Les règles pour immigrer dans les grandes démocraties ?

Les règles pour immigrer dans les grandes démocraties ?

Le débat sur l’immigration, en France, a toujours été empreint d’idéologie, de philosophie voire de bons sentiments. Pays des droits de l’homme, terre d’asile des opprimés, la France n’a jamais pu dépassionner le débat sur les flux migratoires. Aujourd’hui, le pays s’entredéchire sur une loi que certains décrivent comme une dérive inquiétante marquée par les valeurs de l’extrême droite. Pour les Français de l’étranger qui ont dû surmonter, en dehors de l’Union européenne, les filtres légaux à l’immigration dans leur pays de résidence, ce débat étonne. 

Surtout que l’hexagone est loin de compter le plus de personnes étrangères nées à l’étranger dans sa population. Dans les statistiques officielles de l’OCDE, le taux en France de citoyens nés en dehors du pays reste inférieur à la plupart des pays de l’organisation. Ainsi, en 2022, 12,8 % de la population française est née à l’étranger (hors étudiants). La France se place donc derrière l’Allemagne (16,8 %), l’Espagne (15,6 %), ou encore la Belgique 18,4 %, mais devant l’Italie (10,4 %).

On a donc décidé de faire un petit tour d’horizon des règles mises en place dans les autres grandes démocraties du monde.

Les pays scandinaves ont mis fin à leur politique d’accueil généreuse

Le Danemark est cité en exemple par les partis de droite et d’extrême droite en France. Le pays a la politique migratoire la plus dure de l’UE. Une fois arrivés sur le territoire, les biens des migrants sont confisqués, l’accès aux allocations restreint. Le marché du travail leur est aussi très fermé : il existe une liste de métiers autorisés pour les travailleurs étrangers. Conséquence : l’immigration s’est considérablement réduite, même si la pénurie de main-d’œuvre se fait cruellement ressentir. 

Début novembre, la Suède a durci à son tour sa législation migratoire. Il faut désormais gagner au moins 2 400 euros par mois pour prétendre à un permis de résidence, alors que la plupart des étrangers ont des métiers précaires, avec un salaire bas. Le parti d’extrême-droite SD (Démocrates de Suède) est le principal allié du Premier ministre Ulf Kristersson et il impose sa feuille de route.

En Finlande, les besoins d’un étranger en termes d’intégration sont évalués à son arrivée. Un programme individuel de trois ans est proposé, mais il est obligatoire pour toute personne au chômage, recevant une aide de l’État, ou pour les mineurs sans tuteur légal dans le pays. Le programme comprend des cours de finnois ou de suédois (objectif B1), l’acquisition de connaissances sociales et culturelles, et l’accès à la formation et à la vie professionnelle. La décision d’accorder une aide financière pour la durée du programme est du ressort de la municipalité.

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Des programmes d’intégration obligatoires

Aux Pays-bas, un programme d’intégration est désormais obligatoire. Il faut passer un test à l’arrivée dans le pays. Le résultat détermine l’orientation vers l’une des trois voies d’apprentissage. L’« itinéraire B1 » vise l’accès à un niveau satisfaisant de néerlandais en trois ans, tout en ayant la possibilité de travailler. La « voie éducative » est destinée à apprendre le néerlandais (niveau B1) aux jeunes étudiants étrangers. Enfin, les arrivants qui n’ont pas les compétences pour accéder aux modules précédents suivent l’« itinéraire de l’autonomie » et reçoivent des cours de langue d’un niveau inférieur (A1). Si les tests ne sont pas réussis, l’étranger a trois ans pour les repasser, sous peine d’amende. 

En Italie, il faut obtenir 30 crédits (une mesure qui permet de valider un cours) pour obtenir un certificat d’intégration. L’étranger se voit attribuer 16 crédits d’office, puis il doit suivre une formation civique de dix heures sous peine de perdre 15 crédits. Il a ensuite deux ans pour obtenir les 14 crédits manquants, en suivant des cours d’italien (niveau A2), de culture civique, une formation professionnelle, etc. Des crédits peuvent être perdus en cas de violations de la loi. Au bout de deux ans, si le nombre de crédits est égal ou supérieur à 30, la personne reçoit un certificat ; si plus de 40 crédits sont validés, elle peut bénéficier de prix spéciaux (activités culturelles, formations…) ; si le nombre de crédits est nul, l’étranger perd son permis de séjour. Enfin, entre 1 et 29 crédits, le contrat peut être prolongé d’un an, à charge pour l’étranger d’atteindre 30 crédits, sauf à perdre son permis de séjour. 

