Les 18 premiers ministres du gouvernement Lecornu

Les 18 premiers ministres du gouvernement Lecornu

Sébastien Lecornu a officiellement succédé à François Bayrou lors de la passation de pouvoir, mercredi 10 septembre. « Apte aux compromis », le nouveau Premier ministre a désormais formé son gouvernement. Menacé de censure par la gauche et le Rassemblement national, Sébastien Lecornu est attendu mardi à l’Assemblée pour sa déclaration de politique générale. Il a annoncé ce dimanche 05 octobre au soir une partie de son gouvernement. 18 ministres qui devraient être rejoints par une seconde salve de nomination à la fin de la semaine qui s’ouvre. Pour les Français de l’étranger, on fait le tour de ceux qui vont diriger la France alors que notre Nation affronte de nombreux périls.

Bruno Retailleau conserve la place beauvau

Les parlementaires LR réunis dimanche après-midi se sont très largement exprimés en faveur du maintien de la participation des Républicains au gouvernement, confirme le parti de droite dans un communiqué.

« Sans cette décision en effet, la formation du gouvernement serait impossible, ce qui aggraverait la crise institutionnelle et financière qui menace notre pays et ouvrirait la porte à une arrivée de la gauche au pouvoir »

Communiqué de presse des LR.

Si Bruno Retailleau conserve le ministère de l’Intérieur, il ne sera pas seul au gouvernement. Car s’il exigeait une feuille de route précise, il a aussi réclamé un tiers des postes du gouvernement pour la droite. Et c’est sur l’immigration que les exigences des Républicains furent les plus élevées : allongement de la durée de rétention et une politique des visas plus ferme.

Le ministre de l’intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, à Paris, le 3 octobre 2025.
Le ministre de l’intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, à Paris, le 3 octobre 2025. ©DIMITAR DILKOFF/AFP

Gérald Darmanin, Garde des Sceaux

Gérald Darmanin n’a jamais caché son son souhait de rester garde des Sceaux. Il veut finir sa mission soit au moins construire quatre nouvelles prisons de haute sécurité.

Mais Gérald Darmanin a aussi appelé à « une inflexion sociale« , relevant « la détestation des élites et des politiques » « très importante ».

Un poids lourd indispensable à la stabilité du gouvernement, mais qui se fera entendre quitte à faire de l’ombre au Premier ministre, Sébastien Lecornu.

Gérald Darmanin à Amiens, mercredi 25 décembre 2024, pour sa première visite officielle en tant que ministre de la Justice.
Gérald Darmanin à Amiens, mercredi 25 décembre 2024, pour sa première visite officielle en tant que ministre de la Justice. © FTV

Bruno Le Maire en charge de la Défense

L’ex-ministre de l’Économie Bruno Le Maire est nommé au ministère des Armées.

Celui qui depuis un an, et sa sortie du gouvernement Attal, était devenu professeur à l’université des Lausanne (Suisse), a été discrètement approché ces derniers jours pour préparer ce grand retour. Deux rencontres en tête à tête avec Emmanuel Macron se sont même secrètement tenues à l’Élysée pour finaliser les conditions de ce come-back qui ne devrait pas manquer d’être commenté.

« On risque de donner l’impression de vouloir faire du neuf avec du vieux. Le Maire a quand même déjà passé plus de sept dans différents gouvernements depuis 2017. Et puis, dans l’esprit de beaucoup de Français, et encore plus de nos adversaires, il est quand même comptable des dérives de nos finances publiques », s’inquiète déjà un conseiller de l’exécutif auprès du journal Le Parisien, se disant « très surpris » par cette nomination « que certains vont probablement prendre pour une provocation ».

Bruno Le Maire a rendu les clés de son ministère, jeudi 12 septembre. IL a déjà prévu de se reconvertir dans l’éducation.
Bruno Le Maire a rendu les clés de son ministère, jeudi 12 septembre. IL a déjà prévu de se reconvertir dans l’éducation. ©LUDOVIC MARIN / AFP

Dati reste à la Culture

Un point d’interrogation demeurait sur Rachida Dati : restera-t-elle ministre de la Culture alors qu’elle brigue la mairie de Paris en mars et sera jugée pour corruption dans moins d’un an ?

Finalement, Sébastien Lecornu a décidé de conserver dans son équipe la candidate qui réunit le parti présidentiel et les LR à Paris. Un liant supplémentaire pour un gouvernement qui dépend fortement du soutien des LR.

La Ministre de la Culture, 31 janvier 2024, au discours de politique générale de Gabriel Attal
La Ministre de la Culture, 31 janvier 2024, au discours de politique générale de Gabriel Attal ©AFP - Miguel MEDINA

Woerth à l'aménagement du territoire

Autre figure de droite, Éric Woerth, relaxé dans l’affaire libyenne de Nicolas Sarkozy, arrive à l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, en remplacement de l’ancien socialiste François Rebsamen. Il récupère également le portefeuille du Logement.

En 2007, Éric Woerth, ici en 2023, était le trésorier de la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy.
En 2007, Éric Woerth, ici en 2023, était le trésorier de la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy. ©LP/Arnaud Journois

Quid des Français de l’étranger ?

