La réforme du corps diplomatique rejetée par le Sénat

La réforme du corps diplomatique rejetée par le Sénat

La réforme du corps diplomatique, à l’origine d’une grève rarissime au Quai d’Orsay début juin, risque en l’état d’affaiblir le rayonnement de la France à l’international et doit être suspendue le temps de lui adjoindre, a minima, des garde-fous, préconise un rapport du Sénat présenté mardi.

«Cette réforme n’apporte aucune amélioration, bien au contraire, au statut et à l’efficacité de nos diplomates»

Christian Cambon, président (LR) de la commission des Affaires étrangères du Sénat lors d’une conférence de presse à Paris.

Le rejet d’une réforme voulue par Macron

Voulue par Emmanuel Macron, la réforme de la haute fonction publique crée un nouveau corps d’administrateurs de l’Etat et prévoit que les hauts fonctionnaires ne soient plus rattachés à une administration spécifique mais soient, au contraire, invités à en changer régulièrement tout au long de leur carrière.

Grévistes en juin 2022 à Paris en train de manifester à Paris ©AFP

Pour les quelque 700 diplomates directement concernés par la réforme, cela se traduit par une fusion puis une «mise en extinction» progressive d’ici à 2023 des deux corps historiques de la diplomatie française, ministres plénipotentiaires (ambassadeurs) et conseillers des Affaires étrangères.

Des diplomates qui ne seront plus des experts

En clair, ces deux corps pourront désormais être pourvus par des administrateurs de l’État – et non plus pour une grosse partie d’entre eux par des diplomates de formation – une évolution qui fait notamment craindre à ses détracteurs une perte d’expertise sur le terrain et en négociation et à terme une crise des vocations.

« L’application de la réforme fragilise l’appareil diplomatique français et affaiblira le rayonnement de la France qui tient son rang de puissance du Conseil de sécurité des Nations unies de l’excellence de ses personnels diplomatiques plus que de ses performances économiques ou militaires»

Les sénateurs Jean-Pierre Grand (Les Indépendants – République et Territoires) et André Vallini (Socialiste, Écologiste et Républicain) dans leur rapport

Mettre en place des garde-fous

Face à ce constat, la commission du Sénat appelle à «suspendre» l’application de la réforme, à «prendre le temps d’ouvrir un dialogue approfondi avec les personnels» et à mettre en oeuvre huit de ses préconisations conçues comme des garde-fous.

Le rapport recommande notamment de poser comme condition pour devenir chef de mission diplomatique «d’avoir exercé pendant au moins trois ans des fonctions de numéro deux de mission diplomatique» – une exception pour 20% des postes d’ambassadeurs pourrait toutefois être prévue.

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