Les opérateurs et les Etats vont pirater les IPTV

Les opérateurs et les Etats vont pirater les IPTV

Malgré l’illégalité, l’IPTV a toujours la côte. Plusieurs raisons à cela : géoblocage des chaînes nationales, calendrier de diffusion des oeuvres cinématographiques non adapté aux nouvelles formes de consommation, des dispositions qui pour évoluer demanderaient une coordination des législateurs dans les principaux pays fournisseurs de contenus. Un long chemin qui n’a pas été entamé, même si au niveau national, le débat pour donner plus de flexibilité est ouvert.

Jusqu’à présent, la seule solution, c’était de porter en justice les détenteurs de ces dispositifs, encore faut-il les identifier ? Et souvent, ce coûteux parcours judiciaire, malgré des condamnations, obtient sur le terrain des résultats peu convaincants. Alors plutôt que d’entamer des poursuites judiciaires, des associations avec les législateurs et des fournisseurs d’accès à internet ainsi que des éditeurs de contenus ont discuté de la possible attaque coordonnée vers ce genre de plateformes.

L’action judiciaire limitée par les capacités techniques

En 2016, la MPA – pour Motion Picture Association – avait ordonné le blocage du site 123movies.to, l’une des plus grosses plateformes de piratage actives au Royaume-Uni. Le mois suivant, une demi-douzaine de clones étaient nés. Chaque nouveau blocage par la justice entraîne systématiquement l’ouverture de multiples sites “miroirs” ou de copies, gérées par d’autres équipes. Et ce cas se reproduit à chaque condamnation.

Ainsi entre 2021 et 2022, près d’une dizaine de noms de domaines liés au site 123movies ont ainsi été bloqués au Royaume-Uni, avec toujours la même finalité : à chaque blocage, de nouveaux clones émergeaient. La MPA a donc décidé de changer sa méthodologie pour être plus efficace.

IPTV

Pirater les pirates

Au Royaume-Uni, le choix a été fait d’une nouvelle méthodologie permettant aux autorités de bloquer les nouveaux sites similaires à 123movies. En effet, ils seront désormais automatiquement ajoutés à une liste noire et bloqués dans les semaines qui suivent, sans qu’aucune enquête ne permette de définir le propriétaire du site ou sa connexion aux précédents sites. Ainsi, ces derniers mois, plus de 100 sites utilisant le terme 123movies ont été bannis au Royaume-Uni.

Tous les pays réfléchissent à développer des contre-mesures. En Europe, une proposition audacieuse a été faite : pirater les pirates. Pour rappel, l’IPTV permet de profiter d’un éventail de chaînes à très bas prix via un boîtier fonctionnant sous Android qu’on connecte à la télévision ou via une application directement installée sur une SmartTV. Le point faible du dispositif c’est donc le serveur qui héberge ces applications.

L’association des producteurs européens désire donc travailler avec les législateurs européens afin de définir un cadre juridique pour des attaques DDOS de ces serveurs dans le cadre d’une lutte contre le piratage, comme le rapporte Geeko.

En répétant ces attaques plusieurs fois, il serait possible dans une période de temps assez courte de pousser les abonnés à stopper leur abonnement en raison de la qualité médiocre du service. Les fournisseurs d’IPTV verraient alors leurs revenus baisser et seraient sûrement aussi assaillis de demandes de remboursement. Pour assurer la réussite d’une telle opération, elle devrait être menée sur l’ensemble du territoire européen simultanément.

Auteur/Autrice

  • Paul Herikso est franco-norvégien né à Paris d'une maman française et d'un papa norvégien. Après des études de tourisme, il retrouva sa famille paternelle en Norvège où il participa au développement des croisières. Il est aussi correspondant pour lesfrancais.press

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