Frédéric Peti
t, député de la 7ème circonscription des Français établis hors de France (l’Europe centrale et orientale dont l’Allemagne, les Balkans, la Pologne, la République Tchèque), élu MODEM et membre de la majorité présidentielle, nous a accordé un long entretien, franc et sans concession. La réforme des institutions, politique européenne, l’assemblée des français de l’étranger…
« il y a trop d’assemblées consultatives » – Frédéric Petit
M. Petit, qui a participé à la semaine de l’AFE (Assemblée des Français de l’étranger), souligne que certains de ses collègues n’ont pas saisi l’utilité de cette instance et de ses membres, comme dans le cadre du débat national où ils ont été actifs mais finalement peu écoutés par Paris. Alors que ces élus de proximité sont d’un grand avantage à ses yeux, l ’AFE crée « de la compétence citoyenne, des personnes qui travaillent et qui apportent un témoignage mais ne sont pas forcément dans la revendication mais deviennent des spécialistes. Il s’agit de gens très compétents. »
Pour M. Petit cependant, « il y a trop d’assemblées consultatives mais il est intéressant de voir des citoyens engagés. Il serait utile d’avoir des représentations moins éclatées. Mais l’idée d’avoir des corps intermédiaires de citoyens qui deviennent des spécialistes est une bonne chose ». Une manière de légitimer une assemblée, l’AFE, qui est parfois dénigrée par d’autres élus nationaux.
Les élus consulaires, un rôle flou à Paris mais un atout pour les Français résidant à l’étranger
Sur la loi de 2013, qui réforme les instances des Français hors de France, M. Petit souhaite une évolution, en particulier sur les conseillers consulaires qui ne sont pas définis dans le texte, « et leur rôle est flou malheureusement pour eux et pour nos compatriotes à l’étranger« . Il souhaite travailler à des circonscriptions avec 3 à 6 conseillers pour plus de cohérence. Aussi il regrette qu’aucune pédagogie n’est été mise en place sur le mandat de conseiller consulaire et celui-ci n’est, donc, pas toujours compris du citoyen. Alors que pour Frédéric Petit, ils ont « un regard affuté et exigeant sur qu’est-ce que souhaitent nos citoyens de la circonscription« .
Une opposition farouche au projet de réforme institutionnelle
« je suis plus que réservé – et c’est un euphémisme – concernant la circonscription monde, je suis pour la réduction du nombre de députés mais contre la circonscription monde »
Sur la possibilité d’une réforme institutionnelle, et en particulier au passage à une circonscription unique pour le monde lors de l’élection des députés des Français résidents hors de France, M. Petit est catégorique: « je suis plus que réservé – et c’est un euphémisme – concernant la circonscription monde, je suis pour la réduction du nombre de députés mais contre la circonscription monde, pour une dose de proportionnelle à l’assemblée nationale globale mais cela doit rester des circonscriptions, je suis un bon député parce que j’y habite, nous éloignerions les gens, on perdrait le lien fort qu’on est en train de construire« . Une position qui va donc à l’encontre des annonces de la majorité concernant cette réforme importante annoncée du quinquennat.
« Je suis un bon député parce que j’y habite » – Frédéric Petit
Une circonscription diverse avec des enjeux majeurs
Concernant sa circonscription, M. le député a beaucoup à dire et notamment sur la Pologne qu’il connait particulièrement bien pour y avoir résidé plus de 20 ans. Sur le parti au pouvoir, le « PiS », il est assez sévère: « Pour exister, le PiS a besoin de créer du clivage et n’hésite pas, pour cela, à jouer sur les peurs anciennes – celle du communisme – et à désigner de nouveaux boucs émissaires, notamment l’Europe accusée de vouloir imposer sa vision libérale. Il doit cependant composer avec une société polonaise profondément européenne ».
Concernant la stratégie européenne à adopter, le député Petit se positionne pour la création d’un nouveau groupe centriste au Parlement européen, il déplore que les représentants de la majorité, comme le M. Europe de la majorité, le député du Benelux Anglade, aient rencontré des partis locaux assez marginaux. Cela a sans doute contribué à la déception relative lors de la tentative de constitution d’un large groupe centriste au Parlement européen, faute d’appuis majeurs dans les urnes et donc parmi les élus européens.
Le député Petit garde donc son indépendance, en tant qu’élu MODEM et ne s’aligne pas sur tous les sujets avec la majorité présidentielle. Engagé et expatrié depuis de longues années, il prône la proximité et la connexion avec le citoyen la plus directe.
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