Le convoi de la liberté à Bruxelles, une aventure française ?

Le convoi de la liberté à Bruxelles, une aventure française ?

Après un rassemblement à Paris samedi 12 février, les convois ont fait escale à Lille dimanche 13. Avant de prendre la route pour Bruxelles. Quel fut l’accueil du convoi de la liberté ?

Des manifestations redoutées par les autorités belges

Ce lundi 14 au matin, le mouvement faisait la une de la presse belge. Les matinales des radios étaient majoritairement consacrées à l’événement. Le bourgmestre (maire) de la ville de Bruxelles était interrogé sur la radio de service public, et détaillait le dispositif policier mis en place, indiquant son inquiétude concernant la gestion de manifestants français à la culture contestataire bien éloignée des Belges, et citant à l’appui de ses dires le mouvement passé des Gilets jaunes, qui n’a jamais véritablement essaimé au plat pays.

La manifestation de ce lundi, qui n’avait pas fait l’objet d’une demande d’autorisation, a été interdite, et les différents niveaux de pouvoir, très complexes, se sont pour une fois accordés. Ainsi des voitures de police étaient disposées aux différentes portes d’entrée de la ville. Tandis que les camions, interdits d’entrer, étaient invités à rejoindre un grand parking au nord de Bruxelles, près du stade du Heysel, tristement célèbre pour le drame qui s’y produisit dans les années 80.

Cap sur l’Europe

Un journaliste du célèbre quotidien francophone Le Soir présent sur place indiquait que les manifestants prenaient le métro pour rejoindre le quartier Européen, où siègent les institutions. 

Deux endroits y sont emblématiques : le parvis du Parlement européen, place du Luxembourg, et le quartier Schuman avec son rond-point qui mène au Conseil, et au bâtiment principal de la Commission, le Berlaymont, un grand paquebot dont le visuel est bien connu car servant de toile de fond aux interviews des télévisions des quatre coins de l’Europe. 

Profitant de la pause déjeuner, un important dispositif policier fut déployé : des camions autopompes, des policiers quadrillant l’espace, des barbelés, un hélicoptère et même un drone survolant un ciel bleu. Et au final, des journalistes étaient présents sur le rond-point, mais encore aucun manifestant… Une ambiance quelque peu surréaliste. 
Mais à 14h, environ 200 personnes sont arrivées et se sont postées devant l’entrée du parc du Cinquantenaire, où est érigée une arche qui n’est pas sans rappeler l’arc de Triomphe à Paris. 

En parallèle, une centaine de manifestants se sont regroupés dans le bas de la ville, dans le quartier historique, autour de la célèbre place Sainte-Catherine, où il y eut quelques échauffourées. 

Les drapeaux français présents en masse

Alors que les convois arrivaient d’autres pays européens, beaucoup de participants se réclamaient du mouvement des Gilets jaunes, et arboraient des drapeaux bleu-blanc-rouge, parfois frappés de la croix de Lorraine, ainsi que des drapeaux de régions de France.

“Je viens de France, de Clermont-Ferrand, j’ai pris le convoi jusqu’à Paris, et je suis monté à Bruxelles, pour défendre nos libertés, pour militer contre l’installation du passe vaccinal partout en Europe, contre la dictature qui s’installe, pour défendre  nos droits, pour défendre aussi le pouvoir d’achat qui baisse, et surtout vraiment contre la dictature qui est à nos portes, et les gens ne s’en rendent pas compte. C’est important d’être là aujourd’hui à Bruxelles devant les institutions européennes, pour défendre nos droits, nos libertés, à tous, à nos enfants, on ne veut pas que nos enfants soient piqués, attention je ne suis pas contre la vaccination, je suis contre ce soi-disant vaccin qui est en réalité une thérapie génique dont les tests ne sont pas terminés, mais je ne suis pas une “antivax”. 

Karine, manifestante française
Français arrivés à Bruxelles avec le convoi de la liberté le 14 février 2022

Quelques Belges étaient aussi présents. Mais certainement bien peu voire aucun Français de Belgique, ceux-ci ayant auparavant globalement exprimé sur les réseaux sociaux leur désaccord envers ce mouvement à quelques exceptions près.

“J’ai 33 ans, je suis expatrié français en Belgique depuis 2 ans et contrairement à la majorité de mon entourage je soutiens passivement (je n’irai pas manifester) le mouvement des convois de la liberté. Surtout sur la revendication contre le passe sanitaire ou Covid Safe Ticket (CST) en Belgique qui est une mesure liberticide injustifiable. On entre dans une société du contrôle permanent. Je pense que le gouvernement Macron instrumentalise le passe alors qu’aujourd’hui il est considéré comme inutile et abandonné par de nombreux pays. Mais comme il a été difficile à mettre en place, Macron ne souhaite pas se désavouer en le retirant. Il le retirera en avril avant l’élection ce qui est là encore une instrumentalisation. Je tiens à préciser que je ne suis pas anti vax que je suis vacciné moi même avec CST à jour, que j’ ai un master en business et que je suis chef d’ entreprise. Car d’après le gouvernement si on pense ça alors on est soit pas assez éduqué soit anti vax. Je pense être ni l’un ni l’ autre. Concernant les différences entre les 2 pays, je constate que la Belgique qui était plus souple et flexible sur les mesures au début, s’est hélas progressivement alignée sur la France.”

Témoignage de Fabien, recueilli sur Internet, via le plus important groupe Facebook de Français de Belgique « L’Union des Français de Belgique »

A 16 heures la police bruxelloise annonçait sur Twitter la dispersion des regroupements et la levée des barrages filtrants alors que le dernier cri (le plus régulièrement scandé) “Liberté” résonnait encore.

Au final, cette journée aura eu fort peu de succès, surtout en regard de la manifestation du dimanche 23 janvier, qui quant à elle rassembla des dizaines de milliers de personnes à Bruxelles. 

Mais certains manifestants ont décidé de ne pas abandonner aussi vite, ainsi de nombreux véhicules ont décidé alors de quitter Bruxelles pour se rendre à Strasbourg, l’autre capitale de l’Union européenne. 

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