Le vote de confiance, provoqué par François Bayrou ce 08 septembre, a donc débouché sur une nouvelle impasse pour la France. Sans gouvernement et surtout sans consensus sur les maux et les réponses à apporter, comment notre pays va pouvoir tenir son rang et surtout assurer le niveau de vie promis à nos compatriotes. Car si les Français de l’étranger sont lucides sur l’état de la France, c’est loin d’être le cas pour nos amis et nos familles restés aux pays. Après un si grand échec, quel avenir pour la France ? Les députés des Français de l’étranger n’ont pas de réponses mais, ce lundi, ils ont fait preuve de solidarité en votant leur confiance à François Bayrou, à l’exception du seul député issu de la gauche parmi les 11 parlementaires des expatriés, Karim ben Cheikh.
Un Premier ministre incompris ?
Nos parlementaires, contactés ce lundi soir, ne sont pas surpris par le résultat, mais ils s’inquiètent des conséquences et aussi pour la gouvernance de la France. Budget, guerres, crise du financement, les sujets de premier ordre sont pourtant en attente d’une réponse rapide et adapté.
Une position que partage Frédéric Petit, député MoDem de la 7eme circonscription des Français établis hors de France « n’est pas surpris pas le résultat » En revanche pour le parlementaire « la manière a été lamentable ». Joint par la rédaction, il pensait « qu’une convergence sur la responsabilité du moment aller émerger, or ça a été du bas à sable » pendant les discours constate-t-il. Et il ajoute « le problème n’a pas changé, il est toujours là et ce que j’ai entendu cet après-midi est inquiétant ». Pour sortir de l’impasse, plutôt que de nommer un Premier Ministre, « l’idée d’un préfigurateur comme cela se fait en Allemagne pourrait être une solution pour négocier et trouver un accord préalable. »
Parmi les fidèles, on notera l’activisme de la députée des Français d’Amérique du Sud, Eléonore Caroit (que nous recevrons mercredi 10 septembre dans un podcast) qui ce lundi va de plateau en plateau pour défendre le projet présidentiel.
Pour la députée Renaissance Éléonore Caroit, le prochain Premier ministre devra trouver des compromis avec le PS mais l’effort de 44 milliards d’euros dans le prochain budget doit rester la ligne.#DirectAN pic.twitter.com/dwbRtWo02J
— Romain Brunet (@romain2dc) September 8, 2025
D’autres, comme le député des Français du Bénélux, se contentent de faire le bilan et constatent avec amertume qu’une séquence d’instabilité s’ouvre pour notre pays.
La chute du Gouvernement @bayrou ne résout rien à la situation du pays. Pire elle fait perdre du temps à la France.
— Pieyre-Alexandre Anglade (@PA_Anglade) September 8, 2025
L’urgence est de remettre les partis de Gouvernement autour de la table afin de bâtir les conditions d’un large compromis qui donnera un budget à la France ! pic.twitter.com/rZqM7k7XQI
Une analyse que la droite républicaine, menée par Laurent Wauquiez, partage, comme nous le rappelle, le sénateur Ronan Le Gleut.
« A n’en pas douter certaines mesures du plan d’économie proposé par François Bayrou manquaient de pertinence. Néanmoins notre dette continuera demain d’augmenter dans des proportions insoutenables pour l’avenir de notre pays. »
Le sénateur des Français de l’étranger, Ronan Le Gleut (LR).
Ronan Le Gleut, aussi, président de la fédération des Français de l’étranger nous précise, que pour son parti « le prochain gouvernement, les choses sont claires, si la gauche est à Matignon, la droite sera dans l’opposition. » Se projetant, il indique qu’« il faudra, comme dans d’autres démocraties voisines, que nous bâtissions un contrat de coalition, ce qui implique un programme de travail préalable au choix des personnes. »
L’échiquier politique renversé ?
Mais bien sûr, même chez les Français de l’étranger, il y a de nombreuses personnalités qui, sans se réjouir, sont satisfaits de tourner la page de ce gouvernement. Certains veulent même aller plus loin en poussant Emmanuel Macron à la démission.
Ainsi du côté du RN, il est temps de solder les 40 dernières années de politique laxiste. Comme, Jean-Lin Lacapelle, délégué national aux Français de l’étranger du Rassemblement national nous le rappelle.
« Ce vote de confiance (ou plutôt de défiance) met en évidence la responsabilité de tous les gouvernements de droite comme de gauche des cinq dernières décennies (…) ils sont tous responsables de la situation financière, de la situation économique et de la situation budgétaire »
Jean-Lin Lacapelle, délégué national aux Français de l’étranger du Rassemblement national
Pour le cadre du RN, après le vote de cet après-midi, Emmanuel Macron a « décidé de rester dans l’aveuglement et dans le mépris des Français ». Dans ce contexte, l’ancien député européen joint par la rédaction, lance aussi « un appel à (nos) compatriotes de la 5e circonscription (ndlr : Espagne, Portugal, Andorre, Monaco) qui vont voter le 28 septembre pour le 1er tour d’une élection législative partielle : votez pour Johana Maurel » qui, selon lui, « saura défendre tous les Français établis hors de France. »
A gauche, on est aussi satisfait du résultat, même si on regrette le temps perdu et les conséquences pour notre pays à l’international. Une réflexion que la sénatrice Hélène Conway-Mouret, sénatrice des Français établis hors de France et membre du Parti socialiste, partage avec nous.
« Huit mois d’un gouvernement passif qui s’étonne de chuter sans obtenir le soutien des oppositions à un projet politique injuste et à contre-courant des volontés des Français. Tant de temps perdu. Et pendant ce temps, le monde nous regarde… »
Hélène Conway-Mouret, sénatrice des Français établis hors de France
Enfin, le seul député, non-macroniste, des Français de l’étranger, Karim ben Cheikh, a partagé avec nous sa réaction en exclusivité
« La chute de Bayrou était inévitable et nous l’avions annoncée. Elle sanctionne aussi l’injustice criante de la politique budgétaire envers les Français de l’étranger. Les coupes programmées dans les services consulaires, la réduction des bourses scolaires et des aides sociales pour nos compatriotes établis à l’étranger, qui en ont assez d’être traités comme des citoyens de seconde zone ! »
Karim ben Cheikh, député des Français de l’étranger – IXème circonscription
L’élu des Français résidant en Afrique de l’Ouest ou au Maghreb, va plus loin car pour lui « cette chute s’explique aussi par la méthode déplorable adoptée par François Bayrou. Cette stratégie du « moi ou le chaos » ne pouvait qu’échouer. La crise budgétaire que M. Bayrou découvrait soudain, c’est le bilan de huit années de macronisme ! Nous, à gauche, nous alertions depuis des années sur cette dérive, rappelant qu’un budget ce sont aussi des recettes à augmenter en faisant contribuer les plus fortunés. »
Mais Karim ben Cheikh reste confiant dans l’avenir comme il nous le déclarait ce lundi soir. Espérons qu’il aura raison et ce, quelle que soit la solution retenue. La semaine s’annonce longue pour la France.
« Contrairement à ce pouvoir aux abois, nous avons des propositions concrètes, chiffrées et réalistes. Il faut une autre voie, celle du rassemblement autour d’un projet d’espoir et de transformation. Notre cap est clair : rassembler pour gagner et redonner une perspective d’avenir à nos compatriotes. »
Karim ben Cheikh, député des Français de l’étranger – IXème circonscription
Auteur/Autrice
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Directeur de publication et rédacteur en chef du site lesfrancais.press
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