« Ambition, persévérance et passion » : ce sont ces 3 mots qui ont, entre autres, permis aux étudiants français, francophones et francophiles de la London School of Economics (LSE) de lancer, pour la première fois, le French Symposium à Londres. Un événement dans lequel les intervenants ouvrent la voie à une France inspirante ? Plongeons dans l’organisation de ces 3 jours de conférence durant lesquels économie, politique et culture ont été conjuguées au futur.
Le French Symposium : Trois journées exceptionnelles à découvrir, de quoi s’agit-il ?
L’idée d’organiser ce French symposium à Londres a germé dans la tête de l’actuelle Président de la LSE French Society, Camilo Pallasco, qui a pu ensuite la rendre réalité. Ainsi nous a-t-elle confié : « je suis en dernière année à la LSE. Ce symposium est un projet que j’avais en tête depuis mon arrivée il y a trois ans. Mais mettre en place un tel événement est extrêmement complexe lorsqu’on n’est pas en position de leadership. Il faut mobiliser toute une équipe, convaincre et fédérer. Cette année, lorsque j’ai été élu président, j’ai décidé d’en faire l’objectif principal de mon mandat. » Alors pari réussi ?
Le French Symposium s’est donc déroulé sur trois jours de conférences, du 12 au 14 mars 2025 à Londres, avec, pour chaque journée, une thématique différente : Par exemple, explique, Camilo Pallasco, « la journée du 12 était dédiée à la politique et aux affaires étrangères. Le 13 était consacré à l’économie, avec la participation attendue de l’économiste français Nicolas Bouzou. Enfin, le 14 était placé sous le signe de la culture, avec comme invité Kim Pham, administrateur général du Louvre », nous informe l’organisateur.
« Pour approcher Dominique de Villepin (…), j’ai contacté sa fille directement sur Instagram. Étonnamment, la méthode a fonctionné, même si M. de Villepin a finalement décliné l’invitation. »
Camilo Pallasco, Président de la LSE French Society
Et comme pour chaque événement, il a aussi fallu gérer les changements de (quasi) dernière minute : « Initialement, Pierre Moscovici devait également intervenir, mais il a malheureusement annulé sa venue. Et nous devions également recevoir Jules Simpling, fondateur du média Le Crayon, mais il a annulé. » Et il poursuit en nous indiquant qu’ils ont « eu la chance d’accueillir Benjamin Gallezot, délégué interministériel aux matériaux rares, pour clôturer cette journée. Et l’honneur d’accueillir Régis Koetschet, ancien ambassadeur de France en Afghanistan, Chékéba Hachemi, fondatrice de l’ONG Afghanistan Libre, ainsi qu’Agnès Buzyn, l’ancienne ministre française de la Santé. »
Un enjeu majeur : le choix des intervenants
Ainsi les intervenants présents tout au long de ces journées de débats furent de qualité, alors pour une première organisation, comment Camillo Palasco a-t-il pu attirer des personnalités de renom ? « C’est un mélange de connexions personnelles et de recherches très poussées » nous dit-il. « Le meilleur exemple est notre tentative pour approcher Dominique de Villepin. J’ai contacté toutes les universités où il avait fait des interventions. Après avoir été redirigé vers plusieurs personnes sans succès, j’ai finalement décidé de contacter sa fille directement sur Instagram, puisque son compte est public. Étonnamment, la méthode a fonctionné, même si M. de Villepin a finalement décliné l’invitation ». Astucieuse démarche. Quand en passant par la porte cela ne fonctionne pas, le mieux est don de contacter un proche.
Et parmi les intervenants qui ont répondu présents, il y avait Agnès Buzyn qui est venue partager son expérience de ministre de la Santé durant la crise de la Covid-19. Elle a également livré son analyse sur le mandat d’Emmanuel Macron, ainsi que dressé des perspectives sur l’avenir du secteur de la santé en France. Elle a également évoqué la sûreté nucléaire, un domaine qu’elle connaît bien, puisqu’elle a présidé le conseil d’administration de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), devenu aujourd’hui l’autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection.
Nicolas Bouzou : Comprendre les enjeux économiques de demain
Autre panéliste, Nicolas Bouzou, a pu partager certaines perspectives économiques de demain dans un monde aujourd’hui incertain. Reconnu pour son expertise en politiques publiques, innovation et croissance économique, l’intervention de l’économiste et essayiste français était attendue par les participants. Et, outre-Manche, il a notamment planché sur « L’avenir de l’économie française : Déficit, pouvoir d’achat et zone Euro. »
Le fondateur du cabinet de conseil Asterès a d’abord voulu rappeler quelques principes. Souvent sollicité pour intervenir dans des manifestations, Nicolas Bouzou « prête toujours beaucoup d’attention aux invitations lancées par les jeunes, par les universités en particulier. Nous sommes dans un contexte géopolitique et économique qui oblige les experts comme moi à essayer de démultiplier leurs efforts de pédagogie », nous a-t-il indiqué.
