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Renaissance européenne : L’appel d’Emmanuel Macron en faveur d’une « renaissance européenne » a suscité des réactions dans toute l’Europe. Certains ont salué les propositions de réforme de l’UE, alors que d’autres ont gardé leurs distances ou accusé le président français d’être irréaliste et d’utiliser l’Europe pour servir ses propres objectifs politiques.
Dans l’est de l’Europe, la tribune d’Emmanuel Macron a certainement suscité des discussions sur l’avenir de l’Europe. Bien qu’en désaccord avec cette vision, certains pays de Višegrad ont vu dans son intervention l’occasion d’ouvrir le débat tant attendu sur l’Europe. Mais elon eux, ce débat ne devrait pas conduire à plus d’Europe, mais plutôt à moins d’Europe.
En Allemagne, le Spitzenkandidat du PPE aux élections européennes, Manfred Weber, s’est félicité de la proposition de modifier les traités en supprimant, par exemple, la règle de l’unanimité dans les affaires étrangères. De même, le ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas, a déclaré au Tagesspiegel que la proposition était opportune avant les européennes : « Emmanuel Macron donne une impulsion très précieuse » au débat, a-t-il dit.
Contrairement aux élus, le secteur des affaires allemand dit « Nein ». Le conseil économique, organisation traditionnellement liée à la CDU et représentant plus de 11 000 entreprises, estime que si le président français parle de liberté, il favorise en réalité davantage d’institutions, de bureaucratie et de protectionnisme. « Les idées d’Emmanuel Macron sur l’Europe sont façonnées par les réglementations, les interdictions, le protectionnisme et les nouvelles institutions », lit-on dans un communiqué.
La lettre ouverte française a reçu une réponse discrète au Royaume-Uni, élus et commentateurs ayant tendance à se concentrer sur ses dernières critiques à l’égard du Brexit plutôt que sur les projets de réforme de l’UE. Henry Newman, directeur du groupe de réflexion Open Europe, proche de nombreux ministres conservateurs, a averti Emmanuel Macron que son « arrogance risque d’exacerber les problèmes de l’Europe sans les résoudre […] vous aggravez les divisions sans les aborder ».
Pour les pays d’Europe de l’Est, l’appel du président français est l’occasion de tracer des frontières claires entre deux camps opposés en vue des élections européennes de mai prochain. Un bras de fer entre deux avenirs européens possibles.
En Pologne, l’eurodéputé Ryszard Legutko, de l’ultra conservateur PiS (affilié au CRE), a déclaré que les propositions montraient que « l’autre camp » – c’est-à-dire les libéraux ou les partis de gauche – était « en panique ». Il estime aussi que l’idée d’une « Agence pour la protection des démocraties » « fait peur ».
Aucun homme politique polonais de l’opposition n’a abordé cette question jusqu’à présent, mais le chef du Conseil de l’UE, Donald Tusk, lui-même polonais, partage la vision du dirigeant français et a tweeté : « Tous ceux qui se soucient de l’UE devraient coopérer pendant et après les élections européennes. La renaissance de l’Europe doit commencer maintenant ». La coalition pro-européenne récolte pour l’instant la majorité des intentions de vote en Pologne.
Le Premier ministre tchèque, Andrej Babiš (ANO-ALDE), a pour sa part déclaré que les propositions étaient « totalement déconnectées de la réalité ». « J’ai remarqué que lorsque la France dit ‘plus d’Europe’, cela signifie en fait ‘plus de France’ », a-t-il indiqué. « Mais ce n’est pas la voie à suivre. Nous sommes tous égaux en Europe. »
En Slovaquie, le Premier ministre socialiste, Peter Pellegrini, a salué les mesures proposées, tandis que le parti d’opposition conservateur SaS (CRE) a jugé que le président français « faisait du tort » à l’Europe. Ses membres soulignent évidemment le soutien français aux quotas de réfugiés, auxquels ils s’opposent farouchement. Ils voient aussi dans nombres des suggestions un potentiel de multiplication du fardeau bureaucratique.
Assez étonnamment, le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, s’est montré moins critique, peut-être dans une tentative de modérer son discours anti-UE avant une réunion cruciale du PPE le 20 mars, lorsque son futur au sein du parti sera discuté.
« Cela pourrait marquer le début d’un débat européen sérieux […] dans les détails, bien sûr, nous avons des divergences de vues, mais l’important ne sont pas ces divergences, mais que cette initiative offre un bon point de départ à un dialogue sérieux et constructif sur l’avenir de l’Europe », a-t-il déclaré à Reuters.
En Roumanie, le dirigeant du parti socialiste au pouvoir, Liviu Dragnea, est d’accord sur le fait que l’UE devrait revenir aux valeurs sur lesquelles elle est née, mais il n’a pas manqué cette occasion de s’en prendre à son adversaire politique, le président Klaus Iohannis.
En Croatie, les partis politiques ont évité de prendre vraiment position publiquement. Les socialistes et les libéraux ont plutôt réagi positivement tandis que le centre droit était plus prudent.
L’eurodéputé libéral Ivan Jakovčić a déclaré qu’Emmanuel Macron était « courageux » de proposer des mesures radicales dans cette période difficile, alors que Miro Kovač, un politicien de centre droit et président de la commission parlementaire des affaires étrangères, a estimé que cette lettre qui arrive trois mois avant le scrutin ne fait que servir des intérêts électoraux français
« Emmanuel Macron se bat contre la droite en France et veut envoyer un message sur l’orientation européenne de son parti. L’attitude ‘L’Europe, c’est moi’, que l’on peut lire entre les lignes, est répugnante pour certains. »
LONDRES
Pas de solution sur le filet de sécurité : Le porte-parole de la Commission, Margaritis Schinas, a déclaré mercredi qu’à l’heure actuelle, des pourparlers « difficiles » ont réduit à néant toute avancée sur le filet de sécurité irlandais.
« Les discussions ont été difficiles et aucune solution n’a été trouvée qui soit compatible avec l’accord de retrait, y compris le protocole sur l’Irlande du Nord qui, comme vous le savez, ne sera pas rouvert », a révélé le porte-parole, après que le négociateur européen sur le Brexit, Michel Barnier, eut informé les fonctionnaires de la Commission sur l’état des négociations. (Samuel Stolton, Euractiv)
ROME
Flirt avec Pékin : L’Italie pourrait être le premier membre du G7 à se joindre à l’initiative chinoise « Belt and Road », a déclaré le secrétaire d’État Michele Geraci au Financial Times. La Commission européenne n’a pas voulu faire de commentaire, mais un porte-parole a averti que tous les États membres doivent « assurer la cohérence [de leurs engagements] avec la législation et les politiques de l’UE et respecter l’unité de l’UE dans la mise en œuvre des politiques européennes ». Les États-Unis se sont inquiétés de cette implication possible dans l’énorme projet chinois d’infrastructure. (Gerardo Fortuna, Euractiv)
PRAGUE
Signature du pacte fiscal : Le président tchèque, Miloš Zeman, a finalement signé le Pacte fiscal – le document de coordination des politiques économiques au sein de l’UE. La République tchèque était le dernier État membre de l’UE à rester en dehors du pacte, avec le Royaume-Uni. La ministre des Finances, Alena Schillerová, a déclaré que l’adhésion permettrait à la République tchèque de participer aux sommets de la zone euro. (Aneta Zachová, Euractiv République tchèque)
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