Grèce, Algérie, Turquie, Italie… la Méditerranée brûle. Demain le Portugal, le Var ou la Corse. Avec l’Australie, la Californie, le Canada ou la Russie, le rapport du GIEC expliquera que les catastrophes ne font que commencer. Sauf qu’en Méditerranée on peut agir tout de suite.
Celui qui croit que la taxe carbone éteindra les incendies est un vrai croyant ou un grand naïf
Celui qui croit que la taxe carbone, les droits de douane verts, la limitation de la croissance éteindront les feux est un vrai croyant ou un grand naïf. Jamais l’humanité ne choisira la décroissance, c’est à dire la pauvreté. La transition énergétique serait-elle un luxe de riche ? L’inverse : quand elle parie sur l’économie, elle est une source de richesse.
La Cour des Comptes européenne estime à 11 200 milliards d’euros le coût de la transition énergétique à l’échelle de l’Europe entre 2021 et 2030, soit 1 120 milliards € par an. D’autres estimations sont plus élevées. Quand on voit ces chiffres, à moins de rester dans le déni, on est obligé d’inventer de nouvelles technologies et de nouveaux outils financiers pour avancer vite.
Inventer de nouvelles ingénieries financières
Investir dans les énergies nouvelles, rénover les bâtiments, ou construire des immeubles à zéro énergie est un investissement rentable à terme. Comme tout investissement, il peut trouver un financement : pourquoi ne pas émettre des « bonds énergétiques à terme », gagées sur les économies futures réalisées ?
Un nouveau marché pourrait naître à partir de ces « obligations vertes », des investissements nouveaux voir le jour dés maintenant, à la simple condition de sécuriser le gain à venir, ce que peuvent faire les Etats.
Donner une valeur sûre aux économies d’énergie futures
Il serait alors possible de financer en France des travaux considérables en matière d’efficacité énergétique à cette condition de donner une valeur sûre aux économies d’énergie réalisées. Sécuriser juridiquement les économies d’énergie permet de les transformer en produits financiers et autorise immédiatement des investissements considérables. Un fonds de garantie pourrait être créé pour favoriser l’émergence de ce nouveau marché. Dans tous ces domaines, il faut faire vite.
Car la Méditerranée brûlera encore l’été prochain. On ne peut pas attendre que le climat change en son changement. On doit aussi prévenir et s’adapter.
Face aux catastrophes annoncées, il est urgent de s’organiser. Aux accords historiques à long terme, aux discours éclairés succédant aux discours catastrophistes, miser sur l’action directe, avec des moyens immédiats, innovants, semble préférable. A tel point que voir une Cop s’avancer finit par inspirer méfiance. Des postures, de l’émotion, du bidon. L’action, c’est l’innovation dans tous les domaines : économie, technologie, finance; et aussi la mutualisation des moyens, la diffusion des techniques, des outils et des savoirs.
Assistance mutuelle pour la protection civile
La France a envoyé des Canadairs à l’aide de la Grèce, de l’Italie, de l’Algérie, bravo. 350 membres de la sécurité civile sont sur plusieurs théâtres d’opération extérieurs. Merci. Depuis les années 50, la France a conclu des accords de coopération et d’assistance mutuelle pour la protection civile avec 42 pays, y compris avec la Chine, sur tous les continents. Chaque année, 400 formations -planification, gestion de crise, techniques de secours et d’intervention- sont organisés.
Depuis 20001, l’Union Européenne a créé le Mécanisme Européen de Protection Civile (MEPC) qui regroupe 34 pays, pour aider les victimes de catastrophes. Parmi les experts de l’union européenne, 160 Français.
Le mécanisme est déclenché à la demande d’un État et le Centre européen de réaction d’urgence (ERCC) organise la mise en commun des ressources (matériel, experts, équipes de terrain, modules d’intervention…) proposées par les États membres. Cet été, l’Union européenne a mobilisé quatorze avions, trois hélicoptères, 1300 pompiers et 250 véhicules. Une révision du Mécanisme européen a été décidée en 2018 : créer une réserve de moyens de sécurité civile au niveau européen pour compléter les moyens des États membres, le projet « RescEU ».
Un Fonds stratégique international pour la Méditerranée
Des avions bombardiers d’eau, des pompes hydrauliques, des équipes de recherches, des équipes médicales d’urgence, RescEU constituera une force européenne d’intervention rapide.
La Commission finance les nouvelles acquisitions : Deux appareils ont été acquis pour le compte de la Suède en 2020. La France devrait acquérir deux avions dans le cadre d’un appel d’offres européen de vingt Canadairs. Enfin l’Europe peut compter sur ses satellites d’observation et pourrait aider à la constitution d’un réseau d’alerte.
Tout cela est bel et bon, mais lent. Et trop limité. Un accord global de sécurité civile avec tous les pays de la Méditerranée s’impose. Ce serait le premier pas d’un accord politique général pour sauver la Méditerranée. Avec un Fonds stratégique international pour la Méditerranée. Car si elle a déjà rendez-vous avec le feu l’été prochain, elle subit, tous les jours de l’année, un lent et certain processus de destruction biologique. La France devrait prendre de telles initiatives. Elle en a besoin, elle en a les moyens, elle en même le devoir.
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