Les démocraties sont-elles raisonnables ?

Bolsonaro, élu au Brésil, un fasciste. Comme Orban, réélu trois fois. Erdogan, un mégalomane. Duterte, aux Philippines, un assassin. Zelensky, en Ukraine, un clown. Il y a aussi un acteur au Guatemala, Jimmy Morales, un footballeur au Liberia, George Weah, et Trump, un lunatique. Démocratie de dingues ? Mais que font les électeurs ?

Dans l’ancienne démocratie athénienne, après Périclès, modèle de l’homme d’Etat, vint Cléon, figure du démagogue. Mêmes recettes : augmenter les salaires, prôner la guerre, faire payer les étrangers, alliés ou non. Le résultat fut la défaite, la révolte, la guerre civile puis la tyrannie.

La démocratie sombre-telle toujours dans la démagogie ?

La démocratie sombre-telle toujours dans la démagogie ? Faut-il un homme fort, pour y mettre de l’ordre ? Ceux là montrent les signes les plus évidents de la démagogie et se droguent à la propagande.

Les autocrates seraient-ils plus raisonnables ? Que l’on songe au Sultan du Barhein, au Prince Salmane, au Maréchal Sissi, à Bachar El Assad, à Khamenei. N’est ce pas Xi Ping, qui fit venir son lit de Chine pour sa visite en France ? Ceux des palaces de la côte ne sont pas assez doux. Faudrait-il regretter ces hommes bons, généreux, modestes, que furent Mao, Staline, Castro, Pinochet, Franco, Aquino, etc… belles brochettes d’assassins, de sadiques, de paranoïaques mégalomanes, qui, non contents de tuer, ruinaient aussi leur pays ?

Aujourd’hui, en Chine, la justice traque la corruption les ennemis du maitre du parti. Les Ouighours musulmans, qui sont plus d’un million dans des camps. En Russie, pays en voie de dé-démocratisation, les journalistes et les contestataires sont en prison, ou à l’étranger. En Turquie, autre pays en recul démocratique, les fonctionnaires sont limogés, les journalistes poursuivis, les élections qui déplaisent, annulées.

C’est si merveilleux, le pouvoir !

Ce qui rend peu raisonnable, c’est la recherche de la popularité, la jouissance du pouvoir. A sa femme, qui lui reprochait une vie éreintante, peu lucrative, instable, faite de combats politiciens, de trahisons, de coups bas, de sollicitations perpétuelles, de mépris non voilé, un politicien britannique répondit : « Tu as raison. C’est une vie stupide. C’est dire si c’est merveilleux, le pouvoir ! »

Voilà le problème : ce ne sont pas la démocratie, ni les élus, ni la « classe politique », ni les électeurs, ni la télé, qui sont dingues : c’est le pouvoir. La question est de savoir comment les peuples, les citoyens, – car « le peuple » est une mythologie à l’usage de ceux qui prétendent se l’approprier et parler en son nom – peuvent se prémunir des excès du pouvoir.

C’est pourquoi le respect du droit, « Rule of law », l’état de droit est la composante essentielle de l’idéal démocratique : L’obligation pour le pouvoir -pour l’Etat- de respecter le droit. Et dans quel système celui-ci est-il plus respecté que dans une démocratie, l’élu fut-il fasciste, fou, lunatique, paranoïaque, assassin, etc ?

Evidemment, cela suppose que des pouvoirs concurrents soient capables d’arrêter le pouvoir. C’est la vieille théorie des contrepouvoirs, celle de la Constitution américaine, qui l’a emprunté à un français, Montesquieu. Cocorico, à condition d’en être digne.

Pour conserver le pouvoir, la meilleure solution est de le partager

Les démocraties sont malades de la démagogie. Mais les autocraties aussi : elles se gavent d’autocélébration, les grands hommes qui les gouvernent ont un besoin maladif de popularité, tant ils se savent illégitimes. Les démocraties ont l’avantage du droit, de la stabilité. Elles seules sont capables d’ordonner une société de confiance, impossible dans des systèmes où prolifèrent l’abus de droit et l’arbitraire.

Rarement les démocraties tombent. Elles ont compris que pour conserver le pouvoir, la meilleure manière solution était de le partager. Tout autre système conduit à sa concentration, à sa rigidité, à sa faillite. C’est pourquoi la France, comme les autres, devrait toujours veiller à maintenir l’indépendance totale du monde judiciaire, des medias et de la politique, et s’amender de son péché mignon : la concentration du pouvoir au niveau présidentiel.

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