Les stations de ski de l’UE en difficulté face à la disparition de la neige naturelle

Les stations de ski de l’UE en difficulté face à la disparition de la neige naturelle

Des hivers plus doux et le manque de neige menacent la viabilité des stations de ski à travers l’Europe, et bien que certains pays tentent de leur venir en aide par le biais de subventions ou d’allègements fiscaux, de nombreuses stations de ski situées en basse altitude pourraient devoir fermer dans les prochaines années.

L’année 2023 a jusqu’à présent été marquée par des températures record en Europe. Les météorologues soulignent que les hivers européens deviennent de plus en plus doux, secs et avec moins de précipitations. Cela ne représente pas une bonne nouvelle pour les stations de ski, qui se voient de plus en plus affectées alors que leur fonctionnement dépend de la présence de neige ou des conditions météorologiques, quand il est possible de la fabriquer artificiellement.

En Italie, les exploitants de téléphériques ont perdu environ 40 % de leur chiffre d’affaires saisonnier au cours de la période de Noël en raison du manque de neige.

« L’industrie de la montagne est la première à être témoin des bouleversements qui s’opèrent. Il y a un enneigement plus aléatoire, des précipitations moins fréquentes mais plus intenses, la limite pluie-neige en hausse, et les glaciers qui fondent », a expliqué à EURACTIV un porte-parole de l’Association nationale des maires des stations de montagne françaises.

L’Europe compte environ 3 900 stations de ski. Parmi les pays de l’UE, la plupart se trouvent en Allemagne, en Italie, en France et en Autriche. [Shutterstock/Andrew Angelov]

Où se trouve la limite de la neige ?

Il existe environ 3 900 stations de ski en Europe. Parmi les pays de l’UE, la plupart se trouvent en Allemagne, en Italie, en France et en Autriche. Les plus menacées sont celles situées à des altitudes plus basses, car la ligne de neige, qui délimite la zone avec une couverture de neige permanente, se déplace d’environ 150 mètres vers le haut avec une augmentation d’un degré Celsius.

« Nous connaissons déjà des hivers plus chauds, qui continueront de se réchauffer après 2030. Cela entraînera une nouvelle détérioration des conditions de ski. Vers la fin du siècle, seules les stations de ski de haute altitude seront viables », indique l’Institut slovaque de politique environnementale dans son analyse.

Les données provenant de centaines de stations des pays alpins entre 1971 et 2019 indiquent que la couverture neigeuse diminue de 8,4 % chaque décennie entre novembre et mai.

En Autriche, le nombre de jours où la couverture neigeuse est complète a diminué de 40 jours en moyenne depuis 1961. Ce déclin est particulièrement important à des altitudes inférieures à 1 500 mètres.

Selon une étude menée par l’université d’Innsbruck, la période d’enneigement naturel diminuerait de 70 % d’ici l’an 2 100 à une altitude de 1 000 mètres si le réchauffement climatique venait à ne pas être limité à 2 degrés Celsius.

Catastrophe économique

Si les stations de ski ne peuvent pas compter sur l’enneigement naturel en hiver, la seule option est l’enneigement artificiel — « une bouée de sauvetage », comme le décrit l’Association finlandaise des domaines skiables, sans laquelle de nombreuses stations de ski ne pourraient pas survivre, même aujourd’hui.

« La qualité des systèmes d’enneigement artificiel jouera un rôle de plus en plus important. Cela nécessitera des investissements massifs dans les technologies de pointe et dans les bassins de rétention d’eau qui maintiennent l’eau dans le paysage », a déclaré Martin Koky de la station de ski tchèque Klínovec à EURACTIV.

L’enneigement artificiel technique est toutefois coûteux. Pour ne rien arranger à leur situation financière, les stations de ski doivent faire face aux prix élevés de l’énergie alors qu’elles se relèvent encore tout juste des fermetures provoquées par la pandémie de Covid-19.

Cette situation a entraîné une hausse des prix dans de nombreuses stations de ski.

Certains pays ont déjà adopté des mesures d’aide. En Italie, 200 millions d’euros sur quatre ans avaient déjà été prévus pour un fonds destiné à la modernisation, à la sécurité et à la mise hors service des remontées mécaniques et des installations d’enneigement.

L’association italienne des remontées mécaniques Federfuni demande toutefois une aide immédiate pour les prix de l’énergie, notamment sous forme d’allégements fiscaux. Une telle aide a été récemment adoptée en Slovaquie, qui a abaissé de 10 % la TVA pour les stations de ski.

Les stations de ski françaises, en revanche, déplorent que les programmes d’aide gouvernementaux les aient négligées, entraînant ainsi une « explosion des factures d’énergie. »

Outre la crise énergétique actuelle, des solutions à long terme sont nécessaires. M. Koky estime que certaines stations de ski devront peut-être se concentrer en partie sur la saison estivale.

« J’espère que nous pourrons ouvrir une discussion pragmatique sur la manière de transformer les régions de montagne dépendantes du tourisme en destinations ouvertes toute l’année », a-t-il déclaré. Il a également précisé que si sa station de ski, Klínovec, ne réalisait pas de bénéfices en été, elle ne serait pas en mesure de payer les factures en hiver.

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