L’Association internationale du transport aérien (IATA) a appelé les dirigeants européens à mettre en place les controversés passeports vaccinaux pour relancer le secteur du transport aérien en difficulté, selon un document qui a fuité et qu’EURACTIV a pu consulté.
La lettre, transmise à EURACTIV par des sources européennes, demande que des « restrictions aux frontières fondées sur des preuves » soient mises en œuvre dans toute l’Europe, et presse les pays de l’UE de « s’accorder sur le rôle crucial de solutions numériques sécurisées, telles que le passeport de voyage de l’IATA ».
Elle est signée par le vice-président de l’IATA pour l’Europe, Rafael Schvartzman, et adressée au président du Conseil européen, Charles Michel, en prévision d’une réunion virtuelle des dirigeants européens qui a eu lieu jeudi (25 février).
Dans cette lettre, l’IATA affirme que sa carte d’abonnement permettra « aux gouvernements et aux autorités – mais aussi aux passagers et à l’équipage – d’avoir la confiance nécessaire dans l’état de santé de chaque passager ».
Le passeport numérique proposé par l’IATA permettrait de stocker les informations relatives à la vaccination des voyageurs, ainsi que les résultats des récents tests COVID-19, ce qui permettrait aux passagers de partager rapidement des informations sanitaires avec les gouvernements avant d’entrer sur leur territoire, indique la lettre.
Le passeport est également présenté comme un moyen de tenir les passagers informés de l’évolution rapide des exigences légales.
« Cette solution numérique permet de vérifier le cadre juridique applicable aux juridictions de départ et d’arrivée… en s’assurant que le voyageur connaît toutes les mesures et conditions applicables », peut-on lire dans la lettre.
Les exigences strictes en matière de vérification permettront également de lutter contre les fraudeurs qui proposent de faux certificats de vaccination, affirme l’IATA.
Le Conseil européen s’est réuni jeudi (25 février) pour évaluer la situation de la COVID-19 et définir les prochaines étapes de la distribution et de la circulation des vaccins dans les 27 États membres.
Indicateurs de santé
L’IATA, qui représente quelque 290 compagnies aériennes du monde entier, affirme que les restrictions aux frontières peuvent être assouplies progressivement en évaluant les indicateurs sanitaires pertinents pour chaque région, tels que le pourcentage de la population vaccinée, les taux d’infection et les taux de mortalité.
Le groupe des compagnies aériennes propose de travailler avec les gouvernements nationaux pour aider à rédiger et à déployer des feuilles de route qui permettraient de reprendre la libre circulation des Européens.
Les États membres de l’UE devraient adopter une approche « saine » pour lever les contraintes liées aux frontières internationales, en trouvant un « équilibre réalisable entre le risque et la viabilité financière des personnes/économies », affirme la lettre.
Controverse
L’idée de fournir aux personnes ayant reçu un vaccin COVID-19 un certificat leur permettant de reprendre leur voyage – un « passeport vaccin » – s’est avérée controversée, les pays de l’UE étant divisés sur cette idée.
Les pays dotés d’un secteur touristique important sont généralement plus favorables à cette idée, comme l’Italie, la Bulgarie, le Portugal, la Slovénie et l’Espagne.
En janvier, le premier ministre grec Kyriakos Mitsotaki a demandé l’introduction d’un certificat de vaccination pour permettre la reprise des voyages. De même, Chypre a fait pression pour que les voyageurs vaccinés soient autorisés à renoncer aux tests et à la quarantaine lorsqu’ils se déplacent d’un pays de l’UE à l’autre.
L’Estonie, la Finlande, le Danemark, la Suède, la Hongrie et la Pologne ont également soutenus les passeports de vaccination.
La France a toutefois rejeté le concept, arguant que la discussion est « prématurée » tant que le vaccin n’aura pas été déployé plus largement dans la population. Les responsables français estiment également qu’il faut davantage de données sur les taux de transmission après la vaccination.
La Belgique, les Pays-Bas et la Roumanie ont également exprimé des réserves sur la proposition.
Au Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE), de centre-droit, et le groupe centriste Renew Europe sont tous deux favorables aux passeports vaccinaux.
La perturbation des voyages internationaux causée par la pandémie de COVID-19 a ébranlé l’industrie aérienne, entraînant le plus faible nombre de passagers depuis 1995. L’IATA estime que le trafic aérien diminuera de moitié cette année par rapport à 2019.
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