Le 31 janvier 2020, le Royaume-Uni quittait officiellement l’Union européenne. Le pays a bénéficié d’une période transitoire qui a couru jusqu’au 1er janvier 2021, date à partir de laquelle il est réellement sorti du marché unique.
Ces quatre dernières années, le Royaume-Uni s’est affaibli par rapport aux autres pays de l’Union européenne. Il a été pénalisé par une croissance et une création d’emplois, plus faibles. Les investissements directs étrangers sont en recul tout comme l’investissement des entreprises. L’inflation y a été plus forte que dans l’Union, le Royaume-Uni devant supporter en plus de la hausse des prix liée au covid et à l’Ukraine le coût plus élevé des importations.
Si avant le référendum sur le Brexit de 2016, le Royaume-Uni avait une croissance supérieure à celle de la zone euro, ce n’est plus le cas depuis 2019. Tous les moteurs de la croissance sont en panne.
Des investissements en recul
L’économie du Royaume-Uni souffre d’une diminution, depuis 2017, du taux d’investissement des entreprises. Le taux d’investissement des entreprises est passé de 11 à 9,8 % du PIB de 2017 à 2023 quand il est en hausse au sein de la zone euro. L’investissement des ménages en logement reste en revanche relativement stable autour de 4 points de PIB. L’économie britannique est pénalisée par la diminution des entrées de capitaux.
Depuis 2017, les investisseurs ont réduit leurs investissements directs, ce qui pèse sur l’investissement des entreprises et nuit à leur compétitivité. La place financière de Londres a perdu en attractivité au profit de Paris, d’Amsterdam et de Francfort.
Des échanges bridés par les droits de douane
Le Brexit a provoqué un léger recul des échanges avec les autres pays de l’Union européenne en raison de l’instauration de droits de douane. Que ce soit pour les importations ou pour les exportations, ce recul a été de 5 %. Cette baisse a été compensée, en partie, par l’augmentation des échanges avec le reste du monde. Malgré tout, les échanges avec l’Union européenne restent conséquents : 460 milliards d’euros d’importations et 350 milliards d’euros d’exportation en 2023. Avec le reste du monde, les exportations représentent, toujours en 2023, 470 milliards d’euros et les importations 400 milliards d’euros. Le Royaume-Uni important plus qu’il n’exporte, l’État a collecté des droits de douane mais ces derniers ont renchéri le coût des biens et ont réduit le pouvoir d’achat des ménages, pesant ainsi sur la consommation.
Une inflation plus élevée
La baisse des exportations britanniques a également nui à la croissance, la contribution du commerce extérieur à la croissance étant négative.
Le Royaume-Uni doit faire face à une inflation plus élevée, de deux points en moyenne depuis 2021, qu’en zone euro. Cet écart s’explique par les restrictions portant sur les importations qui ont créé des goulets d’étranglement et par la moindre concurrence. Au mois de janvier, le taux d’inflation était, Outre-manche, de 4 %, contre 2,8 % en zone euro.
L’immigration en augmentation
Le Brexit s’est joué en partie sur la question de l’immigration. Mais en raison du vieillissement démographique, l’économie britannique a un besoin croissant de travailleurs immigrés. Si les obstacles juridiques ont été accrus, en particulier pour les ressortissants de l’Union européenne, les flux nets d’immigrés ont augmenté depuis 2016. Ils sont passés de 0,6 à 1 % par an de la population totale. Malgré ces arrivées, de nombreuses entreprises sont confrontées à des problèmes de recrutement. Un quart des hôtels seraient en sous-effectif.
Le Brexit a des effets non négligeables sur l’économie du Royaume-Uni. Il pèse sur la croissance en raison d’une baisse marquée de l’investissement des entreprises et en raison d’une inflation élevée. Le pays reste dépendant économiquement de l’Europe et a un besoin important de main-d’œuvre étrangère.
Avec une consommation en berne, le Royaume-Uni est ainsi entré en récession dans la seconde moitié de l’année 2023. Le PIB a, en effet, diminué de 0,3 % au quatrième trimestre, selon l’Office national des statistiques (ONS), après avoir baissé de 0,1 % lors des trois mois précédents. En 2023, le PIB a augmenté de 0,1 % contre +0,9 % en France. Depuis 2019, la croissance britannique est deux fois plus faible que celle de la France.
Auteur/Autrice
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Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.
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