Le président du Conseil européen, Charles Michel, a été critiqué pour ses voyages fréquents et coûteux. Face à cela, il s’est défendu auprès de nombreux médias belges.
Charles Michel, qui était Premier ministre de Belgique avant de devenir président du Conseil européen, a vu son budget 2024 — qui est actuellement en cours d’adoption — augmenter de 27,5 % par rapport à 2023, rapportait le média Politico le mois dernier.
Ses frais de voyage, ainsi que ceux de son personnel, auraient augmenté de plus d’un tiers par rapport à 2023, soit près de quatre fois les dépenses de ses prédécesseurs Donald Tusk (2014-2019) et Herman Van Rompuy (2010-2014).
Ce dimanche (9 avril), le journal français Le Monde expliquait que cette augmentation serait en partie due au fait que M. Michel voyageait en jet privé.
Certains, comme l’eurodéputée écologiste belge Saskia Bricmont (Verts/ALE), attirent également l’attention sur le coût climatique de ces voyages. Au vu des derniers rapports du GIEC, « il n’est pas normal de continuer à voyager en jet privé », estime-t-elle selon le quotidien Le Soir.
Ce budget doit être discuté par le Parlement lors d’une session plénière en mai et devrait susciter des débats, notamment parmi les socialistes et les verts, expliquent plusieurs analystes.
Le budget du président du Conseil européen a également été critiqué par neuf États membres, notamment l’Allemagne, l’Italie et la Pologne, qui ont demandé au président des « clarifications » à ce sujet lors d’une réunion le 9 mars dernier.
M. Michel et son porte-parole ont souligné que les voyages sont mis en œuvre et contrôlés par des fonctionnaires du Conseil, sur lesquels le président du Conseil n’a aucun pouvoir. Il y a également une « transparence totale » sur les règles régissant le budget et sur le budget lui-même, puisque les dépenses de M. Michel sont également disponibles en ligne.
Un contexte différent
M. Michel et son porte-parole, Jurek Kuczkiewicz, ont souligné lors de divers entretiens accordés à la presse cette semaine que le contexte international avait changé de manière significative au cours des trois dernières années. En tant que président du Conseil européen, M. Michel doit se rendre dans des endroits éloignés, et ce dans des délais très courts, avec pour conséquence une augmentation des coûts.
L’augmentation du nombre de voyages serait donc liée au contexte international « instable » dans le cadre duquel « il est important que l’UE tienne son rôle international », a expliqué M. Kuczkiewicz au média Le Vif. « Comme lorsque Charles Michel a été le premier à faire dire au président chinois Xi Jinping qu’il ne livrerait pas d’armes à la Russie. Était-ce un déplacement inutile ? Je ne pense pas », a-t-il ajouté. Outre, l’augmentation du nombre de voyages, l’inflation (15 à 20 %) peut également expliquer l’augmentation du budget, poursuit le porte-parole.
M. Kuczkiewicz indique également que dans l’agenda stratégique, décidé par le précédent Conseil européen, l’une des principales tâches du président de l’institution est de « renforcer le rôle de l’UE sur la scène internationale », et selon lui, c’est ce que Charles Michel a fait jusqu’à présent. Pour l’ex-Premier ministre belge, ces voyages étaient nécessaires aux intérêts de l’UE.
Lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision RTL, Charles Michel a fait référence à la mission qui lui a été confiée dans le traité de Lisbonne.
Dans celui-ci, on retrouve une définition quelque peu évasive du rôle de représentation du président de l’institution, qui « assure, à son niveau et en sa qualité, la représentation extérieure de l’Union pour les matières relevant de la politique étrangère et de sécurité commune, sans préjudice des attributions du Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité ».
Ainsi, M. Michel doit assurer, conjointement avec le Haut représentant Josep Borrell, mais également la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, la fonction de représentation de l’UE. Et parfois, les trois dirigeants semblent marcher sur leurs plates-bandes.
Et justement, M. Michel exerce son rôle de représentation « depuis le début de son mandat », affirme son porte-parole, et cela ferait « grincer des dents » et « dérangerait » certains diplomates de voir le Conseil européen « jouer sa propre partition à l’international ». « Cette vague injustifiée de critiques à l’encontre de Charles Michel est peut-être aussi liée à cela. »
Une tentative de déstabilisation
M. Michel voit ces critiques comme « une tentative de déstabilisation ou d’intimidation » à son égard, d’une part, et à l’égard du Conseil, d’autre part, a-t-il expliqué à plusieurs médias, ajoutant qu’il préférait qu’on lui reproche d’en faire « trop » plutôt que « pas assez ».
Selon le responsable politique, ces attaques « largement injustifiées et infondées » à son encontre pourraient potentiellement provenir de candidats qui « commenceraient à se positionner » et souhaiteraient donc « mettre de l’ombre » sur lui.
Sur le plateau de RTL, Charles Michel a également indiqué qu’en raison de la guerre en Ukraine notamment, les voyages de la Commission européenne et du Haut représentant de l’Union avaient eux aussi augmenté. Il a déclaré souhaiter que l’UE ne se contente pas de « subir » les événements, mais qu’elle défende ses intérêts.
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