La saturation des urgences, les déserts médicaux, la multiplication des patients sans médecin référent, l’impossibilité d’obtenir des rendez-vous dans des délais raisonnables, ne sont pas spécifiques à la France. Tous les systèmes de santé occidentaux sont confrontés à ces problèmes. Le passage à une médecine de masse du fait du changement des comportements et du vieillissement de la population constitue une révolution à laquelle aucun pays n’a pour le moment réussi à apporter une réponse tangible.
La généralisation de la Sécurité sociale a facilité l’accès à la médecine. Le recours aux professionnels de santé est devenu un acte courant quand il était mesuré voici quarante ans. La diminution du reste à charge pour les ménages avec une aversion aux risques plus élevés les incite à multiplier les rendez-vous chez les praticiens.
La proportion croissante du nombre de personnes de plus de 65 ans qui représente déjà un cinquième de la population au sein de l’OCDE était prévisible mais n’a pas été accompagnée par une montée en puissance des infrastructures et du nombre de professionnels de santé. Le problème est général.
Encombrement des hôpitaux
Le National Health Service (NHS) britannique est confronté à une crise hivernale sans précédent, les temps d’attente pour être traité en urgence même en cas de crise cardiaque pouvant atteindre 90 minutes. Au Canada, les autorités ont demandé l’aide à la Croix-Rouge pour gérer l’afflux de patients dans les hôpitaux. En Suisse, les établissements de santé sont également confrontés à des problèmes de gestion des malades.
Tous les systèmes de santé doivent faire face à une augmentation du nombre de malades avec, à la clef, un nombre accru de décès. En France, ce dernier est passé de 529 000 en 1992 à 667 000 en 2022. Ce nombre n’était que de 613 000 en 2019. En trois ans, la mortalité s’est accrue de 10 % à 25 % selon les pays européens.
Dépenses de santé en forte progression
Les dépenses de santé sont en forte progression au sein de tous les États de l’OCDE. Elles dépassaient 9 % du PIB, en moyenne, contre 8 % avant la crise sanitaire. En France, les dépenses publiques de santé s’élevaient à 9,2 % du PIB en 2021. Déjà sous tension au niveau de la main d’œuvre depuis plusieurs années, l’épidémie de covid n’a fait qu’accroître le problème.
Plus de patients, moins de professionnels
Depuis des années, les pays occidentaux ont tenté de maîtriser les dépenses de santé en limitant le nombre de professionnels (numérus clausus), en réduisant le prix des médicaments (génériques) et en régulant les dépenses à l’hôpital. Comme d’autres secteurs d’activité, celui de la santé doit faire face à une recrudescence des démissions et à une autolimitation des horaires de travail. Plus de patients et moins de professionnels avec une productivité déclinante, le cocktail est explosif.
La résorption de la crise dans les systèmes de santé prendra du temps en raison notamment des délais de formation des médecins et des infirmières. Par ailleurs, dans les pays occidentaux, le secteur de la santé est en proie à des cloisonnements et à une lourdeur administrative difficiles à surmonter. L’épidémie de covid-19 a permis de bouger de nombreuses lignes notamment en impliquant davantage les pharmaciens (diagnostics, vaccinations). Les consultations à distance avec le recours à des appareils d’autodiagnostic (montres connectées par exemple) devraient se multiplier à l’avenir pour réduire l’engorgement des urgences et des cabinets des praticiens.
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