Malheureusement, le gouvernement Lecornu ne fait pas des Français de l’étranger une priorité. Laurent Saint-Martin reste donc en place comme ministre démissionnaire jusqu’à la fin de la semaine à venir et l’annonce des personnalités qui prendront en charge les nombreux portefeuilles en souffrance.

Laurent Saint Martin
Laurent Saint Martin © Wikicommons

Quel avenir pour ce gouvernement ?

Le Premier ministre, qui prononcera son discours de politique générale mardi 7 octobre à 15h, devra sans doute faire face à plusieurs initiatives du PS, des Écologistes et de LFI.

S’il n’a pas prévu de solliciter un vote de confiance de l’Assemblée, n’ayant aucune chance de l’emporter compte tenu de la configuration de l’hémicycle, Sébastien Lecornu sera tout de même la cible de plusieurs motions de censure.

La première devrait être déposée par La France insoumise. Le groupe présidé par Mathilde Panot a annoncé son souhait depuis plusieurs jours d’en finir le plus vite possible avec le troisième Premier ministre nommé par Emmanuel Macron depuis la dissolution. « Il ne changera ni de politique, ni les membres de son gouvernement minoritaire depuis 2024 et encore moins son ministre de l’Intérieur qui parle de “Français de papier” », a exprimé le député LFI et président de la commission des Finances Éric Coquerel sur franceinfo. Le coordinateur du mouvement Manuel Bompard révèle, lui, avoir « proposé aux députés écologistes, communistes et même socialistes de cosigner » cette motion de censure. « Pour l’instant, nous n’avons pas eu de réponse » du PS, regrette-t-il.

Mais d’autres initiatives pourraient s’ajouter à celle des insoumis. D’abord les socialistes, qui semblent de plus en plus accréditer l’idée qu’ils censureront Sébastien Lecornu« Nous nous dirigeons tout droit vers la censure », a exprimé le Premier secrétaire du PS Olivier Faure ce 5 octobre dans le Parisien. Lui embrayant le pas, la numéro 2 du PS et maire de Nantes Johanna Roland ne voit pas comment le Premier ministre pourrait échapper à la censure, bien qu’elle lui laisse « jusqu’à mardi pour amener des choses ». Sinon « les socialistes prendront leurs responsabilités », a-t-elle prévenu sur France 3. Comprendre : ils pourront déposer leur propre motion de censure.

Une rivalité semble donc s’engager entre socialistes et insoumis sur la question de la paternité de la motion de censure. En jeu : la capacité à engranger le maximum de voix (dont celles du RN) pour faire tomber Sébastien Lecornu.

Éric Coquerel et Olivier Faure en 2024 à la sortie d'une réunion électorale
Éric Coquerel et Olivier Faure en 2024 à la sortie d'une réunion électorale ©AFP

Cherchant à conforter son rôle de trait d’union, à bonne distance entre le PS et LFI, Marine Tondelier a révélé sur BFMTV que les Verts pourraient déposer eux aussi une motion de censure qui contenterait tout le monde. Elle dit avoir « pris contact avec tous les groupes pour être l’auteur d’une motion de censure unitaire, fédérative, parce qu’on ne voit pas trop quoi faire d’autre en réalité ». « Aucune voix ne doit manquer », ajoute-t-elle. La secrétaire nationale des Écologistes assure ne « pas voir d’autre chemin que la censure ».

Rien, dans ce qu’a pour l’instant indiqué le Premier ministre, ne constitue « un début de commencement d’argument pour convaincre ne serait-ce qu’un député écologiste du groupe de voter autre chose que la censure ». La gauche est donc dans les starting-blocks pour réserver une semaine de tous les dangers à Sébastien Lecornu.

Les 18 ministres nommés ce 05 octobre 2025

  • Élisabeth Borne, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
  • Manuel Valls, ministre d’État, ministre des Outre-mer
  • Gérald Darmanin, ministre d’État, garde des Sceaux, ministre de la Justice
  • Bruno Retailleau, ministre d’État, ministre de l’Intérieur
  • Bruno Le Maire, ministre d’État, ministre des Armées et des Anciens combattants
  • Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées
  • Rachida Dati, ministre de la Culture
  • Roland Lescure, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et énergétique
  • Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères
  • Éric Woerth, ministre de l’Aménagement du territoire, de la Décentralisation et du Logement
  • Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche
  • Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
  • Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics
  • Naïma Moutchou, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, de l’Intelligence artificielle et du Numérique
  • Philippe Tabarot, ministre des Transports
  • Marina Ferrari, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative
  • Aurore Bergé, ministre déléguée, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, porte-parole du Gouvernement
  • Mathieu Lefèvre, ministre délégué chargé des relations avec le Parlement

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  • L'AFP est, avec l'Associated Press et Reuters, une des trois agences de presse qui se partagent un quasi-monopole de l'information dans le monde. Elles ont en commun, à la différence de son prédécesseur Havas, de ne pas avoir d'actionnaire mais un conseil d'administration composé majoritairement d'éditeurs de presse.

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