Au sein des États de l’OCDE, certaines écoles d’enseignement secondaire privées jouissent d’un statut à part. Eton College au Royaume-Uni, fondée en 1440, peut se vanter d’avoir formé plus d’un tiers des 57 Premiers ministres britanniques au cours de ses 583 années. En France, de nombreux chefs d’entreprises, ministres, députés ou sénateurs sont issus du collège Stanislas ou de l’École alsacienne.
La proportion d’élèves scolarisés dans des établissements privés diminue
En France, au Royaume-Uni ou aux États-Unis, des parents choisissent des écoles privées dans l’espoir que leurs enfants bénéficieront d’une meilleure formation et d’une plus grande attention. Pour autant, au sein de l’OCDE, la proportion d’élèves scolarisés dans des établissements privés diminue. Elle est passée d’environ 8 % en 2000 à quelque 5 % en 2018. Au Royaume-Uni, ce taux était, en 2021, de 6,5 %. Il était de 9 % aux États-Unis. Dans ce pays, une grande partie des écoles privées bénéficient d’aides publiques. Seuls 2 % des élèves sont scolarisés dans des établissements réellement indépendants.
La France est en la matière assez proche du système américain. 17 % des élèves sont scolarisés dans le privé dont 97 % le sont dans des établissements sous contrat avec à la clef une prise en charge importante de la part de l’État des dépenses d’enseignement (75 %). Cette spécificité explique sans nul doute le rôle important du secteur privé en France.
Dans les autres pays, l’augmentation des frais de scolarité explique, ces dernières années, le recul des écoles privées. Si dans certains pays, le recours au privé est moindre que dans le passé, il est, en revanche, de plus en plus l’apanage des classes aisées. Au Royaume-Uni, les coûts des écoles privées sont parmi les plus élevés au monde. La scolarisation d’un enfant peut atteindre 20 000 euros par an, soit trois fois plus que dans les années 1980. Ce montant correspond à 50 % du revenu médian des ménages en Grande-Bretagne, contre 20 % il y a quarante ans. Les frais aux États-Unis sont moindres, même s’ils ont augmenté de 60 % dans les années 2000. Les écoles les plus prestigieuses demandent des contributions dépassant 28 000 dollars par an pour un élève. En France, la moyenne des frais se situe entre 1 000 et 1 500 euros. Le collège Stanislas demande entre 3 000 et 3 600 euros annuels.
Critiquées pour leur manque de mixité sociale et pour la perpétuation des élites
Les écoles privées sont critiquées pour leur manque de mixité sociale au sein des élèves et pour leur perpétuation des élites qu’elle génère. À la rentrée 2021 en France, 40 % des élèves scolarisés dans un collège privé sous contrat étaient issus d’un milieu social très favorisé, contre à peine 20 % dans le public. Inversement, 18 % des collégiens du secteur privé sous contrat faisaient partie de classes sociales défavorisées, contre 42 % des élèves du secteur public.
Au sein de l’OCDE, les résultats des écoles privées sont partout supérieurs à ceux du public. Leurs élèves réussissent mieux et intègrent plus fréquemment que dans le public les plus grandes universités ou les plus grandes écoles. Est-ce en raison de la sélection à l’entrée ou de la qualité de la formation délivrée, à moins que cela ne soit la combinaison des deux ? Selon une étude de 2015 menée au Royaume-Uni, à l’âge de 25 ans, les élèves britanniques ayant suivi un enseignement privé gagnent 17 % de plus que ceux ayant suivi des études secondaires dans le public. L’avantage salarial s’accroît avec l’âge. À 42 ans, il est supérieur de 21 % pour les femmes et de 35 % pour les hommes.
Postes à responsabilités à forte rémunération et réseaux
Les élèves du privé occupent des postes à responsabilités dans des secteurs à forte rémunération comme la finance ou les nouvelles technologies. Les écoles privées disposent de réseaux d’anciens élèves qui facilitent l’accès à des postes rémunérateurs. Il n’en demeure pas moins que les origines sociales des élèves expliquent la réussite professionnelle des élèves du privé. Une étude britannique confirme par ailleurs que la qualité des formations reçues avec notamment une plus grande diversité des matières proposées majore les résultats des élèves du privé par rapport à ceux du public, à revenu égal des parents.
Un accès facilité aux établissements d’enseignement supérieur
Les élèves du privé bénéficient grâce à leurs meilleures notes d’un accès facilité aux établissements d’enseignement supérieur. En 2021, plus de la moitié des élèves de l’enseignement privé ont intégré une des vingt-quatre meilleures universités du Royaume-Uni. 6 % des élèves du privé qui ont commencé un diplôme en Grande-Bretagne ont obtenu des places dans les universités d’Oxford ou de Cambridge, contre 2 % pour ceux des écoles publiques.
Dans le privé, les élèves sont plus susceptibles que dans le public d’accéder aux disciplines électives facilitant leur réussite dans les universités très sélectives.
Les élèves du privé bénéficient également d’un appui plus important pour préparer les entretiens et les tests d’admission. Aux États-Unis, les écoles privées placent facilement leurs élèves au sein des grands établissements d’enseignement supérieur. En 2021, selon une étude de Education Reform Now, un groupe de réflexion à Washington, 34 % des étudiants de premier cycle dans les grandes universités étaient précédemment scolarisés dans des écoles secondaires privées sachant que le privé ne forme que 9 % des lycéens américains.
Les écoles indépendantes obtiennent encore de meilleurs résultats. Un tiers des nouveaux étudiants de premier cycle à Dartmouth et plus d’un quart à Princeton sont issus de ces écoles. En France, de nombreux établissements privés du secondaire occupent la tête des classements. Leurs élèves sont surreprésentés au sein des grandes écoles et dans les différentes filières d’excellence. Avant d’intégrer ces dernières, ils peuvent intégrer une classe préparatoire publique de renom comme Henri IV, Louis le Grand ou Saint Louis à Paris.
Plus ouvertes sur l’étranger
Que ce soit aux États-Unis, en France ou au Royaume-Uni, les écoles privées sont plus ouvertes sur l’étranger. En plus grand nombre que dans le public, leurs élèves poursuivent leurs études dans un autre pays en intégrant bien souvent un établissement prestigieux. Ce phénomène s’explique par les carrières des parents qui sont amenés à changer plus fréquemment que ceux scolarisant leurs enfants dans le public.
Au Royaume-Uni, l’accès aux écoles privées fait l’objet d’un débat. Le Parti travailliste, qui pourrait remporter les prochaines élections législatives souhaite abolir le statut d’organisme de bienfaisance des écoles privées et supprimer les avantages fiscaux dont elles bénéficient. Aux États-Unis, l’administration entend réduire les pratiques implicites de ségrégation qui existent au sein des écoles privées.
En France, la question des classes préparatoires est régulièrement posée car elles sont jugées élitistes. Leurs difficultés de recrutement a amené le gouvernement à lancer une réflexion sur leur évolution. Depuis des années, la tentation est de vouloir les intégrer au système universitaire. Cela ne concerne pas spécifiquement les écoles privées. Au sein des partis de gauche, certains estiment néanmoins que les avantages dont bénéficient ces dernières sont exorbitants du droit commun et demandent un moindre subventionnement par l’État. Néanmoins, ce sujet est, depuis les grandes manifestations de 1984 en France, glissant voire tabou.
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