En plein cœur du quartier français, un homme a foncé en voiture sur la foule à la Nouvelle-Orléans, aux États-Unis, dans la nuit de mardi à mercredi, pendant le réveillon du Nouvel An, faisant au moins 15 morts et 35 blessés. Un drame qui marque ce début d’année et qui rappelle que la menace terroriste plane toujours au-dessus de tous les pays occidentaux. Après l’Allemagne en décembre, les festivités de fin d’année ont, encore une fois, été ciblées. Mais pourquoi cibler la Nouvelle-Orléans et le quartier français ? L’occasion pour nous de revenir sur cette histoire française à l’étranger.
Un ancien militaire américain
Les faits se sont déroulés dans le quartier français, très touristique, « à l’angle de Canal Street et Bourbon Street« . Le suspect a été tué lors d’échanges de tirs avec la police. Il s’agit d’un citoyen américain, qui possédait un drapeau de l’organisation État islamique, a indiqué le FBI. Tué lors d’un échange de feu avec la police, Shamsud-Din Jabbar était un ancien militaire « inspiré » par le groupe État islamique. Il se serait radicalisé ces dernières années. Alors que des recherches et des perquisitions sont en cours à la Nouvelle-Orléans et dans d’autres États, Alethea Duncan, agent spécial du FBI a souligné que les autorités « ne croient pas que Jabbar soit le seul responsable » ; il aurait agi avec de « potentiels complices ».
Le président américain, Joe Biden, a expliqué que « quelques heures à peine avant l’attaque », le suspect avait « publié sur les réseaux sociaux des vidéos indiquant qu’il était inspiré par l’État islamique » et témoignant d’un « désir de tuer ».
Solidarité internationale
Si les réactions du président américain Joe Biden et de son successeur élu, Donald Trump, ont quelque peu tardé, nombreux furent les dirigeants et diplomates à réagir au drame survenu dans le quartier français de La Nouvelle-Orléans, aux États-Unis, visé par une attaque terroriste ce mercredi 1er janvier. En effet, un homme, au volant d’un véhicule bélier, a foncé dans la foule, tuant 15 personnes et en blessant 35 autres.
Le président de la République Emmanuel Macron a été l’un des premiers à adresser ses «pensées» aux «familles des victimes et aux blessés» en publiant un message en anglais sur X : «La Nouvelle-Orléans, ville si chère au cœur des Français, a été frappée par le terrorisme. Nos pensées vont aux familles des victimes et aux blessés, ainsi qu’au peuple américain, dont nous partageons la douleur.» Il s’était rendu en décembre 2022 en Nouvelle-Orléans, ville fondée en 1718 par des colons français.
New Orleans, so dear to the hearts of the French, has been struck by terrorism.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 1, 2025
Our thoughts are with the families of the victims and the injured, as well as with the American people, whose sorrow we share.
Une histoire métissée
Amérindienne, française, espagnole, puis finalement américaine, La Nouvelle-Orléans célèbre trois siècles d’une histoire très compliquée. Mais, La Nouvelle-Orléans fait surtout rêver : le jazz y a été inventé, le Mardi gras attire des gens du monde entier, sa gastronomie ainsi que son architecture sont uniques. Et c’est donc, comme Time Square, un lieu de convergence pour célébrer la nouvelle année outre-atlantique.
Fondée en 1718, par Jean-Baptiste Lemoyne de Bienville, déjà Français du Canada, car originaire de Monréal, qui réussit à convaincre le régent Philippe, duc d’Orléans et membre de la famille royale (oncle de Louis XV, alors mineur), de préférer ce site à Biloxi (Mississippi) ou Mobile (Alabama). Il s’est empressé de remercier le duc en nommant La Nouvelle-Orléans en son honneur.
Et dès le départ, La Nouvelle-Orléans était métissée. Il y avait des Français, des gens de Nouvelle-France, des Allemands. Il y avait aussi des esclaves africains, la face sombre de cette colonie française. Mais dès 1762, le roi de France cède la Louisiane à l’Espagne, ce qui transforme La Nouvelle-Orléans en Nueva Orleans.
La présence espagnole transforme-t-elle La Nouvelle-Orléans? Pas vraiment sur le plan linguistique, car les Espagnols étaient peu nombreux. « Beaucoup étaient des hommes qui ont marié des femmes françaises et ont adopté le français », raconte Joseph Dunn, un Louisianais passionné d’histoire et de francophonie à l’AFP. Par contre, l’héritage architectural espagnol est marquant. En fait, le quartier historique qu’on appelle le Vieux carré ou le French Quarter est presque totalement espagnol.
Mais en 1802, La Nouvelle-Orléans redevient française. Mais un an plus tard, Napoléon vend l’immense territoire de la Louisiane aux États-Unis. Au même moment, l’île de Saint-Domingue est en pleine ébullition. Les esclaves se révoltent et finiront par créer la première république noire indépendante, Haïti, en 1804. Les mécontents de cette révolution – des Blancs, mais aussi des « hommes de couleur libres » et certains esclaves – affluent à La Nouvelle-Orléans. Dix mille personnes qui vont contribuer à doubler la population de la ville.
Toutes ces transformations vont mener à une expérimentation culturelle inédite en Amérique du Nord : la société « créole », un étonnant cocktail multiracial. « Il y avait des créoles blancs, des créoles noirs et aussi amérindiens », raconte Lawson Ota, linguiste, enseignant et guide touristique pour l’entreprise francophone Le monde créole. Des Européens en majorité des Français, mais aussi des Espagnols, des Allemands, des Italiens et des Portugais. Auxquels s’ajoutent les Noirs, les mulâtres et d’autres personnes de couleur.
Cette identité commune se consolide au moment où les nouveaux Américains débarquent à « New Orleans », qui leur appartient désormais. Ils s’installent en masse à l’ouest du Vieux carré créant leur propre quartier et laissant le centre historique préservé. Une exception aux USA qui donne un charme unique à cette ancienne ville française.