Le 11 septembre, ces Français morts dans les attentats

Le 11 septembre, ces Français morts dans les attentats

A la suite des attentats terroristes perpétrés le 11 septembre dernier contre le World trade center à New York, quatre ressortissants français ont officiellement été déclarés « disparus » par les autorités américaines. Aucune victime française n’a été déplorée dans l’attentat contre le Pentagone à Washington. Mais qui étaient-ils ? Comment les familles ont-elles été accompagnées ?

Michel Colbert, 38 ans

De sa fenêtre du New Jersey, sur l’autre rive de l’Hudson, sa mère a vu les tours flamber et s’effondrer. Son père, qui était à Manhattan ce matin-là, a couru des kilomètres avant de s’arrêter à l’hôpital Saint Vincent, espérant le voir apparaître. Michel apparaissait si souvent… Il descendait chaque dimanche soir, une bonne bouteille à la main, les deux étages qui séparaient son appartement de celui de ses parents. Marie, américaine, et Raymond Colbert, un Français arrivé à New York durant la dernière guerre, quinze ans patron de Thomson-CSF aux Etats-Unis, trouvaient dans leur fils unique une fierté quotidienne : un bachelier du Lycée français diplômé de la prestigieuse Wharton Business School ; un trader coté, l’un des meilleurs de Cantor Fitzgerald, doublé d’un athlète aux yeux verts lumineux. Michel était ceinture noire de judo, avait une passion pour le ski et la plongée, et un bel entrain pour les virées nocturnes. «Il aimait les montées d’adrénaline», résume Laurence, l’une de ses amies. Ce baroudeur blasé des serpents d’Amazonie riait parfois de ses phobies des incendies et des ascenseurs.

Danielle Delie, 47 ans

Le 11 septembre, elle se trouvait au 92e étage du 1 World Trade Center, dans les bureaux de sa société, la compagnie d’assurances Marsh et Mc Lennan. De longue date, elle habitait aux Etats-Unis mais, pour ses amis, elle conservait des goûts typiquement français : Danielle aimait le bon vin et la mode. Ses parents, Marcel et Aimée, sont originaires de Gourin (Morbihan), une petite ville dont bon nombre d’habitants ont émigré aux Etats-Unis au début du siècle.

Thierry Saada, 26 ans

Il attendait la naissance de son fils. Le 11 septembre 2001, Thierry Saada, un grand gaillard sportif, amateur de water-polo, a quitté son petit appartement de l’East Village, pour se rendre, vers 8 heures, au 104e étage du 1 World Trade Center. Trois mois auparavant, il avait décroché un poste de courtier chez Cantor Fitzgerald. Sa mère, Martine, se disait que l’aîné de ses six enfants avait réussi. Qu’elle n’avait plus à s’inquiéter pour lui. Le fils de Thierry, Lior («ma lumière» en hébreu), est né le 27 septembre 2001. La famille Saada est la seule à ce jour à avoir déposé une plainte en France pour «assassinat en relation avec une entreprise terroriste». Sans esprit de vengeance : «On ne peut pas inculquer la haine à nos enfants», souligne dignement Martine Saada.

Jérôme Lohez, 30 ans

Cet ingénieur informaticien, diplômé de l’Ecole pour l’informatique et les techniques avancées, en région parisienne, était chargé de mettre au point des programmes pour la société d’assurances Empire Blue Cross and Blue Shield. Cet amoureux des compositeurs russes a rencontré sa femme, Dening, sur un campus américain. Le couple s’était installé dans le New Jersey, face à Manhattan, en 1999.

Une cinquième victime, Jude Moussa, 35 ans, d’origine libanaise, longtemps considérée comme française, était en réalité de nationalité américaine.

11 septembre
Attentat du 11 septembre 2001

Le fonds de garantie

Le ministère des Affaires étrangères a officiellement informé, par courrier, les familles des quatre victimes françaises. Conformément aux dispositions du décret n° 89-800 du 27 octobre 1989 relatif à l’indemnisation en France des victimes d’actes de terrorisme, le ministère des Affaires étrangères a communiqué au Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et autres infractions, les coordonnées des ayants droit des quatre ressortissants français déclarés officiellement disparus. Le Fonds de garantie décide, en toute indépendance, de la suite à réserver aux dossiers qui lui sont soumis concernant en particulier le montant de l’indemnisation à verser aux victimes ou à leurs ayants droit. 

S’agissant des différentes formes d’indemnisation dont pourraient bénéficier, aux Etats-Unis, les familles des victimes, il ressort de l’enquête effectuée par le consulat général de France à New York qu’un certain nombre de services se mettent en place tant aux divers échelons publics (ville de New York, Etat de New York, gouvernement fédéral) que du côté privé et associatif. Le département fédéral de la justice devrait, devant l’ampleur des ressources mobilisées, créer une banque de données globalisée. 

Par ailleurs, de nombreux fonds sont constitués par les employeurs, les associations, les assureurs (« The 11th september fund », « Survival’s fund »). La solidarité se manifeste aussi à travers les services bénévoles de nombreux cabinets d’avocats, d’agents immobiliers, etc. 

Toutes les familles concernées bénéficient du même accès aux différents fonds d’indemnisation quelle que soit leur nationalité. Le consulat général de France à New York a accompagné les familles des Français disparus dans ces attentats pour réaliser les procédures qui leur étaient ouvertes.

Auteur/Autrice

  • Chantal Julia

    Chantal Julia est maitre de conférence en Suisse. Après plusieurs années à l'Université de Lettre Paris 1, Chantal a suivi son compagnon à Lausanne où elle enseigne toujours la littérature française. Elle écrit pour différents magazines universitaires et Lesfrancais.press

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