Seconde tribune d’une série dédiée au 11 septembre – comment le souvenir de ces attentats a été perpétué aux quatre coins du monde ?On continue avec Laurent Dominati, Président de la Société éditrice « Lesfrancais.press », a été Ambassadeur de France, Député et Conseiller de Paris. Il a aussi été Rapporteur Spécial du Secrétariat Général de la Défense Nationale. Les trois autres tribunes sont de Catya Martin (Elue consulaire à Hong-Kong et éditrice du site Trait d’union), de Véronique Lederman (Candidate aux élections consulaires en Belgique et Directrice Générale du service social juif de Bruxelles) et d’Arnaud Lacheret directeur de la French Arabian Business School, département de l’Arabian GulfUniversity située au Bahreïn au cœur du Golfe Arabo-Persique.
Dans la semaine, nous étions là. Au World Trade Center, avec cette odeur de cendres et de mort. Au Pentagone, devant l’immeuble troué, au garde-à-vous. Nous étions la première délégation de Parlementaires étrangers à venir. Nous en étions étonnés, en fait, c’était normal.
La première délégation parlementaire étrangère
Pierre Lellouche avait dit qu’il fallait y aller tout de suite. Puisque l’Assemblée prenait son temps, qu’elle se concertait avec le gouvernement, il forma la délégation tout seul : des volontaires. Delphine Bürkli (aujourd’hui Maire du 9ème), qui travaillait avec lui, organisa le voyage. Il y avait Guy Teissier, Nicole Guedj, Olivier de Chazeaux, et quelques autres, -qu’ils me pardonnent de ne pas tous les citer-. L’Ambassadeur, Francois Bujon de l’Estang, nous accompagna partout : nous ne représentions pas le Gouvernement mais les Français. Des Représentants du Peuple, qui payaient leurs billets d’avion et leur hôtel pour saluer les Américains, leur dire qu’on se battrait avec eux, qu’ils étaient nos amis et nos frères.
Les Américains nous recevaient avec franchise et émotion. Le fait que ce voyage était une réaction spontanée de Parlementaires, et non les représentants d’un gouvernement, leur plaisait. Toutes les portes s’ouvraient. Paul Wolfowitz, Secrétaire adjoint à la Défense, dans son bureau au Pentagone, nous expliqua que la réponse viserait l’Afghanistan et l’Irak. J’étais étonné : que la conclusion vienne si vite, qu’il dévoile ses plans.
Le Premier chef d’Etat à Washington après les attentats
S’il y eut une poignée de parlementaires venus spontanément parler au nom du peuple français, il y eut bien mieux : Jacques Chirac était à Washington une semaine après les attentats. Le premier Chef d’Etat à marquer sa solidarité avec les Américains, c’était lui. C’est pourquoi il n’eut aucun mal à leur exprimer son opposition à la guerre en Irak. D’ailleurs, malgré les divergences, l’alliance entre le France et les Américains dans la guerre contre les réseaux terroristes a toujours bien fonctionné.
Un officiel américain me dira plus tard (peut-être pour me faire plaisir mais il n’était pas obligé) que la France restait le meilleur allié en ce qui concernait l’anti terrorisme. La coopération opérationnelle était parfaite. La réaction spontanée que nous avions eue correspond à celle des militaires : Quand on fait la guerre ensemble, on partage tout.
La coopération contre les réseaux terroristes
Les Américains et les Français se méprisent autant qu’ils s’aiment. Ce sont les deux seuls pays qui prétendent avoir un message universel, un message de liberté pour l’humanité tout entière. Chacun s’agace de la prétention de l’autre. Il n’empêche : nous croyons que les hommes sont libres. Ou qu’ils doivent l’être. Ce n’est pas le cas de tout le monde.
L’amitié entre les peuples est plus solide plus que les alliances entre les Etats. Les unes sont fondées sur un partage de valeurs, les autres sur une répartition d’intérêts. Tant que Français et Américains se voudront, malgré leurs faiblesses et leurs défauts, les hérauts de la liberté, ils se retrouveront, dans les moments graves, spontanément. Les crises sont des épreuves de vérité. Elles révèlent les hommes et les solidarités.
C’est pourquoi, en nous recevant au Pentagone ou à la Mairie de New York, les Américains parlaient action et coopération et ne s’épanchaient pas en remerciements. Ils trouvaient çà normal. La France est historiquement, leur premier allié, c’était donc normal qu’on vienne les premiers.
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