S’il n’y a eu aucun ordre d’évacuation, celle-ci n’aura lieu que si l’aéroport de Beyrouth est fermé pour une longue durée, des Français, avec le soutien de l’ambassade, ont décidé de quitter le pays via les vols commerciaux encore actifs.
Rester ou partir ?
La communauté française est divisée, entre envie de rester au Liban, ou bien quitter le pays face à l’intensité grandissante des bombardements israéliens. « Là, c’est là où ils ont bombardé cette nuit, ça continue de fumer, brûler, de s’écrouler« , pointe Michèle depuis son balcon sur une chaîne d’actualités en continu, une Franco-libanaise qui vit dans la banlieue sud de la capitale, la plus touchée par les raids de l’État hébreu. La proximité des bombardements et le risque d’un embrasement de la région ne laissent pourtant plus trop de place au doute.
Mais de nombreuses compagnies internationales ont suspendu temporairement leurs liaisons avec le Liban, seules certaines compagnies locales continuent d’opérer. Mais les places sont rares, et les prix ont explosé en l’espace de quelques jours.
Pourtant, ce jeudi 3 octobre aux aurores, via un vol de la compagnie Middle East Airlines sur lequel des places ont été réservées par l’ambassade de France au Liban, une cinquantaine de ressortissants français « vulnérables » ont quitté Beyrouth et ont atterri à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle, alors qu’Israël poursuit son offensive sur le pays au Cèdre.
Au total, ce sont 200 places qui ont été réservées par l’ambassade pour rapatrier les personnes fragiles, âgées, malades et devant être soignées. Sont également concernés les femmes enceintes et les enfants en bas âge.
L’armée française prête à lancer une évacuation
Face à l’aggravation de la crise au Proche-Orient, l’armée française a ajusté son dispositif. Pour être en mesure de rejoindre dans un délai réduit les côtes libanaises, le PHA va être « prépositionné » au large du Liban et de Chypre. Le bâtiment, qui dispose de capacités hospitalières réduites, n’est pas configuré pour l’instant pour assurer un appui sanitaire.
Il est en mesure d’accueillir plusieurs centaines de personnes à son bord. Il peut aussi embarquer des hélicoptères indispensables pour des allers-retours vers la terre, si les ports n’étaient plus accessibles. Une frégate légère se trouve par ailleurs déjà dans la région. La marine maintient en permanence cette présence pour fournir des « éléments d’appréciation souverains » sur la guerre en cours.
Si la marine est l’élément le plus visible des préparatifs français, la France a pris d’autres précautions. Des capacités aériennes, comme des A400M, ont aussi été placées en alerte réduite pour décoller depuis la France en cas d’urgence. Les bases françaises situées en Jordanie ou à Djibouti ne sont pas mobilisées. « L’essentiel d’une manœuvre d’évacuation se passerait par voie maritime », assure une troisième source militaire. La marine dispose aussi d’une frégate déployée en mer Rouge dans le cadre de l’opération Aspides de sécurisation du trafic maritime.
En 2006, lors de la précédente guerre entre Israël et le Liban, l’opération d’évacuation Baliste avait utilisé Chypre comme base arrière. Les Français étaient évacués par voie aérienne ou par bateau jusqu’à l’île avant d’être rapatriés vers la métropole. Durant l’été, 8 000 personnes de 61 nationalités avaient été évacuées, dont une majorité de Français. Le BPC Mistral avait été mobilisé ainsi que plusieurs autres bâtiments : des transports de chaland de débarquement, deux frégates de lutte antiaérienne, deux frégates de lutte anti-sous-marine et deux frégates furtives. L’opération s’était poursuivie avec des moyens plus légers jusqu’en 2008.
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