Les quatre grands pays de la zone euro, Allemagne, France, Italie et Espagne, sont confrontés à des problèmes structurels importants, mais ces derniers ne sont pas tous identiques. Face aux difficultés, les tensions politiques et sociales tendent à se multiplier. La coopération au sein de la zone euro se complique avec la montée du nationalisme.
Le problème de la productivité du travail
L’érosion de la productivité du travail concerne essentiellement la France et l’Espagne. Entre 2019 et 2023, elle s’est contractée de plus de 5 points en France et de plus de 3 points en Espagne. La baisse est plus faible en Allemagne. En Italie, la productivité est étale depuis 2010 mais n’enregistre pas de réel recul.
Le problème du taux d’emploi
Le taux d’emploi est élevé en Allemagne. Il est passé de 70 à 78 % de 2010 à 2023. Celui des trois autres pays est plus faible. Il s’élevait en 2023 à 68 % en France, 66 % en Espagne et à 63 % en Italie. En Espagne de 2010 à 2023, le taux d’emploi a progressé de 6 points tout comme en Italie. La hausse est de 3 points en France. Pour l’Allemagne, elle dépasse 8 points. La faiblesse du taux d’emploi entraîne celle du niveau de la production et celle des recettes fiscales. Les pays à forts déficits comme l’Italie et la France connaissent un faible taux d’emploi.
Le problème du système éducatif
Tous les grands pays de la zone euro sont confrontés à une baisse du niveau scolaire et se situent dans le bas du classement PISA établi par l’OCDE. Le faible niveau de qualification des jeunes se ressent sur leur employabilité en Espagne et en Italie.
En France, ce problème est également perceptible. Le taux d’emploi des 20/24 ans est de 70 % en Allemagne, 58 % en France, 42 % en Espagne et de 38 % en Italie.
Le problème des finances publiques
La France et l’Italie sont confrontées à des déficits publics élevés de nature structurelle. Ils dépassent 5 % du PIB. En 2023, le déficit était de 3,8 % du PIB en Espagne et de 2,2 % du PIB en Allemagne. La dette publique s’élevait, de son côté, à 140 % du PIB en Italie, à 110 % en France, à 108 % en Espagne et à 62 % en Allemagne.
Compte tenu de la faiblesse de la croissance en France et en Italie, la stabilité du taux d’endettement public implique la disparition du déficit public primaire (hors intérêts sur la dette publique). Cette disparition suppose l’engagement d’une politique budgétaire durablement restrictive, ce qu’aucun des gouvernements de part et d’autre des Alpes n’entend faire.
Le problème du modèle de croissance
La remise en cause de la mondialisation et de la production carbonée pénalise l’Allemagne qui a un modèle de croissance mercantiliste, fondée sur les exportations de biens. Le ralentissement du commerce international avec la multiplication des mesures protectionnistes, le coût croissant de l’énergie et la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre mettent en difficulté l’industrie allemande. Depuis 2021, les exportations allemandes ont diminué de 10 %. Pour les trois autres pays, la baisse est plus mesurée. Or, les exportations de biens représentaient près de 40 % du PIB pour l’Allemagne en 2022, contre 27 % pour l’Italie, 24 % pour l’Espagne et 22 % pour la France.
Tous les grands pays de la zone euro sont amenés à engager d’importantes réformes de structures afin de rehausser leur croissance potentielle. Un effort en matière de recherche et de formation doit être consenti afin de retrouver des gains de productivité, que ce soit en Allemagne, en France ou en Espagne. La France et l’Italie se doivent de réduire fortement leur déficit public en réalisant un programme ambitieux d’économies budgétaires. La France, l’Espagne et l’Italie peuvent jouer sur le levier du taux d’emploi pour accroître leur croissance. Enfin, l’Allemagne est dans l’obligation de revoir son modèle de dépendance vis-à-vis des exportations de biens et aux énergies carbonées.
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