Le « Triangle de Weimar » uni face aux déclarations de Donald Trump sur l’OTAN

Le « Triangle de Weimar » uni face aux déclarations de Donald Trump sur l’OTAN

Donald Trump s’est attiré lundi les foudres des chefs de gouvernement et des ministres des Affaires étrangères du « Triangle de Weimar », composé de la France, de l’Allemagne et de la Pologne, pour avoir affirmé qu’il n’interviendrait pas si un membre de l’OTAN était attaqué par la Russie.

Le nouveau Premier ministre polonais Donald Tusk (Coalition civique/KO, Parti populaire européen/PPE) a rendu visite à Emmanuel Macron et au chancelier allemand Olaf Scholz lundi (12 février).

En parallèle, le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, la ministre allemande Annalena Baerbock et le ministre polonais Radosław Sikorski se sont retrouvés dans la banlieue parisienne pour une réunion dédiée au « Triangle de Weimar », discutant surtout de la guerre en Ukraine et au Moyen-Orient, ainsi que de l’avenir d’une « union de la défense » de l’UE.

Le «Triangle de Weimar » a été créé en 1991 comme forum de dialogue entre Varsovie, Berlin et Paris, mais il est devenu pratiquement inactif après l’arrivée au pouvoir du parti eurosceptique Droit et Justice (PiS) en Pologne en 2016.

Avec le retour de M. Tusk, pro-UE, les espoirs renaissent et le «Triangle de Weimar » est de retour sur le devant de la scène de l’UE.

« L’interaction entre nos trois pays est fondamentale », a déclaré Mme Baerbock à Paris.

Ces réunions étaient également censées mettre un terme aux affirmations selon lesquelles le tandem franco-allemand et les relations des deux pays avec la Pologne sont tendus.

Paris, Berlin et Varsovie ne sont peut-être pas toujours d’accord, mais « il ne s’agit pas de jouer du même instrument de musique. Il faut plutôt essayer de trouver l’harmonie en jouant de différents instruments », a expliqué la ministre allemande des Affaires étrangères.

 Triangle de Weimar
Les derniers propos de Donald Trump sur l’avenir de l’OTAN semblent avoir contribué à ce que les ministres des Affaires étrangères affichent clairement un front uni. [EPA-EFE/SARAH MEYSSONNIER / POOL MAXPPP OUT]

Les commentaires de Donald Trump ne servent « que les intérêts de la Russie »

Les derniers propos de Donald Trump sur l’avenir de l’OTAN semblent avoir contribué à l’unité des ministres des Affaires étrangères.

M. Trump, candidat républicain à l’élection présidentielle américaine, a réaffirmé samedi (10 février) qu’il n’interviendrait pas si la Russie attaquait les membres de l’OTAN qui n’atteignaient pas les objectifs de dépenses de l’alliance en matière de défense, à savoir au moins 2 % du PIB.

« Je ne me résigne pas de mon côté à convaincre tous les dirigeants de la pertinence de notre alliance [transatlantique], qui fonctionne d’ailleurs au bénéfice des États-Unis », a déclaré M. Séjourné lors d’une conférence de presse à Paris.

« Toutefois, chaque minute compte pour préparer les Européens à absorber le choc d’un scénario [invasion d’un État membre de l’UE par la Russie] qui a été décrit parfaitement par Donald Trump. »

« Il n’y a pas d’autre alternative que l’UE et l’OTAN », avait déclaré quelques heures plus tôt M. Tusk aux côtés de M. Macron, à Paris, faisant référence à la devise emblématique des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas : « Un pour tous, tous pour un ! »

Il a réitéré ce message plus tard à Berlin, M. Scholz s’en prenant également à M. Trump de façon à peine voilée.

« Toute relativisation de la garantie d’assistance de l’OTAN est irresponsable et dangereuse et ne sert que les intérêts de la Russie », a déclaré M. Scholz « à la lumière des événements récents ».

Le Triangle de Weimar comme rempart de défense

Si les ministres des Affaires étrangères ont insisté sur le fait que l’OTAN telle qu’elle existe aujourd’hui profite aux États-Unis, tous les trois, ainsi que M. Tusk, M. Scholz et M. Macron, ont convenu qu’il était grand temps pour l’UE d’accroître ses capacités de défense.

« Il est essentiel que nous devenions plus indépendants en matière de défense », a déclaré Mme Baerbock lors de la conférence de presse, en complément de l’OTAN, qu’elle a qualifiée d’« assurance-vie et de colonne vertébrale ».

Les trois pays ont déjà considérablement augmenté leurs dépenses en matière de défense en réponse à l’invasion russe en Ukraine. M. Scholz avait parlé en 2022 de « Zeitenwende » (« tournant historique ») pour le budget de la défense de l’Allemagne, tandis que les dépenses militaires de la France pour 2024-2030 prévoient une augmentation de 40 % par rapport à ces dernières années.

En parallèle, la Pologne devrait consacrer plus de 3 % de son PIB à la défense en 2024, a déclaré Radosław Sikorski.

Le choc de l’agression russe contre l’Ukraine en février 2022 a incité les pays de l’UE à créer une « union européenne de la défense », a déclaré Mme Baerbock.

« Tous les quatre ans, l’Europe ne peut pas se payer le luxe de réfléchir à sa propre sécurité et d’être dépendant d’une élection [étasunienne] », a expliqué M. Séjourné.

Les discussions entre les trois ministres des Affaires étrangères devraient également porter sur les moyens d’accroître le soutien militaire collectif à l’Ukraine, y compris une réforme de la Facilité européenne pour la paix (FEP), le mécanisme de financement hors budget de l’UE utilisé pour rembourser les États membres pour leurs livraisons d’armes à l’Ukraine.

En outre, les trois ministres ont présenté un nouveau plan de coordination pour lutter contre l’ingérence étrangère avant les élections européennes. Ils se sont également mis d’accord pour demander un cessez-le-feu dans le cadre de l’attaque incessante d’Israël contre Gaza.

Tandis que la France fait pression pour un arrêt « durable » des hostilités, Mme Baerbock n’a appelé qu’à des « cessez-le-feu humanitaires ».

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