La taxe inflationniste, un prélèvement qui ne dit pas son nom

La taxe inflationniste, un prélèvement qui ne dit pas son nom

Depuis 2015, les épargnants qui ont investi leurs liquidités essentiellement en produits de taux subissent une taxation indirecte du fait de taux d’intérêt faibles. Avec l’inflation, leur situation ne s’améliore pas. Ils sont rejoints par tous ceux qui détiennent des liquidités. Le rendement réel une fois prise en compte l’inflation est négatif d’au minimum quatre points, ce qui est sans précédent depuis le début des années 1980.

Répression financière 

Les épargnants et les détenteurs de liquidités sont ainsi confrontés à un processus qualifié de « répression financière ». Les Européens depuis la fin de l’année 2021 subissent la taxe inflationniste qui est un prélèvement sur la valeur réelle des encaisses monétaires. 

Cette inflation atteint plus de 9 % du PIB, ce qui est sans précédent depuis le début du siècle. Elle se situait entre 2002 et 2019 entre 0 et 2 points de PIB. Les porteurs d’obligations supportent également un prélèvement par le fait que les taux d’intérêt à long terme sont inférieurs à l’inflation qui atteint 8 % du PIB.

La taxation cachée se monte à 15% 

Au total, la taxation cachée se monte à 15,7 % du PIB de la zone euro. Elle taxe essentiellement les épargnants modestes, qui n’ont pas accès aux actifs financiers (actions, parts d’entreprise, immobilier) qui protègent contre l’inflation. 

Les États européens sont dans les fait assez complaisants vis-à-vis de cette inflation qui réduit en valeur relative l’endettement public. 

La taxe inflationniste vient en lieu et place des prélèvements obligatoires dont le niveau relatif est orienté à la baisse. Il représente 40 % du PIB, contre 42 % en 2020. Ces prélèvements avaient fortement augmenté au sein de la zone euro de 2010 à 2019 en passant de 38 à 41 % du PIB.

Les gouvernements préfèrent la taxe masquée de l’inflation 

Face à l’hostilité des opinions, les gouvernements préfèrent la taxe masquée de l’inflation qui permet d’accroître le montant des recettes publiques et le montant du PIB en nominal. Sur le plan macro-économique, les pouvoirs publics espèrent également que cette taxe aura un effet moindre sur la consommation qu’un relèvement des prélèvements. Ce raisonnement a pour limite les comportements d’épargne des ménages. 

Ces derniers peuvent être incités à épargner davantage pour reconstituer la valeur réelle de leur patrimoine. Ils peuvent également maintenir un effort élevé d’épargne par crainte de l’avenir. Pour faire face à des dépenses qui coûteront de plus en plus chères demain, il faut se constituer des réserves plus importantes.

Les ménages plus que les entreprises 

Le taux d’épargne en zone euro n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant crise sanitaire. L’épargne de précaution, notamment en France, reste élevée. 

La taxe inflationniste porte essentiellement sur les ménages, les entreprises détenant peu d’obligations. Ces dernières sont moins pénalisées que les premiers surtout si elles ont la capacité de répercuter les hausses de prix. 

L’inflation serait une remise à niveau du niveau de revenus des ménages par rapport aux capacités de création de richesses du pays.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel

    Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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