Le Bitcoin, la tulipe des temps modernes.

Le Bitcoin, la tulipe des temps modernes.

Dans les Provinces-Unies au début du XVIIᵉ siècle, une importante crise financière est survenue autour des bulbes de tulipes. La crise des bulbes de tulipes, également connue sous le nom de « Tulipomanie« , est souvent considérée comme l’une des premières bulles spéculatives documentées de l’histoire.

Les tulipes, introduites en Europe depuis l’Empire ottoman au XVIᵉ siècle, sont rapidement devenues un symbole de richesse et de prestige, particulièrement en Hollande. La rareté de certaines variétés, notamment celles avec des motifs complexes, a provoqué une hausse de la demande. Les prix ont progressé rapidement. Au point qu’un bulbe de tulipe pouvait valoir plus cher qu’une maison. Les acheteurs et les vendeurs échangeaient souvent des contrats à terme pour acquérir des bulbes à une date ultérieure, pariant sur la hausse continue des prix. Ces échanges se sont multipliés jusqu’en février 1637, lorsqu’une enchère n’a trouvé aucun acheteur. Les spéculateurs, pris de panique, ont commencé à vendre leurs contrats à perte. La notion de « Tulipomanie » est, depuis, souvent utilisée comme un avertissement contre les dynamiques spéculatives irrationnelles, où la valeur des actifs dépasse largement leur valeur intrinsèque.

« L’encours des cryptomonnaies atteint 4 000 milliards de dollars, soit plus que la capitalisation de la place boursière de Paris ».

En 2024, la question de la valeur intrinsèque peut également se poser pour l’or ou le Bitcoin. Depuis l’élection de Donald Trump le 5 novembre dernier, le Bitcoin a connu une forte appréciation, dépassant les 100 000 dollars. Ce qui porte sa hausse sur l’année à plus de 130 %. Début décembre, l’encours des cryptomonnaies atteint 4 000 milliards de dollars, soit plus que la capitalisation de la place boursière de Paris (3 200 milliards de dollars).

L’encours des cryptomonnaies atteint 4 000 milliards de dollars, soit plus que la capitalisation de la place boursière de Paris.
L’encours des cryptomonnaies atteint 4 000 milliards de dollars, soit plus que la capitalisation de la place boursière de Paris.

L’augmentation du cours du Bitcoin s’explique par le nouvel engouement de Donald Trump pour les cryptoactifs. Il entend déréglementer le marché et a nommé Paul Atkins, avocat et responsable d’un groupe de défense des cryptomonnaies, à la tête de la Securities and Exchange Commission, le principal régulateur financier américain. La proposition de Cynthia Lummis, sénatrice républicaine, de créer une réserve gouvernementale d’un million de bitcoins peut paraître incongrue. Mais elle est sérieusement envisagée. Le Bitcoin serait ainsi placé aux côtés de l’or comme valeur refuge officielle.

Le succès du Bitcoin en 2024 provient également de la distribution d’ETF reproduisant son cours. Au troisième trimestre de l’année, le fonds négocié en bourse Bitcoin de BlackRock était devenu le quatrième plus important ETF dans le monde des fonds spéculatifs. Avec une position longue d’une valeur de 3,8 milliards de dollars. Selon une étude de PwC et de l’Alternative Investment Management Association, 47 % des hedge funds traditionnels ont investi, en 2024, dans des actifs numériques, contre 21 % en 2021.

Attention à l’excès de confiance sur les cryptomonnaies

Malgré tout, certains signaux rappellent que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. L’ETF VanEck Digital Transformation, qui investit dans un ensemble d’entreprises liées aux cryptomonnaies, est en baisse de plus de 40 % par rapport à son record de 2021. Le prix plancher des jetons non fongibles (NFT) émis par CryptoPunks sur la blockchain Ethereum a augmenté de 20 % cette année. Mais il reste en baisse de près de 70 % par rapport à son sommet de 2021.

L’institutionnalisation des cryptoactifs devrait aboutir, dans les prochaines années, à un lissage de leurs cours. Ces derniers obéiraient de plus en plus aux dynamiques des marchés traditionnels et seraient plus dépendants d’autres indices qu’auparavant.

Des corrélations ont déjà été constatées entre le cours du Bitcoin et l’indice Nasdaq qui ont tendance à évoluer en parallèle. La création de monnaies digitales de banques centrales pourrait profondément rebattre les cartes. Les banques centrales deviendraient alors les moteurs des marchés des cryptoactifs.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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