Les étudiants ukrainiens ou russes en France, « dommage collatéral » du conflit

Les étudiants ukrainiens ou russes en France, « dommage collatéral » du conflit

Incertitudes sur leur avenir, situation financière tendue, titres de séjour compliqués à renouveler… Face au conflit en Ukraine, des étudiants ukrainiens ou russes en France, inquiets, tentent de s’organiser.

« Nous sommes un peu un dommage collatéral » de la situation, estime Ekaterina, étudiante russe en licence de géographie et aménagement à Aix-en-Provence.

« En ce moment, nous sommes coupés des ressources envoyées par nos familles », regrette cette jeune femme, cofondatrice du compte Twitter SOS Étudiants russes, qui leur permet de parler de leurs difficultés, notamment leurs comptes bancaires bloqués. « Nous ne pouvons plus retirer d’argent dans les distributeurs, payer avec nos cartes bancaires russes, payer nos logements… »

Au début de la guerre, Ekaterina a renfloué son compte français et dit avoir « à peu près l’argent pour financer un mois-un mois et demi maximum ». Mais après elle « ne pourra plus payer » son logement. Elle attend une aide du Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) de 200 euros sous forme de bon d’achat.

Le renouvellement de son titre de séjour est aussi en question car « il faut avoir toujours la somme pour financer l’année suivante », explique-t-elle. Sur ce sujet, des étudiants russes en France ont fait une pétition pour demander un assouplissement exceptionnel de la procédure.

Tillé, le mercredi 2 mars. Un centre d’accueil a été aménagé pour accueillir les réfugiés. Ils peuvent obtenir des informations pour leur titre de séjour, des tickets pour se rendre à Paris mais aussi les disponibilités en termes d’accueil d’urgence ou de logements disponibles.

Alexandra, en master d’études slaves à l’université de la Sorbonne, dépeint une situation « vraiment difficile ».

« Actuellement, les banques françaises n’ouvrent pas de comptes pour les Russes. C’est un problème », pointe celle qui se dit chanceuse d’avoir un compte français, d’être boursière et d’avoir un logement étudiant.

Elle se félicite de « ne pas avoir eu à faire face à de la discrimination » parce qu’elle est russe. « Mais quand les Français me demandent d’où je viens, il y a toujours un blanc… », ajoute cette étudiante de 21 ans, qui voudrait rester encore au moins un an en France mais s’inquiète pour son titre de séjour.

« Trop difficile psychologiquement »

« Pour les étudiants déjà en France et dont le visa arrive à expiration, les instructions officielles ne sont pas encore parues, mais ils sont invités à aller en préfecture demander l’examen de leur situation », affirme Campus France.

Selon cet organisme qui promeut le système d’enseignement supérieur français à l’étranger, 1 637 étudiants ukrainiens et 5 146 russes sont actuellement en France.

Assuré par les universités et les Crous, le soutien pourrait devenir difficile si leur nombre augmente de façon exponentielle, comme anticipé. De nombreuses universités ont déjà mis en place des dispositifs d’aide, comme à Bordeaux, Nantes, Angers ou Lyon.

À Paris-Saclay, au sud de Paris, l’aide sociale d’urgence est aussi mobilisée pour les Ukrainiens et Russes présents sur le campus.

Parmi eux, Oleksandra, 19 ans, a quitté l’Ukraine juste avant le conflit pour un stage de deux mois. « Je suis partie sans me douter du tout qu’il y aurait la guerre, sans emporter beaucoup de vêtements », témoigne-t-elle.

« Émotionnellement, c’est très difficile », reconnaît cette étudiante, inquiète pour sa famille. « Mais je suis contente d’avoir la possibilité d’étudier et de penser à autre chose ».

Son maître de stage lui a déjà proposé de rester plus longtemps, et elle se demande maintenant « comment elle va continuer ses études ».

Tout comme les universités, le réseau des Crous mobilise ses dispositifs d’urgence (aides, repas à un euro pour les non-boursiers en situation de précarité…).

Il loge actuellement plus de 200 étudiants ukrainiens dans ses résidences, dont Nataliia Kyselova, 25 ans, boursière et étudiante en cinéma et arts visuels à Lyon, en France depuis 2020.

« Quand le conflit a éclaté, c’était très inattendu pour moi, j’ai été mal, à tel point que j’ai dû être hospitalisée plusieurs jours car c’était trop difficile psychologiquement », confesse-t-elle.

« Là je vais mieux, j’accepte la réalité. J’essaie d’être la plus forte possible pour aider comme je le peux », raconte cette étudiante, sans nouvelles de sa grand-mère à Marioupol. « C’est dur, mais je ne perds pas espoir ».

Elle postule à une aide financière proposée par le Crous et a un titre de séjour jusqu’en janvier 2023. « Mais je cherche à le prolonger car je souhaiterais entrer en doctorat, et ce n’est pas simple du tout », soupire-t-elle.

Un article de notre partenaire Euractiv

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