Malgré des annonces contrastées sur l’évolution de l’épidémie de coronavirus et les résultats médiocres de l’économie allemande, les cours des actions ont repris leur marche en avant. Les investisseurs ont retenu avant tout les bons résultats des entreprises, gages d’une distribution importante de dividendes. L’indice Stoxx 600 des grandes valeurs européennes a atteint de nouveaux records vendredi 14 février tout comme le Dax de la Bourse de Francfort, qui se calcule dividendes réinvestis (le Cac 40 dividendes réinvestis n’est qu’à quelques points de ses sommets du 17 janvier). Les indices américains sont également à leur plus haut niveau.
L’Europe joue la prudence
Selon les prévisions économiques de l’hiver 2020 publiées par la Commission de Bruxelles le 13 février dernier, l’économie européenne devrait se maintenir sur une trajectoire régulière de croissance modérée. La zone euro connaît ainsi sa plus longue période de croissance soutenue depuis la création de l’euro en 1999. En 2020 et en 2021, sa croissance devrait être de 1,2 % identique à celle de 2019. Pour l’ensemble de l’UE, un léger recul de la croissance serait constaté à 1,4 % en 2020 et 2021, contre 1,5 % en 2019. Les prévisions du taux d’inflation (indice des prix à la consommation harmonisé) de la zone euro ont été relevées à 1,3 % pour 2020 et à 1,4 % pour 2021, soit une hausse de 0,1 point de pourcentage pour chaque année par rapport aux prévisions économiques de l’automne 2019. Cette révision à la hausse est liée à l’apparition de signes semblant indiquer que les hausses de salaires commencent à se répercuter sur les prix à la consommation, et à un léger relèvement des hypothèses de prix du pétrole.
En raison de l’épidémie de coronavirus, celui-ci est néanmoins pour le moment en forte baisse. La prévision du taux d’inflation de l’ensemble de l’Union pour 2020 a également été relevée de 0,1 point de pourcentage, à 1,5 %. La prévision pour 2021 reste inchangée, à 1,6 %.
La Commission considère que l’économie européenne pourrait bénéficier de politiques budgétaires plus expansionnistes et propices à la croissance, ainsi que des retombées positives de conditions de financement plus favorables dans certains États membres de la zone euro. Les autorités européennes ont listé les principales menaces qui pourraient remettre en cause leurs prévisions. Figurent parmi ces menaces l’évolution des relations commerciales américano-chinoises, les problèmes au Moyen Orient, le Brexit et le coronavirus. La Commission de Bruxelles estime que l’accord commercial de « phase 1 » entre les États-Unis et la Chine contribue à réduire dans une certaine mesure les aléas baissiers, mais le degré élevé d’incertitude qui entoure la politique commerciale des États-Unis empêche toujours une amélioration plus généralisée du climat des affaires. Elle souligne que les troubles sociaux risquent de peser sur la croissance en Amérique latine. En ce qui concerne les relations commerciales entre l’Union et le Royaume-Uni, si le hard Brexit n’est plus à l’ordre du jour, l’élaboration d’un accord avant la fin de l’année ne sera pas simple. L’épidémie de coronavirus « Covid-19 » constitue un nouvel aléa baissier compte tenu de ses conséquences pour la santé publique, l’activité économique et le commerce, en particulier en Chine. L’hypothèse retenue dans le scénario de référence est que le pic de l’épidémie sera atteint au premier trimestre, et que la propagation à l’échelle mondiale sera relativement limitée.
L’Allemagne toujours à l’arrêt
La croissance allemande a été presque nulle au cours du quatrième trimestre 2019, avec une progression du PIB de 0,0279 % par rapport au trimestre précédent, selon l’Office fédéral des statistiques. Sur l’ensemble de l’année, la croissance aura été de 0,6 %. Le gouvernement allemand comptait, il y a quelques semaines, sur une reprise de vitesse et une croissance de 1,1 % en 2020 et de 1,3 % en 2021. Le ralentissement de l’économie chinoise et les incertitudes liées au Brexit ont mis un terme, du moins pour le moment, à ses espoirs. Au mois de décembre, les exportations n’ont augmenté que de 0,1 %, après une baisse de 2,2 % en novembre. La production a reculé, de son côté, de 3,5 % en décembre, soit la plus forte baisse depuis la crise financière en 2009. Selon Stefan Schneider, économiste à la Deutsche Bank, l’épidémie pourrait coûter 0,2 point de croissance à l’économie allemande au premier trimestre 2020, a-t-il indiqué à Die Welt. L’Allemagne est par ailleurs confrontée à une fin de mandat difficile pour Angela Merkel qui doit gérer la crise survenue au sein de la CDU après les élections régionales en Thuringe, crise qui a abouti à la démission annoncée de sa présidente, AnnegretKramp Karrenbauer. Le difficile chiffrage de l’impact économique de l’épidémie L’épidémie en cours en Chine a et aura des conséquences sur l’économie mondiale. L’appréciation de son impact reste délicate d’autant plus que nul ne prédire sa durée. Les répercussions sont de plusieurs natures : sur la demande en Chine, les exportations, les importations, la rupture des chaînes d’approvisionnement.
Il faut également prendre en compte les facteurs psychologiques. La demande peut être entamée par l’absence de confiance et les peurs générées par cette crise.
Pour le moment, l’épidémie a peu de conséquences sur les marchés financiers qui après avoir encaissé le choc sont repartis à la hausse. Wall Street et le S&P500 ont atteint de nouveaux plus hauts historiques. Les indices européens enregistrent de bons résultats. En revanche et assez logiquement, l’indice de Shanghai est toujours aussi déprimé par rapport à son niveau antérieur à la crise.
-1% en Chine, -0.3% en Europe
La baisse des cours des matières premières (pétrole, cuivre) traduit l’anticipation d’un repli de la demande, essentiellement chinoise. Le produit régional brut de la province du Hubei, dont la capitale Wuhan constitue l’épicentre de l’épidémie, représente 4,2 % du produit national. Une forte contraction de la production au sein de cette province devrait se faire ressentir sur l’ensemble du pays. Une possible diminution d’un point de la croissance est envisagée si la crise perdurait jusqu’en avril/mai.
Selon une étude du FMI, une baisse de la croissance chinoise de 1 % entraîne une contraction de 0,2 point de la croissance pour l’Union européenne à moyen terme. Pour les Etats-Unis, le déficit de croissance serait de 0,3 point et pour l’Asie de 0,7 point. La direction des études économiques de BNP Paribas évalue l’impact maximum sur la croissance à -0,3 % pour l’Europe en prenant en compte les effets indirects sur le commerce international.
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