L’année 2021 marque le 40e anniversaire de l’adoption de la loi contre le racisme et la xénophobie en Belgique. Cependant, malgré les efforts de lutte contre le racisme et la discrimination ethnique, le nombre de signalements liés à des caractéristiques dites raciales a augmenté de presque 50 % en 2020.
Après les élections législatives de 2019, la montée du Vlaams Belang (VB) tirait la sonnette d’alarme tandis que le parti nationaliste d’extrême droite devenait le deuxième parti en Flandre, derrière la N-VA, parti séparatiste d’extrême droite.
D’une manière générale, le sérail politique belge s’oppose à toute coopération avec le Vlaams Belang.
Le parti a appelé à l’expulsion des « étrangers » qui n’adhèrent pas à ce qu’il perçoit comme les normes culturelles flamandes, qualifiant d’« étrangers » tous les binationaux. Les expatriés français ne sont pas épargnés.
Si le VB et la N-VA restent tenus à l’écart du gouvernement fédéral pour le moment, plusieurs analystes laissent entendre qu’ils pourraient sortir victorieux des élections de 2024.
« Caractère structurel »
Selon l’Unia, une institution publique indépendante qui lutte contre la discrimination et défend l’égalité des chances en Belgique, « le nombre de signalements liés à des caractéristiques dites raciales a augmenté de 49,5 % pour atteindre 3 684 l’année dernière ».
« Tous ces chiffres et exemples de situations individuelles ne sont que l’illustration du caractère structurel des discriminations raciales qui traversent notre société. Nous ne pouvons y voir que des cas isolés », a déclaré Patrick Charlier, directeur d’Unia à l’occasion de la journée mondiale contre le racisme.
En 2020, suivant l’initiative de l’ancienne Première ministre belge Sophie Wilmès, la Belgique a mis sur pied la conférence interministérielle contre le racisme afin d’améliorer la coordination des actions lancées par les différentes autorités du pays.
« Il est encourageant de constater que les autorités belges œuvrent enfin à l’élaboration d’un plan d’action national de lutte contre le racisme », a poursuivi M. Charlier, ajoutant que « 2021 a tout pour devenir un tournant positif, du moins si les responsables politiques mettent leur engagement en pratique et transforment les paroles fortes en actions concrètes ».
« Le point clé au niveau politique est le suivant : il faut admettre le fait que notre société est confrontée à un problème de discrimination structurelle. »
M. Charlier
Transition en Flandre
En 2008, la Flandre a introduit sa propre loi antidiscrimination. Toutefois, d’après De Standaard, seuls 14 cas ont été portés à l’attention des juridictions compétentes en la matière.
« Le cadre juridique flamand transpose les directives européennes sur l’égalité des traitements et va même plus loin », a fait savoir Tom De Bruyne, membre du département de l’égalité des chances, de l’intégration et de l’intégration civique du gouvernement flamand en Belgique.
En septembre 2019, le nouveau gouvernement flamand a annoncé qu’il arrêterait de coopérer avec l’Unia à partir de 2023 pour créer une institution flamande de lutte contre les discriminations.
Certains voient dans cette décision des traces du Vlaams Belang, indique De Morgen.
« L’accord de coalition flamande d’octobre 2019 met un terme à la coopération avec Unia en mars 2023, soit après la fin de l’entente de coopération actuelle »
M. De Bruyne
D’après M. Charlier, la décision fait également suite au fait que le gouvernement flamand « refuse » de reconnaître la discrimination structurelle dans le pays, ce qui n’a fait qu’exacerber les tensions au sein de l’organisation.
« Étant donné que nous mettons en avant la discrimination structurelle et les problèmes afférents, le VB ou la N-VA se montrent réticents à l’idée de prendre part à un processus interfédéral comme Unia et préfèrent qu’une institution flamande soit compétente en la matière »
M. Charlier
D’après Unia, la Belgique est à la traîne dans la lutte contre la discrimination sur le marché du travail.
L’été dernier, les législateurs flamands ont adopté une résolution réclamant un système indépendant et académique qui permette de déterminer s’il y a discrimination ou racisme dans les divers domaines de la société.
Néanmoins, les partis de gauche dans l’opposition se sont dits « déçus » que la majorité rejette l’instauration de tests de situation sur le marché de l’emploi et celui de la location de logements.
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