Alors même que les élèves reprennent le chemin de l’école, ce douzième rendez-vous « ReflexeS » pose déjà la question de l’avenir des établissements tricolore hors de France. Cette plateforme collaborative dédiée à l’enseignement français à l’étranger, coordonnée par la sénatrice des Français établis hors de France Samantha Cazebonne, vient en effet d’organiser son webinaire de reprise. Le titre de celui-ci : « l’AEFE, dos au mur ? ». Provocation dans un climat déjà sensible ou réalité du réseau ? Pour les participants, l’alternative est claire : l’AEFE, se réformer ou disparaître ?
Les écoles françaises à l’étranger : une situation financière complexe
Organisé en partenariat avec la FAPEE (Fédération des associations de parents d’élèves des établissements d’enseignement français à l’étranger), ce rendez-vous de la plateforme ReflexeS poursuivait un double objectif : d’une part, rappeler la situation financière actuelle du réseau de l’enseignement français à l’étranger (AEFE) ; d’autre part, lancer un appel à toutes les bonnes idées de réforme.
« La situation budgétaire actuelle du pays a un impact direct sur
les Français de l’étranger, et l’AEFE n’y échappe pas »
Samantha Cazebonne, sénatrice des Français établis hors de France
Comme l’a indiqué la sénatrice des Français établis hors de France, Samantha Cazebonne, dans ses propos introductifs, « la situation budgétaire actuelle du pays a un impact direct sur les Français de l’étranger, et l’AEFE n’y échappe pas ». C’est ainsi que lors du dernier exercice budgétaire, une baisse des crédits alloués au réseau de l’enseignement français à l’étranger a été adoptée et intégrée au budget 2025.
Pour faire face à cette situation, l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) a, en juillet dernier, proposé de transférer aux établissements la charge des pensions de retraite des personnels enseignants, ce qui aurait notamment entraîné une hausse des frais de scolarité. Cette proposition avait toutefois heurté plusieurs partenaires de la communauté éducative. Alerté, Laurent Saint–Martin, ministre délégué au Commerce extérieur et aux Français de l’étranger, avait alors reporté la tenue du conseil d’administration de l’AEFE. Avant l’été, Lesfrancais.press avait révélé cette séquence dans un article intitulé « le calme avant la tempête ».
Une AEFE en danger : quel dialogue possible ?
« Une AEFE en risque (…) nous devons réformer
en prenant grand soin d’assurer les échanges pour le faire »
Laurent Saint-Martin,
ministre délégué au Commerce extérieur et aux Français de l’étranger
Au cours de son intervention, le membre du gouvernement a insisté sur la nécessité de garantir la « pérennité du modèle économique » de l’AEFE, en lui donnant « une trajectoire de recettes et de dépenses soutenable, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », a–t–il affirmé. Aussi, il appelle l’ensemble des acteurs de l’enseignement français à l’étranger (et d’ailleurs) à contribuer à une réflexion d’ensemble tout en voulant favoriser le dialogue. Laurent Saint-Martin a déclaré ceci dans un contexte d’« une AEFE en risque » dans lequel « (nous) devons réformer en prenant grand soin d’assurer les échanges pour le faire ».
L’évolution du réseau de l’enseignement français à l’étranger s’impose donc en cette rentrée 2025. Comme l’a également rappelé le ministre délégué lors de son intervention, si « la réforme ne se fait pas toujours de façon simple », l’objectif prioritaire reste « la sauvegarde de (notre) réseau ».
Pour conduire ces transformations, Laurent Saint–Martin appelle à « une remontée (de terrain) pour recueillir les meilleures idées possibles », en s’appuyant notamment « sur des initiatives locales qui coûtent moins cher et qui marchent mieux ». Parallèlement, un groupe de travail a été lancé, réunissant des représentants du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), de l’Éducation nationale et de Bercy. Au cours de ce webinaire, le ministre délégué a également annoncé le recours à une mission d’accompagnement extérieure pour cette réforme afin d’aborder, entre autres, les sujets des statuts, des relations AEFE–établissements, des priorités diplomatiques de la France, des frais de scolarité, pour « repenser et réformer un modèle à bout de souffle ».
Vers une réforme de l’AEFE sans tabou ?
Pour Samantha Cazebonne, « on a tous à balayer devant notre porte avant de critiquer les autres », ajoutant que « nous avons tous une part de responsabilité ». Il s’agirait alors de proposer des évolutions concrètes dans un contexte budgétaire resserré. Du côté des parents, Brice Bultot, président de la Fédération des associations de parents d’élèves des établissements d’enseignement français à l’étranger (FAPEE), demande « qu’il n’y ait pas de tabou dans les solutions à proposer » pour l’évolution de l’AEFE. Il affirme que sa structure entend aussi « préserver le réseau d’enseignement français à l’étranger face à la concurrence » et donc réfléchir à « mieux vendre » les établissements auprès des familles, afin d’en renforcer l’attractivité.
Si le débat est ouvert et que tout un chacun à la possibilité de faire remonter des nouvelles idées, quelques pistes ont déjà été évoquées en conclusion de ce webinaire. Pour la sénatrice Samantha Cazebonne « le risque à éviter » serait « de réduire la réforme à une seule équation budgétaire ».
Auteur/Autrice
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Jérémy Michel est rédacteur en chef adjoint du média Lesfrancais.press. Il est également coach en développement personnel et formateur en communication. Jérémy a auparavant travaillé au sein de diverses institutions politiques françaises et européennes. Il a aussi été en charge des affaires publiques d’un grand groupe spécialisé dans la santé.
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