« J’essaie, à ma toute petite échelle, de renforcer au maximum les liens entre la France, l’Europe et les pays qui seront nos alliés fiables, à un moment où les États-Unis semblent nous abandonner »
Nicolas Bouzou, économiste, Fondateur du cabinet de conseil Asterès
L’interrogeant aussi sur ce déplacement à Londres, il nous a répondu « Et il y a un autre point très important : j’essaie, à ma toute petite échelle, de renforcer au maximum les liens entre la France, l’Europe et les pays qui seront nos alliés fiables, à un moment où les États-Unis semblent nous abandonner. Cela concerne notamment deux pays : le Royaume-Uni et le Canada, où je me rends aussi très souvent. »
Il a également évoqué une conférence récente à Londres sur l’Ukraine, en présence du Premier ministre britannique Keir Starmer. Le fait que ce sommet se soit déroulé à Londres avec des chefs d’État et de Gouvernement, membres de l’Union européenne est aussi un symbole. Pour Nicolas Bouzou : « il y a un sursaut logique parce que l’Europe se sent menacée, notamment par la Russie, tout en étant lâchée par les États-Unis. L’Union européenne semble enfin adopter une stratégie de puissance, celle de l’autonomie stratégique, que l’on essaie de promouvoir depuis longtemps. »
« Si je voulais pousser un peu la provocation, je dirais que Trump et Poutine ont été, d’une certaine manière, ce qu’il fallait pour réveiller l’Union européenne et aussi nos alliances »
Nicolas Bouzou, économiste, Fondateur du cabinet de conseil Asterès
Et il a poursuivi en disant que « l’Union Européenne n’était pas la seule représentée, puisque la conférence se tenait à Londres. Le Royaume-Uni était présent, bien évidemment, mais aussi le Premier ministre canadien. Je pense que c’est extrêmement positif. Et si je voulais pousser un peu la provocation, je dirais que Trump et Poutine ont été, d’une certaine manière, ce qu’il fallait pour réveiller l’Union européenne et aussi nos alliances. » Tout en insistant également sur l’importance d’inventer un nouveau modèle d’alliance entre l’Europe et le Royaume-Uni, qui dépasse le simple statut de pays tiers, ainsi que de renforcer les collaborations avec des pays comme le Canada.
Nicolas Bouzou et les Français de l’étranger
Enfin, concernant les Français de l’étranger, l’économiste a répondu à notre média en exprimant son « admiration pour ceux qui choisissent de vivre ailleurs : les Français de l’étranger ont bien raison, il n’y a rien de mieux que de se décentrer et de partir vivre à l’étranger » constate-t-il.
« Personnellement, je regrette de ne jamais avoir eu cette expérience de vivre à l’étranger »
Nicolas Bouzou, économiste, Fondateur cabinet de conseil Asterès
Et le concernant, il « regrette de ne jamais avoir eu cette expérience, même si je voyage beaucoup. Nous vivons une époque marquée par une sorte de géopolitisation de la mondialisation, avec un rétrécissement des échanges. Pour moi, il est absolument capital de maintenir et même de développer les coopérations, les relations et les mouvements de personnes entre les pays alliés. Je ne saurais trop encourager les Français à aller vivre à Londres ou ailleurs, tout comme les Britanniques à venir dans les pays de l’Union européenne. » Et, depuis Londres, il estime que « la relation entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, ou entre la France et le Royaume-Uni… C’est formidable. » !
Le French Symposium : une initiative destinée à perdurer ?
Si le symposium a rencontré un franc succès cette année, Camilo Pallasco a déjà des ambitions pour l’avenir. L’objectif est clair : « L’idée est véritablement d’institutionnaliser le French Symposium. Ici, à la LSE, nous avons déjà deux sociétés nationales qui organisent des symposiums chaque année : la German Society, qui le fait depuis environ 25 ans, et la Italian Society, qui en est à une dizaine d’années. »
« Créer une véritable institution qui deviendrait le LSE French Symposium »
Camilo Pallasco, Président de la LSE French Society
L’ambition de Camilo est de voir le French Symposium devenir un rendez-vous annuel et incontournable, ambitionne-t-il et de « créer une véritable institution qui deviendrait le LSE French Symposium ». Et le chemin semble tracé : « Cette année, avec trois amis, nous avons fondé une association d’étudiants baptisée The French Four. Elle regroupe les French Societies des universités de Cambridge, Oxford, Imperial College et LSE. L’an prochain, l’idée est de poursuivre cette collaboration interuniversitaire pour peut-être développer un French Symposium commun sous la bannière de The French Four. C’est un projet qui mérite réflexion. » et nul doute qu’avec ambition, persévérance et passion, cette initiative en train de germer deviendra, en 2026, une réalité !
Auteur/Autrice
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Alexander Seale est franco-britannique. Né et habitant au Royaume-Uni, il est correspondant pour lesfrancais.press, LCI (France) et LN24 (Belgique) à Londres.
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