Les oligopoles contre le libéralisme

Les oligopoles contre le libéralisme

Les marchés sont dominés par un nombre toujours plus restreint d’entreprises. Les secteurs de l’automobile, de l’informatique, des technologies de l’information et de la communication, de la pharmacie, de la grande distribution, etc. reposent sur des oligopoles qui bénéficient de rentes de situation. La multiplication des positions dominantes amène une répartition inégale des gains de productivité, une moindre progression des salaires, des prix plus élevés, un ralentissement de la diffusion des progrès technique et, par voie de conséquence, une croissance plus faible. 

Concentration et oligopoles

Les pères du libéralisme comme Adam Smith ont toujours mis en garde contre les méfaits des concentrations qui entraîneraient des bénéfices indus en empêchant de nouvelles entreprises d’entrer sur les marchés. De tout temps, les grandes firmes en position dominantes s’entendent entre-elles au niveau des prix et des salaires. Elles tendent à instituer de nombreuses barrières notamment en ayant recours aux brevets. Que ce soit aux États-Unis (dès 1890 avec la loi Sherman) ou au sein de l’Union européenne, des lois avaient été prises pour lutter contre la formation de situation de monopoles. Standard Oïl dans les années 1920 ou ATT et ITT dans les années 1970/1980 avaient dû passer sous les fourches caudines de lois antitrust américaines. 

Mais, depuis une trentaine d’années, le droit de la concurrence est mis en échec par les pratiques des grandes entreprises. L’échec de la procédure antitrust au tournant du siècle dernier contre Microsoft a été un révélateur d’un changement de rapport de force. 

Gouvernements schizophrènes

Les pouvoirs publics qui luttaient auparavant contre la constitution de monopoles sont devenus des complices des concentrations. Ils les acceptent au nom de la constitution de champions nationaux ou internationaux et au prétexte de la protection de l’emploi, du moins à court terme. Les responsables d’entreprises ont vendu l’idée que les rendements d’échelle procurés par la détention d’une large part de marché étaient la clef de la compétitivité et de la survie. Dans les faits, ce processus a surtout avantagé les actionnaires. Les positions dominantes se sont ainsi multipliées avec l’essor du secteur des technologies et de l’information. Les entreprises dominantes de ce secteur grâce à leur trésor de guerre freinent l’accès de concurrents en les rachetant. Elles peuvent également les éliminer en vendant à perte. 

Les gouvernements sont schizophrènes à leur égard en condamnant leurs pratiques – notamment fiscales – tout en se pliant en quatre pour les accueillir dans leur pays. La crise en cours pourrait encore favoriser la concentration économique, ce qui serait une grave erreur pour la vitalité du capitalisme et de l’économie de marchés. L’affadissement de la concurrence contribue à celle de la croissance. Il pénalise la demande et la créativité. 

Un code international de libre concurrence

Les pouvoirs publics devraient impérieusement lutter contre la constitution des oligopoles en s’opposant aux fusions-acquisitions et aux rachats qui ne visent qu’à limiter la concurrence. La question du démantèlement de certaines entreprises devrait être posée. Une remise en cause du droit des brevets, qui aujourd’hui avant tout utilisé pour empêcher des nouveaux entrants, ne serait pas non plus illogique.

Compte tenu du caractère mondial des marchés et des entreprises, cette réflexion devrait être menée, comme pour la lutte contre la fraude, au sein de cénacles internationaux tel l’OCDE qui pourraient instituer un code international de la libre concurrence avec des sanctions accrues pour contre les ententes. 

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