Ce discours de politique général de François Bayrou marque-t-il déjà la fin d’un vœu pieux : celui de faire de nos expatriés des Français comme les autres ! En effet, en 85 minutes de prise de parole, à aucun moment, le Premier Ministre n’a prononcé les mots de « Français de l’étranger ». Est-ce un oubli de sa part ? Doit-on d’ores et déjà s’inquiéter de la façon dont les Français de l’étranger seront traités dans les futurs travaux du gouvernement ? La question se pose. En attendant, on fait le point sur les expatriés sur ce qu’il fallait retenir du discours de politique générale de François Bayrou !
La réforme des retraites « remise en chantier »
Le Premier ministre a déclaré vouloir faire face à « l’urgence » que présente la « précarité budgétaire » entraînée par le rejet du budget en fin d’année 2024. Pour « trouver des voies de passage », « la première urgence » est de « répondre à la question des retraites qui occupe le débat public », a estimé François Bayrou, qui a annoncé une « remise en chantier » de la réforme.
Au centre des tensions, la révision de l’âge de départ, fixé à 64 ans par la loi de 2023. François Bayrou a défendu mardi une réforme « vitale » en raison du « lourd problème de financement de notre système de retraites ». Mais face aux contestations, François Bayrou a décidé d’adopter une « méthode inédite et quelque peu radicale ».
Le chef du gouvernement va demander « une mission flash à la Cour des comptes, de quelques semaines » pour obtenir des « chiffres indiscutables » sur les retraites. Une « délégation permanente » sera créée, avec les « partenaires sociaux », dans les mêmes bureaux, « pendant trois mois à dater du rapport de la Cour des comptes ».
« Nous pouvons rechercher une voie de réforme nouvelle, sans aucun totem et sans aucun tabou, pas même l’âge de la retraite, à condition qu’elle réponde à l’exigence fixée », a déclaré François Bayrou. En l’absence d’accord à l’automne, la réforme actuelle continuera de s’appliquer, a-t-il précisé.
Des budgets « repensés »
Soulignant le « surendettement » de la France, François Bayrou a estimé que « tous les partis de gouvernement, sans exception, ont une responsabilité » dans cette situation. « Cette dette est une épée de Damoclès au-dessus de notre pays et de notre modèle social », a ajouté le Premier ministre, en accusant « tous les partis d’opposition » de demander « sans cesse des dépenses supplémentaires », ce qui produit un « tango fatal qui nous a conduits au bord du précipice ».
La France vise un déficit public à hauteur de 5,4% de son PIB en 2025, supérieur à la projection du précédent gouvernement (5%), et abaisse sa prévision de croissance à 0,9% cette année contre 1,1% avant que Michel Barnier ne soit renversé, a annoncé le nouveau Premier ministre, François Bayrou.
Face à ces données, le président du Modem a estimé qu’il fallait « repenser tous nos budgets » et annoncé « la création d’un fonds spécial entièrement dédié à la réforme de l’État » et à sa réorganisation. François Bayrou a notamment estimé que les « 1.000 agences ou organes de l’État » actuels constituent « un labyrinthe dont un pays rigoureux peut difficilement se satisfaire ».
Ce fonds sera financé par des actifs « en particulier immobiliers, qui appartiennent à la puissance publique de façon à pouvoir investir, par exemple dans le déploiement de l’intelligence artificielle dans nos services publics », a-t-il déclaré dans sa déclaration de politique générale.
Vers une dose de proportionnelle ?
Dénonçant la « stratégie » de Jean-Luc Mélenchon de « faire de tout sujet un conflit », il a jugé que le « pluralisme » politique est « légitime » mais qu’il doit être « organisé ». François Bayrou souhaite la création d’une « banque de la démocratie », pour que les partis ne dépendent plus de « banques privées » mais que le financement puisse relever « d’organismes publics, placés sous le contrôle du Parlement ».
Il a également évoqué la question de la proportionnelle, disant vouloir « avancer sur la réforme du mode de scrutin » législatif. Cette réforme, « probablement », « nous obligera à reposer en même temps la question de l’exercice simultané d’une responsabilité locale et nationale », a ajouté le Premier ministre, suscitant la protestation de nombreux députés à gauche, plus de dix ans après la suppression du cumul des mandats lors de la présidence de François Hollande.
