Ce sont les médecins qui montent au créneau : « Tout ce qui empêche les gens de vivre, de faire les courses, et donc qui bloque l’économie, est bien plus délétère que l’épidémie elle-même. L’économie, c’est aussi la santé » dit le chef du service Maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris, François Bricaire.
Le gouvernement cherche l’équilibre entre le blocage du pays et les mesures pour éviter la contagion. Ici, on ferme les écoles. Là, non. Partout, les rassemblements de plus de mille personnes sont interdits. Comme en Allemagne. Mais les transports doivent continuer à fonctionner.
De l’autre coté des Alpes, l’Italie assume la mise en quarantaine de tout le nord du pays, son cœur économique : Un quart de la population italienne. Le gouvernement français ne veut pas arriver jusque là. Mais l’OMS salue les « mesures courageuses » italiennes. Comme l’OMS a changé plusieurs fois d’avis, ce n’est pas trop grave, tant que personne ne reproche au gouvernement de ne pas en faire assez.
Le gouvernement, pour l’instant essaie de diffuser ses messages de précaution, de confinement et restrictions à la carte, sans créer de panique. Tout est affaire de dosage. Ne pas en faire trop sans pouvoir être accusé de n’en pas faire assez. Un Conseil de défense (ce qui suppose un recours à l’armée ?) mais des décisions au cas par cas dans les départements..
La société devance parfois les recommandations. Certains portent des masques, comme s’ils étaient déjà malades, mais rares sont ceux qui ont changé leurs mauvaises habitudes d’hygiène. 70% des Français ne se lavaient pas les mains en sortant des toilettes avant la crise. Depuis la crise, ils sont 69% : la marge d’erreur.
Une forte campagne de prévention et d’éducation hygiénique et sanitaire est donc utile, bien au delà du coronavirus. Et contre le coronavirus, c’est peut-être la seule utile et efficace en dehors de l’organisation des soins pour les malades les plus touchés.
Toute la difficulté est dans la gestion du temps. L’idée du gouvernement est qu’il faut tenir le plus longtemps possible sans quarantaine, sachant que le virus passera, du moins on l’espère. Chaleur du printemps, recherche médicale, progression des mesures de prévention… il faut croire que le temps joue contre le virus, ce qui n’est pas scientifiquement certain.
Tout le monde attend donc l’annonce du « stade 3 », sans que personne ne sache vraiment de quoi il s’agit : Simplement de constater que la France est touchée par l’épidémie. Ce qui suppose de privilégier l’accès aux soins et les lits dans les hôpitaux aux personnes les plus gravement touchés, les patients sans gravité restant chez eux (80% des cas).
En fait, le gouvernement prend déjà, progressivement, en fonction des évolutions locales, les mesures prévues en phase 3, mais pas à pas. Ainsi, quand viendra le moment de déclarer le caractère national de l’épidémie, le passage sera en grande partie déjà effectué, et donc moins traumatisant. Surtout, l’annonce de la Phase 4, la décroissance de la contagion, moins long à venir. La Phase 4 : le retour à la normale. Une gestion du temps tout autant que de la maladie.
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