Les petites entreprises françaises au Royaume-Uni souffrent

Les petites entreprises françaises au Royaume-Uni souffrent

Au Royaume-Uni, l’inflation est galopante à 10,7%. Le pays vit une récession ainsi qu’une crise économique et des grèves à répétition. Que pensent les entrepreneurs expatriés ? Nous sommes allés à leur rencontre. 

Pour Hélène Berard, Avocate et Managing Director de la firme d’avocats Berard & Lovell Solicitors, les Français “investissent moins (pour moins de frais généraux, comme les bureaux, moins de nouvelles embauches pour certains postes moins essentiels, moins d’expansion…). Tous ont augmenté les prix de  leurs services/produits depuis le printemps/été 2022.” 

Chez La Page 

Pour Isabelle Lemarchand, directrice de la Librairie française La Page à South Kensington, “en tant que business, nous sommes effectivement affectés de deux façons par la vague d’inflation et la crise de l’augmentation du coût de la vie.« 

L’ impact direct de l’inflation sur l’augmentation des coûts

Les prix des produits qu’ils commercialisent augmentent chez leurs fournisseurs. Cela affecte particulièrement les produits de papeterie, les jeux, les accessoires. En plus de l’augmentation annuelle régulière, ils subissent de nombreuses et importantes augmentations pendant l’année, sans préavis.

Cela touche aussi les autres coûts variables et particulièrement le transport (à la fois au départ des fournisseurs et à destination des clients), auxquels il faut rajouter les autres frais fixes (électricité, réparation, chauffage).

Enfin, les frais de personnel sont aussi en augmentation comme nous l’indique la gérante de la libraire : « nous nous sommes engagés à protéger notre personnel des difficultés actuelles,  donc nous suivons les augmentations de salaires. »

L’ impact de l’inflation sur les clients

En plus des problèmes liés à la tenue d’une entreprise, les clients ont moins de revenus disponibles, donc se retiennent plus sur les dépenses de loisirs. Ainsi, à la librairie, comme ailleurs, les consommateurs sont mécontents et frustrés des augmentations éventuelles que les commerces doivent pratiquer, et les en tiennent pour partie responsables. Il en résulte que les clients cherchent d’autres moyens de se procurer des livres, dans le cas de la librairie, que nous avons interviewée.

« Bien sûr, nous essayons de faire face à ces défis en améliorant en permanence le service client, en organisant des événements … Mais l’effet cumulatif est que nous devons travailler de façon beaucoup plus complexe et difficile pour assurer notre survie.”

Isabelle Lemarchand, directrice de la Librairie française La Page

Chez Margaux Salon

Margaux Cras, directrice de Margaux Salon souffre aussi de l’impact de la crise au Royaume-Uni.

“Les commerces de la high street souffrent énormément. Les salons de coiffures ont une consommation en énergie très élevé. Nous ne pouvons pas pour autant doubler nos tarifs. Nous faisons du coup très attention avec la consommation de stock et chaque décisions financières sont longuement réfléchies. Nous avions augmenté nos prix de 8%  afin de pouvoir augmenter les salaires de tous nos employés de 8% aussi. Notre priorité est notre équipe et nous voulons être sure qu’ils puissent surmonter cette crise avec moins de difficultés.  Nos marges sont réduites mais nous passerons cette crise comme nous avons passe Brexit et la pandémie.”

Margaux Cras, gérante d’un salon de coiffure à Londres

Dans un restaurant à South Kensington

Arthur, chef et propriétaire de Quinta, est un autre entrepreneur dans le quartier français de la capitale du Royaume-Uni qui souffre de la crise actuelle.

“En effet, l’inflation nous affecte à tous les niveaux. Alors que l’augmentation du coût des matières premières nous a forcé à augmenter nos prix de vente, c’est avant tout les charges de personnel qui nous impactent. La concurrence est rude. En période post Covid, le Brexit nous prive de notre meilleure main d’œuvre. Nos employés, du barista aux directeurs, qui subissent également l’inflation et l’augmentation des taxes, ont besoin de stabilité financière, et cela au détriment de nos profits. Cela nous pousse à redoubler d’efficacité, à repenser chaque étape de notre chaîne de production. Il serait facile de réduire les coûts en opérant comme les grosses chaînes, en introduisant la commande à une borne ou en réduisant la qualité de nos produits. Nous souhaitons cependant faire face à la situation sans négliger ce qui nous définit : une nourriture de qualité, fraîche et savoureuse, accompagnée d’un sourire généreux.” 

Arthur, chef et propriétaire de Quinta

Toutes les entreprises

L’impact de la crise économique au Royaume-Uni touche sans doute de nombreux restaurants, entrepreneurs et banques françaises mais le Premier Ministre Britannique Rishi Sunak a promis de réduire de moitié l’inflation qui monte en flèche. 

Plusieurs expats se demandent s’il est temps de retourner dans l’Union Européenne ou d’avoir une proximité plus forte avec l’Europe comme le souhaite le Maire de Londres, Sadiq Khan, que les Français apprécient avec son slogan “London is Open.” 

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