L’économie est avant tout une question démographique. Les pays ayant une forte proportion de jeunes actifs, si possible bien formés, ont des taux de croissance supérieurs à ceux dont la population est plus âgée. Le baby-boom en Europe a porté la croissance jusque dans les années 1980. La Chine a pu compter sur l’augmentation de sa population active jusqu’à maintenant. A contrario, le vieillissement en cours devrait réduire la croissance dans de nombreuses zones géographiques. Il pourrait générer d’importants changements dans les rapports de force économique. Le vieillissement qui se matérialise notamment par une diminution de la taille de la population active, une augmentation du nombre de retraités et une élévation de l’âge moyen des habitants, concerne depuis une vingtaine d’années, le Japon, la Russie et l’Europe de l’Est.
La jeunesse facteur de croissance
Dans les prochaines années, l’Europe occidentale, la Chine et l’Amérique latine seront également concernées. Au Japon, les plus de 65 ans représenteront, 35% de la population totale en 2040 (contre 16% en 2000 et 30% en 2020). Pour l’Union Européenne, cette proportion passera de 20 à 30% de 2020 à 2040 (ce taux était de 15% en 2000). La Chine qui ne comptait que 5% de plus de 65 ans au sein de la population en 2000 verra ce taux atteindre 25% en 2040. Certains pays ou régions, comme les Etats-Unis, l’Inde ou l’Afrique, sont nettement moins affectés.
De 2000 à 2040, la proportion de plus de 65 ans au sein de la population active passera de 12 à 21% aux Etats-Unis, de 4 à 11% en Inde et de 3 à 5% en Afrique. Que ce soit aux Etats-Unis, en Afrique ou en Inde, la population active continuera d’augmenter à la différence de l’Europe ou de l’Asie. Un vieillissement de la population s’accompagne d’une baisse de la croissance potentielle. Ce point est souvent mis en avant en ce qui concerne l’Italie qui connaît une forte dégradation de sa démographique avec un des plus faibles taux de fécondité à l’échelle mondiale.
L’épargne des retraités
Cette diminution de la croissance potentielle s’exprime notamment par la baisse de la productivité par tête. Au Japon, en Russie, en Europe mais aussi en Chine, cette productivité décline plus vite que dans les pays en croissance démographique. Jusqu’à maintenant, il était admis que le vieillissement démographique était inflationniste. L’augmentation du nombre de retraités qui sont des consommateurs non producteurs par rapport aux actifs est supposée faire apparaître un excès de demande de biens et services. Par ailleurs, les retraités sont censés consommer plus de services (dont les prix augmentent plus vite que ceux des biens) que les actifs.
Or, que ce soit au Japon ou en Europe, le vieillissement ne se traduit pas par un surcroît d’inflation. La demande intérieure augmente faiblement, pénalisée par le fait que les retraités continuent à épargner. Par ailleurs, l’époque est à la désinflation en raison de la mondialisation et de la digitalisation des activités. Avec l’augmentation rapide du nombre de retraités, certains experts estiment qu’un processus de désépargne est incontournable, ce qui remettrait d’actualité le caractère inflationniste du vieillissement. Cette désépargne sera imputable aux fonds de pension qui devront verser un nombre croissant de pensions.
Par ailleurs, en raison des réformes engagées par les pouvoirs publics ces dernières années, le niveau de vie des retraités devrait baisser, les conduisant à puiser dans leur patrimoine. Enfin, la diminution du nombre d’actifs entraînera un accroissement des déficits de la balance des paiements courants des Etats concernés par le vieillissement. La résorption de ce déficit passera par la vente d’actifs financiers et immobiliers.
Etats-Unis et Inde vs Europe, Chine et Japon
Le vieillissement aura également des conséquences sur les rapports de force internationaux. Les pays enregistrant des gains démographiques, comme les Etats-Unis ou l’Inde, se renforceront au détriment des autres, à commencer par le Japon, l’Europe et la Chine.
Ces trois derniers espaces économiques devront trouver des relais de croissance en optant pour une robotisation poussée ou faire appel à de la main d’œuvre immigrée. La question du décollage économique de l’Afrique sera cruciale tant pour réguler les flux migratoires que pour constituer un nouveau pôle de croissance.
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