Il y a 100 ans, le 1er septembre 1923, le Japon subissait un tremblement de terre, le séisme du Kantō, qui a ravagé Yokohama et le reste du Kantō et fait 140.000 victimes dont 30 Françaises. À cette époque, la communauté française du Japon ne représentait que 600 personnes, principalement regroupées à Yokohoma. Où en est-on aujourd’hui dans ce pays par rapport à l’immigration ? Pour en discuter, nous avons invité Monsieur Thierry Consigny, Conseiller des Français de l’Étranger du Japon et élu à l’Assemblée des Français de l’Étranger pour l’Asie-Océanie.
Ecoutez le podcast avec Thierry Consigny
« À la différence de l’Europe, l’immigration est liée à des conditions très strictes »
Selon Thierry Consigny, “ dès l’ère Meiji, période durant laquelle le Japon s’est orienté vers une politique de modernisation, celui-ci s’est ouvert à une immigration choisie provenant tout d’abord d’Europe et des Etats-Unis, avant de se tourner progressivement vers les nouvelles économies. Ce pays a toujours été attractif pour de nombreuses communautés étrangères”.
Celui-ci rajoute que “parmi les populations accueillies, deux profils d’immigrés se distinguent essentiellement. Il s’agit principalement de cadres et d’entrepreneurs ou de main-d’œuvre à destination d’usines ou de chantiers. De plus, à la différence de l’Europe, l’immigration est liée à des conditions très strictes et celle-ci est très contrôlée”.
En effet, “parmi les 130 millions d’habitants peuplant cette nation insulaire, on dénombre seulement 3 millions d’étrangers, à savoir moins de 2% de la population”. Toutefois, contrairement à des pays comme la France où l’intégration culturelle représente la “clé du vivre ensemble”, cette notion ne se définit pas de la même manière au Pays du Soleil levant. Dans cette configuration, la “difficulté de la langue”, la singularité de la culture ainsi que les usages codifiés complexifient la totale assimilation des étrangers.
Cela n’empêche pas ces divers groupes de cohabiter en parfaite harmonie avec la population locale, sans pour autant “remettre en cause l’originalité et l’identité des communautés ou le sens profond de l’esprit japonais”. Néanmoins, quel que soit le projet professionnel envisagé, avant de le concrétiser, il est impératif de se documenter sur la culture japonaise et “d’apprendre la langue si l’on souhaite poursuivre une carrière évolutive au Japon”.
Concernant la communauté française, on peut noter que le Japon et la France sont deux pays dont “l’amour réciproque est manifeste”. À ce jour, on considère que la population française du Japon s’élève entre 12000 et 16000 personnes (dont 12000 sont inscrites au Consulat). Celles-ci sont principalement installées dans la circonscription de Tokyo.
« Un bagage intellectuel suscitant l’intérêt des Japonais »
Thierry Consigny souligne que “toute personne souhaitant travailler au Japon doit au préalable obtenir un visa”. Si dans certains lieux, “partir à l’aventure et nouer des contacts” peut favoriser la quête d’un poste, cette manœuvre sera dépourvue d’effets dans ce pays.
Concrètement, il faudra d’ores et déjà posséder un bagage intellectuel suscitant l’intérêt des Japonais. Le “soutien financier conséquent d’une entreprise” sera aussi impératif. Parallèlement, outre la maîtrise de la langue évoquée plus haut, il faudra pour certains postes (ingénieurs dans la recherche, cadres, enseignement…) “disposer de 10 années minimum d’expérience pour prétendre à un visa dans sa catégorie professionnelle. Pour ce qui est du type de visa réservé aux sociétés innovantes et aux jeunes pousses, la preuve d’un patrimoine adéquat devra être fournie. Démontrer le versement à venir d’un revenu conséquent sera également une condition requise”.
Pour toute personne désireuse de se rendre au Japon, que ce soit pour un séjour touristique ou pour s’y installer, Thierry Consigny précise que “même si le Japon est un pays agréable où il fait bon vivre, il est avant tout un pays de règles à la législation stricte” où chacun se doit d’observer un comportement courtois et respectueux vis-à-vis des autres. Il rajoute qu’“À partir du moment où l’on sort des règles, on peut rencontrer d’énormes problèmes”. Quoi qu’il en soit, avant de partir, il est avant tout primordial de “disposer de moyens financiers conséquents et de s’assurer d’être en bonne santé. La souscription d’une assurance est aussi préconisée”.
L’élu affirme que si tous ces conseils sont observés, le séjour ne pourra qu’être idéal. Pour finir, il recommande de “ne pas hésiter à aller vers les gens, à se noyer dans le Japon et à en profiter”.
Français et Françaises du Japon, qui sommes-nous ?
-Un Français ou Française sur 3 à moins de 25 ans ;
-Les 26-40 ans et 41-60 ans représentent respectivement 30% et 27% de la Communauté française du Japon ;
-Les plus de 60 ans ne sont que 6% ;
-On estime la population française du Japon à environ 16,000 personnes, mais seulement 12,000 sont inscrites au Consulat ;
-9,000 ont souhaité s’inscrire sur les listes électorales ;
-Les 3/4 de la Communauté française du Japon vit dans la Circonscription de Tokyo. 1/4 dans celle de Kyoto ;
-Année sur année, la Communauté française est en progression de 6% ;
Cela place le Japon dans le Top 30 des pays préférés des Français pour leur installation à l’étranger ;
-Le Consulat a établi 2,700 titres (Passeports, CNI) en 2022, et on approchera des 3,000 en 2023 ;
-Le Consulat a aussi transcrit 300 mariages et 300 naissances dans la période.
(Source : Présentation de la communauté française et du bilan de l’action consulaire du 20/11/2023)
Auteur/Autrice
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Catya Martin a eu plusieurs vies. Après une carrière dans le groupe Dassault, elle s'envole avec sa famille pour Hong-Kong où elle se pique pour le journalisme et l'expatriation. Elle y crée Trait d'Union et est élue Conseillère consulaire en 2014 et 2021. Elle a créé aussi La French Radio Hong-Kong, partenaire du site Lesfrancais.press
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