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Royaume-Uni : les conséquences du Brexit

L’immigration de citoyens des pays les plus pauvres de l’UE avait été l’un des grands thèmes de la campagne du référendum de 2016 sur l’appartenance au bloc. Il s’était soldé par la victoire de ceux qui souhaitaient redonner au Royaume-Uni le contrôle de ses frontières grâce au Brexit.

Désormais, pour immigrer au pays du Roi Charles III, il faudra en effet gagner au moins 25.600 livres par an (28.600 euros), soit moins que le salaire médian national, mais plus que beaucoup de salariés du secteur de la santé et du social ou de la restauration. 

Australie : fin de l’Eldorado

L’Australie a dévoilé lundi 11 décembre un plan de réduction du nombre de migrants arrivant dans le pays, dans l’espoir de ralentir une hausse de l’immigration postérieure à la pandémie et d’apaiser la colère suscitée par l’augmentation du coût de la vie.

Environ un demi-million de migrants temporaires sont entrés en Australie l’an dernier, soit une augmentation substantielle après des années de fermeture des frontières. Le gouvernement estime que ses réformes, ainsi que les tendances à court terme, permettront de diviser par deux ce nombre de migrants en 2024-2025. «Nous allons faire en sorte de reprendre le contrôle de ces chiffres», a déclaré la ministre de l’Intérieur, Clare O’Neil, en esquissant certaines parties d’une stratégie de 100 pages consultée par l’AFP.

Malgré des taux d’emploi quasi-record, les Australiens sont de plus en plus frustrés par la flambée des prix et du marché immobilier. Ainsi, dimanche, le gouvernement a annoncé qu’il imposerait une augmentation spectaculaire des frais pour les étrangers qui achètent des maisons et les laissent vides. Les prix des loyers dans certaines zones de Sydney et de Melbourne ont augmenté d’environ 25% l’an dernier.

Au Québec, des règles renforcées

Les réformes de 2022 en matière d’immigration au Québec visaient à renforcer la place de la langue française et à encourager l’installation des immigrants en région. Parmi les principales mesures annoncées, on retrouve l’obligation de maîtriser le français pour les immigrants économiques, des incitatifs pour les diplômés francophones, la priorisation de la régionalisation et une possible révision des seuils d’immigration permanente. 

Les travailleurs temporaires pourraient également être concernés par des changements à venir, bien que des discussions soient encore nécessaires avec les instances fédérales et le milieu des affaires.

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Aux USA, un long parcours

Pour de nombreux Français, les USA sont une destination de choix pour immigrer. Si le pays de l’Oncle Sam est réputé pour sa stabilité économique, ses opportunités d’affaires et son marché d’emploi florissant, y résider de manière permanente n’est pas toujours simple.

On l’a vu ces dernières semaines avec le combat du député des Français d’Amérique du Nord, Christophe Weissberg, pour rétablir une égalité de traitement sur le visa investisseur. Dans tous les cas, Le gouvernement américain demande des papiers, des justificatifs et d’autres documents importants. La nature et le nombre de ces documents varient selon le visa demandé. Et notons-le, aucun accompagnement n’est proposé comme aucune aide. 

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Au Japon, la porte verrouillée

Une des différences majeures entre le système d’immigration du Japon et celui des autres pays industrialisés est qu’il n’existe aucune limite légale au nombre de personnes pour lesquelles la résidence permanente peut être accordée ou de permis de travail qui peut être délivré. 

Pour obtenir un visa de travail au Japon, un employé potentiel doit obtenir un emploi auprès d’un parrain dans le pays qui lui fait une offre d’emploi. Le demandeur demande au Bureau régional d’immigration un certificat d’admissibilité. De plus, le demandeur ou le parrain doit fournir des pièces justificatives prouvant que l’immigrant a l’intention d’entrer dans le pays à des fins approuvées et avec une lettre de garantie.

Pour obtenir un visa professionnel, le demandeur doit également fournir un formulaire de calcul de points avec la demande. Le travailleur doit avoir un score minimum de 70 points pour être considéré comme un travailleur hautement qualifié. Il faut aussi avoir un « sponsor ». Celui-ci préparera également un certain nombre de documents pour la demande de visa, y compris des informations détaillées sur l’entreprise, un itinéraire au Japon et une lettre d’invitation. Ces documents sont soumis à l’ambassade ou au consulat local, qui décide de délivrer ou non un visa.

Brésil : avoir un emploi

Pour s’installer au Brésil, il faut obtenir un visa de travail. Il est bien souvent impératif de trouver un emploi depuis son pays de résidence. Attention, Il est pratiquement impossible d’obtenir au Brésil une autorisation de résidence et de travail au cours d’un séjour touristique. En arrivant dans le pays, il faudra vous présenter à la police fédérale muni de votre passeport avec visa de long séjour pour y faire votre demande de carte de résident. Aucune aide ou dispositif d’accompagnement ne sont prévus. 

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