Réguler l’immigration
Le Premier ministre a affirmé sa « conviction profonde » que l’immigration est « une question de proportion ». « L’installation d’une famille étrangère dans un village pyrénéen ou cévenol, c’est un mouvement de générosité qui est suscité et qui se déploie, des enfants fêtés et entourés à l’école, des parents qui reçoivent tous les signes de l’entraide. Mais que trente familles s’installent et le village se sent menacé », a déclaré François Bayrou.
Celui-ci a donc insisté pour une « politique de contrôle, de régulation et de retour dans leur pays de ceux dont la présence met en péril, par leur nombre, la cohésion de la nation ». Il souhaite, pour cela, « réactiver » le comité interministériel de contrôle de l’immigration et « mieux user de notre aide au développement, en retrouvant dès 2026 une trajectoire dynamique ».
Le retour des gilets jaunes
François Bayrou a souhaité « reprendre l’étude des cahiers de doléances » rédigés à l’issue des débats qui avaient suivi les manifestations des « gilets jaunes », un mouvement « négligé » selon lui.
Les « gilets jaunes » ont « dénoncé l’état qu’ils ressentaient de notre société », « la division du pays entre ceux qui comptent et ceux qui ne comptent pas », mais « la promesse française suppose que nous puissions abattre le mur qui existe entre les uns et les autres », a affirmé le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale.
Parcoursup ? La fin
« Parcoursup est une question« , a déclaré François Bayrou, en estimant nécessaire d' »ouvrir les portes » et d' »inventer la période de l’année d’articulation entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur ».
« Vouloir sélectionner précocement, sans qu’aient mûri l’esprit et les attentes, je pense que c’est une erreur, en tout cas une faiblesse », a estimé devant l’Assemblée nationale le chef du gouvernement, critiquant en creux la plateforme post-bac d’orientation lancée en 2018.
Les normes agricoles remises en question
Le Premier ministre a mené une charge contre les contrôles et les normes environnementales auxquels les agriculteurs sont soumis, allant jusqu’à qualifier de « faute » les inspections « avec une arme » de l’Office français de la biodiversité.
« Je m’engage (…) à ce que nous remettions en question les pyramides de normes en donnant l’initiative aux usagers. Ceux que l’on contrôle doivent avoir leur mot à dire sur les contrôles », a-t-il déclaré au lendemain d’une rencontre avec les principaux syndicats agricoles, remontés après un an de mobilisation.
La santé mentale : grande cause nationale en 2025
François Bayrou a par ailleurs confirmé que la santé mentale sera la grande cause nationale en 2025, comme l’avait annoncé son prédécesseur Michel Barnier. Face aux « crises » que connaît le système de santé, le gouvernement proposera « une hausse notable » de l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) pour « améliorer les conditions de travail des soignants et de protéger les plus fragiles ».
Alors que le précédent gouvernement avait annoncé une baisse du remboursement des médicaments, avant de revenir dessus à la demande du Rassemblement national, « la mesure de déremboursement de certains médicaments et des consultations ne sera pas reprise », a fait savoir François Bayrou.
Et les Français de l’étranger
Comme on l’a dit au début de cet article, le nouveau locataire de Matignon n’a pas eu un mot pour les Français de l’étranger. Il faut dire que son discours marqué par les idées du XXème siècle démontre que François Bayrou n’a pas pris conscience du changement d’époque. Les Français quittent le pays mais le lien avec ces derniers ne sera pas une priorité de ce gouvernement. Mais dans les annonces faites, certaines auront des conséquences pour les Français de l’étranger. Comme la retraite, pour ceux qui ont une partie de leur carrière en France et le reste à l’international, le maintien ou non de la réforme aura un impact. Autre point, Parcoursup, que les familles trouvaient peu adapté à leurs situations, parfois, pénalisant même les candidats.
Pour le reste, Lesfrancais.press a pu vous partager une interview de Laurent Saint-Martin, le ministre délégué aux Français de l’étranger dans laquelle il présentait ses priorités. Si ce dernier a déclaré dans nos colonnes son opposition à tout impôt lié à la nationalité,il devra sans doute, rapidement, réaffirmer la cause de nos compatriotes vivant hors de France auprès de Matignon et des parlementaires. Car ce ne sont pas les dossiers qui manquent, tant au niveau scolaire, social, culturel, mais sécuritaire, fiscal, … et aussi ceux liés au retour dans l’hexagone. Il serait incompréhensible de laisser de côté près de 3.000.000 de nos ressortissants qui restent attachés à leur pays. Et pourtant, François Bayrou n’en a aujourd’hui pas parlé dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.
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