40 ans après l’abolition de la peine de mort en France, par François Mitterand avec la loi du célèbre avocat et homme politique Robert Badinter, 483 exécutions ont eu lieu dans 18 pays. L’Iran, l’Egypte, l’Irak et l’Arabie saoudite ont concentré l’année dernière près de 88 % des exécutions dans le monde.
Pas de pause Covid-19 pour les bourreaux
Faisant fi des problèmes sans précédent posés par la pandémie de COVID-19, les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont poursuivi impitoyablement les exécutions, ce qui les fait figurer au rang des pays qui ont exécuté le plus de condamné(e)s au monde en 2020, écrit Amnesty International dans son rapport annuel sur la peine de mort dans le monde.
« Tout au long de l’année 2020, des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont persisté, de façon glaçante et impitoyable, à procéder à des mises à mort alors même que la plus grande partie de la planète s’attachait à protéger la vie face à un virus mortel »
Heba Morayef, directrice régionale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
Globalement, le nombre d’exécutions recensées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a chuté de 25 %, passant de 579 en 2019 à 437 en 2020, soit le niveau le plus bas enregistré depuis une décennie. Ce recul est largement dû à une très forte baisse des exécutions en Arabie saoudite (moins 85 %), ainsi qu’à une diminution de plus de la moitié en Irak.
Cependant, cette tendance à la baisse est éclipsée par une forte hausse des exécutions recensées en Égypte, où leur nombre a plus que triplé, passant de 32 en 2019 à 107 en 2020. Ce pays a ainsi pris la place de l’Arabie saoudite au troisième rang mondial des pays procédant au plus grand nombre d’exécutions. Un pic a notamment été enregistré dans les exécutions en octobre et en novembre, mois durant lesquels les autorités ont mis à mort au moins 57 personnes – soit près du double du nombre total de personnes exécutées en Égypte pendant toute l’année 2019.
L’Iran a procédé à 246 exécutions au moins, conservant sa place de premier pays de la région en termes de nombre d’exécutions, et de deuxième pays au monde après la Chine.
Le Qatar a procédé à sa première exécution depuis 20 ans – celle d’un ressortissant népalais, Anil Chaudhary – et Oman a exécuté quatre personnes alors qu’aucune mise à mort n’avait eu lieu dans le pays depuis 2015. Il s’agit là de retours en arrière préoccupants.
La Chine, la banalisation de la peine de mort
La Chine est probablement le pays qui pratique le plus la peine de mort, soit par injection létale, comme beaucoup d’États américains, soit par exécution par balle, celle-ci étant à la charge de la famille du condamné à mort. Il n’y a pas de chiffres officiels, seulement des estimations selon des ONG. En 2002, c’était 12 000 condamnations à mort, en 2019 un millier et probablement un peu moins actuellement.
La Chine exécute ses ressortissants, ainsi que des étrangers. Le 10 août 2021, un Canadien reconnu coupable de trafic de drogue a été condamné à mort. Il attend dans les couloirs de la mort. Il n’y a pas de débat en Chine. Publiquement, personne n’ose en parler. Mais le Parti communiste souhaite sans nul doute conserver la peine capitale et n’a aucune intention de l’abolir, comme la France il y a 40 ans.
30 pays pratiquent encore la peine de mort
Les trois derniers pays à avoir aboli la peine de mort sont des Etats africains : Malawi et Sierra Leone en 2021, Tchad en 2020. De fait, le Malawi n’avait pas procédé à des exécutions depuis 1992 et la Sierra Leone depuis 1998. Au Tchad, la dernière exécution remonte à 2015.
Aux USA aussi
Dans son programme électoral, le président américain élu, Joe Biden, promet « d’éliminer la peine de mort au niveau fédéral et d’inciter les Etats à suivre cet exemple ». Jusqu’au bout de son mandat, Donald Trump aura, lui, défendu la peine capitale : treize personnes ont été exécutées par la justice fédérale sous son mandat, du jamais vu en cent vingt ans. Surtout, l’administration républicaine a renoué en juillet, dans les derniers mois du mandat de Donald Trump, avec une pratique suspendue depuis 17 ans. Au même moment les Etats reportaient toutes les exécutions en raison de la crise sanitaire due au Covid-19.
Des expatriés dans les couloirs de la mort
7 expatriés sont actuellement condamnés à la peine de mort et attendent en prison, en Chine, en Indonésie mais aussi aux USA leur exécution. Leurs familles essaient actuellement d’obtenir leur transfèrement en France afin d’éviter une fin radicale pour nos compatriotes.
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