L’école privée française de Lisbonne-Seixal n’ouvrira pas cette année

L’enseignement français à l’étranger, un réseau tentaculaire de centaines d’établissements, est complexe et surtout très varié. Outre l’AEFE et la mission laïque française, de très nombreux établissements privés existent, comme par exemple le récent réseau Odyssey . Une privatisation de l’enseignement français à l’étranger qui inquiète certains élus comme la Sénatrice Claudine LepageAu Portugal, nos partenaires de la French Radio avaient eu l’occasion, le 15 avril dernier, d’interviewer Anne Gasser, qui ambitionnait alors d’inaugurer une école française à  Lisbonne-Seixal . Comme ils l’indiquent dans un récent  podcast , cette école n’ouvrira pas en raison d’un manque d’élèves. Entretien de Mélanie Pinto avec Serge Faure, proviseur du Lycée français Charles Lepierre de Lisbonne et avec Medhi Benlahcen, conseiller consulaire.

La French Radio : Monsieur le proviseur Faure, avez-vous été surpris de cette nouvelle de la non-ouverture de l’école française à Lisbonne-Seixal ?

Le Lycée Lepierre à Lisbonne

Serge Faure – Lycée Français de Lisbonne : Je n’ai pas été totalement surpris car un projet d’ouverture d’école nécessite un peu plus de temps et cela a été fait un peu dans la précipitation. Et situé de l’autre côté du Tage [face à la ville de Lisbonne NDLR], cela ne concerne que quelques familles mais pas toutes. En retravaillant le projet, cette école pourrait peut-être ouvrir l’année prochaine mais là c’était un peu juste en termes de délais.

Pouvez-vous faire quelque chose pour ces enfants qui étaient donc inscrits dans une école qui n’ouvrira pas ?

Les familles concernées avaient d’abord contacté le Lycée français Charles Lepierre et s’étaient dirigées vers cette école car nous n’avions pas de place dans les niveaux demandés au Lycée. Depuis que nous avons appris cette non-ouverture, nous avons été contactés par une famille avec deux enfants, nous devrions être en mesure de proposer une place pour l’un. Pour l’autre nous devrons attendre la rentrée et voir les élèves inscrits au Lycée qui ne se présenteraient pas.

Avez-vous des conseils pour les familles qui ne seraient pas en mesure de scolariser leurs enfants ?

Il y a différents cas de figures, certaines familles sont également lusophones et ont la possibilité de s’inscrire dans un établissement privé portugais. Ceux qui parlent anglais peuvent aussi essayer du côté des écoles internationales même si elles sont elles aussi prises d’assaut. Pour les autres familles nous conseillons de s’inscrire au CNED, établissement public par correspondance et de se présenter et s’identifier régulièrement au Lycée Lepierre et si une place se libère nous leur proposerons mais nous ne pouvons pas l’indiquer avant la rentrée.

Quelles sont les procédures pour ces familles en attente de placement, les dossiers à déposer ?

Serge Faure, proviseur du Lycée français de Lisbonne

Ce sont souvent des familles qui sont déjà dans notre base de données. A celles qui seront physiquement sur place à Lisbonne au 1er septembre, nous leur demandons de nous contacter par courriel expliquant la situation afin que nous puissions prendre leur cas en grande considération.

 

Par ailleurs, Mehdi Benlahcen, conseiller consulaire de la péninsule ibérique, est monté au créneau et à écrit à l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger, l’AEFE, demandant un soutien. Nos partenaires de la French Radio ont également eu l’occasion de s’entretenir avec lui

 

La French Radio : Bonjour M. Benlahcen, comment avez-vous appris la nouvelle de la non-ouverture de cette nouvelle école ?

Mehdi Benlahcen : j’ai été contacté par une famille de parents d’élèves qui ont appris que l’école n’allait pas ouvrir et qui sont très inquiets à 1 mois et demi de la rentrée. Ils ont été informés directement par l’école, la raison étant l’insuffisance d’inscrits car seul 6 élèves ont été inscrits pour la rentrée 2019. Ce fut la douche froide pour les familles qui étaient encore à régler les frais de scolarité du 1er trimestre la semaine dernière.

Que pouvez-vous faire pour eux, en tant qu’élu consulaire ?

Mehdi Benlahcen, conseiller consulaire de la péninsule ibérique

Dans leur malchance ils ont la chance de n’être qu’un petit groupe, 6 élèves, nous allons essayer de les faire inscrire au Lycée Lepierre et à la RedBridge School. J’ai entrepris des démarches en écrivant directement au directeur de l’AEFE pour essayer de voir ce qui pouvait être fait, je sais que la Sénatrice Claudine Lepage a également sollicité l’AEFE dans le même sens. Il y a une mobilisation de plusieurs élus.

La décision est donc en attente, les familles auront-elles des nouvelles bientôt ? Comment les rassurer ?

Il est difficile de les rassurer, certaines familles ont eu des réponses positives pour un de leurs enfants mais pas l’autre, il y a des familles qui n’ont pas de solution et il est étonnant que la décision de non-ouverture se fasse aussi tard.

 

Cette question, locale, pose celle, plus globale, de l’enseignement français à l’étranger, notamment quand il est pratiqué par des acteurs privés. Les mauvaises surprises, à quelques semaines de la rentrée scolaire, pour les parents d’élèves seront, espérons le, isolées, pour que le maximum d’enfants puissent continuer à bénéficier du réseau français à l’étranger.

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