Le roi Georges II, celui de la guerre d’Indépendance américaine, qui souffrait de maladies mentales, pourrait se satisfaire, post mortem, d’une réunification de fait entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
Le ministre du commerce extérieur, Liam Fox, discute avec la fille du Président américain, Ivanka, un futur traité de libre-échange entre les Etats-Unis et le Royaume. Le père d’Ivana a promis qu’en cas de Brexit sans accord, les Etats-Unis signeraient avec le Royaume le meilleur accord jamais conclu. On imagine mal les Américains modifier leurs législations internes, sur les produits agricoles, les normes industrielles, les services financiers, juridiques, informatiques pour faire plaisir au Royaume-Uni. Les Britanniques, qui rechignaient à être sous la dépendance des directives européennes, même s’ils participaient à leur élaboration, seront ravis de placre leur économie sous les lois du Congrès des Etats-Unis. Plus qu’une tutelle, un tel accord serait une OPA. Une réunification d’avant le roi Georges et sa folie.
Mais tout n’est pas si simple. Il se pourrait que Londres n’obtienne même pas ce statut préférentiel auquel les Brexiters semblent aspirer. Car le Royaume-Uni, comme les Etats-Unis, restent régis par les règles de l’OMC. Surtout, il n’est pas certain que les propositions du père d’Ivana Trump se réalisent.
Quand l’Ambassadeur britannique à Washington, Kim Darroch explique : « Nous ne pensons pas que cette administration va devenir plus normale, moins dysfonctionnelle, moins imprévisible, moins divisée, moins maladroite, moins inepte diplomatiquement », dans un télégramme dont le secret s’est envolé, c’est aussi un avertissement sur la fiabilité des espoirs d’un accord privilégié avec els Etats-Unis. Soit, Donald Trump a réagi en traitant l’Ambassadeur d’ « idiot prétentieux » et de « dingue ». Mais cette réaction ne dit pas qu’il a tort.
Trois ans après le référendum, on s’oriente de plus en plus vers un Brexit sans accord. C’est ce que promet Boris Johnson à ses partisans, si l’UE ne veut pas changer l’accord négocié. Il est donc fort possible que cela se produise. Et l’excitation des Brexiters est de rejoindre la grande Amérique, économiquement, politiquement. Churchill, pense Boris, n’aurait pas été contre.
Washington créerait-elle un marché unique avec le Royaume-Uni ? Le nouveau traité pourrait au mieux s’inspirer de celui de l’Alena, modifié par Trump, avec le Canada et le Mexique. Ce serait évidemment la révolution pour l’économie du Royaume, dont l’essentiel des exportations est tourné vers l’Union Européenne. Selon le gouverneur de la Banque d’Angleterre, l’économie serait dans la tourmente. Les Ecossais et les Irlandais aussi.
Chacun s’attend pourtant à ce que Boris Johnson soit nommé Premier ministre. Puis qu’il nomme Nigel Farrage Ambassadeur aux Etats-Unis comme cela se dit. Trump a dit que ce serait formidable. Cela scellerait, outre l’alliance entre les Conservateurs et le Brexit Party pour les élections, celle de Donald et de Boris, celle du Royaume et de la République. Au grand contentement du roi Georges, le fou bien aimé, qui aurait pris Trump pour un parvenu et Johnson pour un dingue, lui qui serrait la main à un arbre en pensant qu’il s’agissait du roi de Prusse. « Les fous sont sages, les sages sont fous », écrivait Shakespeare.
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