La vie éternelle, le dernier rêve 

La vie éternelle, le dernier rêve 

À la veille de sa mort en 1603, à quelques mois de ses 70 ans, la Reine Elisabeth Ire déclara « tous mes biens pour un instant ». Une des femmes les plus riches de son époque ne put repousser l’heure de sa disparition. Aujourd’hui des milliardaires et des chercheurs entendent pouvoir allonger de manière significative l’espérance de vie. Les moyens dépensés pour y parvenir sont conséquents. Les recherches menées soulèvent cependant des questions éthiques, d’autant plus que les résultats sont encore faibles.

120 ans demeure une frontière difficilement dépassable

Chaque année depuis 1950, l’espérance de vie moyenne dans le monde a augmenté de 18 semaines. Au sein des pays occidentaux, elle se situe aujourd’hui autour de 80 ans. Les pays émergents rattrapent rapidement ces derniers. En 2050, la planète comptera 3,7 millions de centenaires, soit trois fois plus rapporté au nombre d’habitants en 2015. L’espèce humaine n’est pas sans limites. Seul un centenaire sur 1000 vivra au-delà de 110 ans, 120 ans demeure une frontière difficilement dépassable. Le record de Jeanne Calment de 122 ans est même sujet à caution. Ces dernières années, l’espérance de vie est en recul dans plusieurs pays dont les États-Unis. L’espérance de vie en bonne santé tend à augmenter moins lentement que celle à la naissance. 

Des milliardaires comme Peter Thiel, co-fondateur de PayPal, Larry Page et Sergey Brin, co-fondateurs de Google, ou encore Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, investissent dans des laboratoires de recherche qui étudient les moyens de ralentir le vieillissement. En mars 2023, Sam Altman, directeur d’OpenAI, a révélé avoir investi en 2021, 180 millions de dollars dans Retro Biosciences, une société de la Silicon Valley fondée dans le but d’ajouter dix ans à l’espérance de vie humaine en bonne santé. 

La lutte contre le vieillissement est un marché en pleine progression qui attire de réels chercheurs mais aussi des charlatans à la recherche de gains rapides.

Vie éternelle
La modification des gènes est un art difficile

Des cellules souches personnalisées, qui restent éternellement jeunes

Aux États-Unis, la Food and Drug Administration refuse de reconnaître la « vieillesse » comme un état pathologique, et donc comme une cible thérapeutique appropriée pouvant donner lieu à des aides publiques et à une couverture sociale. Néanmoins, des progrès sont réalisés. Des expériences menées par plusieurs laboratoires de recherche ont réussi à allonger de manière substantielle la durée de vie de souris. La modification des gènes ouvre de nouveaux horizons à la recherche. L’accès à de grandes quantités de données sur les séquences génétiques, la capacité de produire des cellules souches personnalisées, qui restent éternellement jeunes permettent aux chercheurs de travailler sur de nouvelles options thérapeutiques. Des outils de diagnostic offrent également aux scientifiques les moyens de calculer les « âges biologiques » des corps et des organes et de les comparer aux âges réels du calendrier. Cela permet d’expliquer les facteurs de vieillissement et de trouver des solutions pour le ralentir. 

La modification des gènes est un art difficile. Des chercheurs ont prouvé que des gènes impliqués dans la maladie d’Alzheimer offrent un avantage reproductif aux jeunes. Les supprimer ou les modifier pourrait porter atteinte à la fertilité. Des recherches sont menées afin de faciliter la réparation interne du corps en jouant sur les gènes. Cela sera sans nul doute une voie à approfondir à condition que les gènes se transmettent de génération en génération sans effets négatifs. La plupart des gènes ont des variantes, appelées allèles, fruit de mutations héréditaires. Les centenaires ont en règle générale de telles variantes qui expliquent leur longévité. Ces mutations expliquent pourquoi les centenaires sont moins susceptibles de mourir d’un cancer ou d’une maladie cardiaque que les octogénaires.

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La biotechnologie : un axe de recherche important

Alimentation, exercice, sommeil

Cela suggère que les personnes qui vivent longtemps peuvent le faire parce qu’elles bénéficient d’une forme de protection relativement rare contre les maladies qui tuent les jeunes personnes âgées. Mais ces mutations ne constituent pas une garantie contre toutes les maladies. Une étude de l’établissement d’enseignement supérieur britannique, King’s College, a révélé que les centenaires étaient bien souvent vulnérables aux pneumonies. 

La biotechnologie est également un axe de recherche important. Une équipe de l’Université d’Harvard, menée par le chercheur George Church, estime que la lutte contre le vieillissement nécessite d’intervenir sur plusieurs cibles en même temps. Elle s’intéresse notamment à la question de l’accumulation de protéines aberrantes qui accélèrerait la maladie d’Alzheimer et sur les inflammations chroniques. Au-delà de ces recherches, parmi les explications de la longévité demeurent les facteurs liés à l’alimentation, à l’exercice et au sommeil. Ce triptyque offre l’avantage d’être moins coûteux que les solutions en cours d’expérimentation par les différentes équipes de chercheurs et plus faciles à diffuser auprès des populations.

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