen de stabilité), aux entreprises (via la Banque européenne d’investissement) et aux travailleurs (via le nouvel instrument SURE de la Commission européenne).

L’Eurogroupe doit également discuter du plan de relance qui devrait suivre ce paquet de liquidités, afin de relancer l’économie une fois que la pandémie aura reculé et que les pays auront levé les mesures de confinement.Mais les ministres n’ont pas réussi à faire une percée lors d’une longue téléconférence qui a débuté mardi à 16 heures. La discussion s’est interrompue à plusieurs reprises pour élaborer des propositions visant à combler ce qu’un fonctionnaire a qualifié de « grandes différences» .

Les Pays-Bas et l’Autriche isolés

Les deux pays réclament des conditions plus strictes pour les coronabonds. La Haye et Vienne insistent pour inclure une conditionnalité plus stricte attachée aux prêts pour les pays touchés par le coronavirus, durcissant la formule proposée par le fonds de sauvetage de la zone euro (ESM) et vue par EURACTIV.com.

L’Italie et l’Espagne ont rejeté les conditions strictes que les Pays-Bas voulaient imposer aux gouvernements cherchant à puiser dans le fonds de sauvetage de la zone euro, selon un diplomate national qui s’est entretenu avec Euractiv sous le couvert de l’anonymat. L’Autriche et la Finlande ont soutenu La Haye dans sa demande de conditions d’accès au MES, mais se sont montrés « moins bruyants» , a expliqué un autre diplomate.

L’Allemagne et la France ont fait un dernier effort mercredi matin pour tenter de trouver un compromis qui pourrait être présenté plus tard aux dirigeants européens, qui attendaient une décision de l’Eurogroupe. Ce compromis aurait laissé le chapitre de la conditionnalité de la MES ouvert afin de permettre aux dirigeants européens de poursuivre la discussion sur la formulation. Mais l’Espagne s’est opposée à cette alternative. Klaus Regling, le PDG du MES, avait déjà soutenu des propositions visant à réserver jusqu’à 240 milliards d’euros du fonds de sauvetage aux pays de la zone euro qui sollicitent un soutien, avec des règles de conditionnalité très légères et communes à tous. Mais La Haye a exigé un protocole d’accord spécifique à chaque pays, avec des réformes « favorisant la croissance»  que les gouvernements devraient mettre en œuvre une fois la pandémie sous contrôle.

Les dirigeants divisés sur les mesures de relance contre la pandémie

Jeudi 26 mars, les dirigeants européens avaient continué à ne pas être d’accord sur la réponse économique au coronavirus, les pays du Nord ayant rejeté l’idée d’émettre une dette commune, connue sous le nom d’« obligations corona» , proposée par neuf États membres pour financer la reprise. Les ministres des finances et les dirigeants de l’UE ne sont pas parvenus à un accord il y a deux semaines déjà sur une réponse européenne aux retombées économiques du COVID-19. Le virus devrait déclencher une récession plus grave qu’en 2009, année où l’économie de l’UE a chuté de -4,3 %.

Les États membres de l’UE l’ont reconnu. Les dirigeants de Berlin, Paris et Madrid s’accordent à dire que le coronavirus est le plus grand défi auquel l’Europe a été confrontée depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais ils restent en désaccord sur les mécanismes de solidarité européens pour faire face à la tempête.

Pour un groupe de neuf pays, dont l’Italie et l’Espagne, l’Europe devrait non seulement fournir des liquidités par le biais d’instruments tels que le mécanisme de sauvegarde d’urgence, mais aussi partager les coûts de la relance en émettant des dettes communes, ou « coronabonds» . La ministre espagnole de l’économie, Nadia Calviño, a déclaré aux journalistes avant la réunion que l’Eurogroupe devrait donner un « signal clair»  pour travailler « dès que possible»  sur une proposition d’émission de « dette commune»  qui, selon elle, sera nécessaire pour financer la reprise. Mais les « coronabonds»  restent un tabou pour une poignée de pays, dont l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche et la Finlande. Comme alternative pour financer la relance, la Commission travaille sur un cadre financier pluriannuel (CFP) actualisé qui sera présenté plus tard ce mois-ci

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