Le Green Deal menacé par le résultat des élections européennes, selon des experts environnementaux

Le Green Deal menacé par le résultat des élections européennes, selon des experts environnementaux

La mise en application des textes adoptés dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe (Green Deal) est mise en danger par les résultats attendus des élections européennes de juin, selon une majorité d’experts interrogés par l’Institut pour la politique européenne de l’environnement (IEEP).

L’Institut pour la politique européenne de l’environnement (IEEP) a publié mardi (21 mai) son baromètre du Green Deal, basé sur les réponses de 312 experts en développement durable européens qui ont analysé les progrès des politiques environnementales communautaires.

Une grande majorité (67 %) de ces derniers s’attend à ce que les élections européennes de juin 2024 aient un impact négatif sur la mise en œuvre du Green Deal.

Ce constat est partagé par Eero Yrjö-Koskinen, directeur exécutif de l’IEEP, qui rappelle que les politiques climatiques de l’UE sont de plus en plus soumises à des pressions politiques.

« Les derniers mois ont montré que cette conscience environnementale et climatique commence à s’éroder, et que bon nombre des compromis et accords déjà obtenus sont remis en question par l’industrie, les agriculteurs et les États membres », explique-t-il dans le rapport sur le baromètre.

De plus, l’Agence européenne pour l’environnement a publié en décembre dernier le premier rapport de suivi sur l’achèvement de ces objectifs climatiques. Il en ressort que « l’Europe n’est actuellement sur la bonne voie pour atteindre aucun de ces objectifs ».

La mise en œuvre du Green Deal en danger

Là où il existe un consensus politique, l’Europe a réalisé des progrès significatifs vers la neutralité carbone, par exemple dans le secteur de l’énergie.

Dans ce cas, des circonstances politiques plus larges ont joué un rôle important.

En effet, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a permis à l’Europe d’adopter une position claire et cohérente sur la nécessité de devenir indépendante du gaz russe, via des initiatives telles que REPowerEU, qui visent à stimuler le déploiement des énergies renouvelables.

La fourniture d’une énergie « décarbonée, abordable et sûre », une des priorités du Pacte vert selon les experts interrogés, est considérée par 74 % d’entre eux comme susceptible d’aider l’UE à atteindre la neutralité climatique d’ici 2050.

Si certains accords ont été conclus plus facilement que d’autres, certaines politiques du Green Deal ont été fortement polarisées.

Une grande majorité (67 %) d’experts en durabilité s’attend à ce que les élections européennes de juin 2024 aient un impact négatif sur la mise en œuvre du Green Deal. ©Damian Lugowski/shutterstock.com

Nous pouvons citer le règlement sur l’utilisation durable des pesticides qui a finalement été retiré ou la proposition de loi sur la restauration de la nature qui est toujours en discussion et fait l’objet de fortes attaques politiques et idéologiques.

Selon 62 % des sondés pour le baromètre, l’« engagement insuffisant des gouvernements des États membres » est l’un des principaux obstacles à la transformation du Green Deal en une législation approuvée.

Alors que près d’une centaine de lois relatives au Pacte vert ont été adoptées, les experts en développement durable soulignent dans l’étude que la mise en œuvre du Green Deal au niveau national et local sera cruciale pour avoir un impact réel.

Combler les lacunes sous la prochaine Commission

Le rapport se conclut par une série de recommandations à mettre en place pour la prochaine Commission, visant à améliorer les effets et l’acceptabilité du Green Deal.

Selon l’IEEP, la révision du cadre financier pluriannuel (CFP) pour l’après-2027, qui débutera dès l’année prochaine, sera l’occasion de rediriger plus efficacement les fonds vers les politiques en matière de durabilité, tout en assurant une transition équitable dans tous les secteurs.

De plus, les experts conseillent d’axer les prochaines législations du Green Deal sur la neutralité climatique dans l’agroalimentaire, intervenir à plus grande échelle dans la préservation et la restauration de la nature pour renforcer l’adaptation et la résilience au climat et introduire une nouvelle loi européenne globale sur les ressources matérielles, assortie d’objectifs de réduction de la consommation.

Enfin, le rapport de l’IEEP recommande de renforcer le rôle des citoyens et des organisations de la société civile et de les inclure davantage dans l’élaboration de ces politiques environnementales.

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