Les élections locales, début juin, avait donné une large victoire à la Nouvelle Démocratie, le parti de la droite classique grecque, qui a largement gagné à Athènes, comme la plupart des régions du pays. Cette victoire a été confirmée aux élections européennes : Syriza, le parti du Premier ministre Tsipras au pouvoir étant relégué dix points derrière. Tout le monde s’attendait donc à une victoire aux législatives de Nouvelle Démocratie et de son jeune leader, Kyriakos Mitsotakis. Ils l’ont eue. Celui-ci appartient à une famille politique bien connue des Grecs, puisque son père a été Premier ministre, sa sœur ministre des Affaires étrangères et son neveu est maire d’Athènes. Voici le retour de l’ancien monde.
Comment est-ce possible ? La Grèce semble revenue sur une trajectoire positive. Le chômage -toujours le record de la zone euro- est en baisse. Le solde budgétaire -hors dette- est positif, et les taux d’intérêt connaissent leur plus bas historique, signe de la confiance retrouvée des observateurs et investisseurs étrangers.
Objectivement, Tsipras a plutôt bien réussi, il a surtout, avec ses volte face et son charisme, fait accepter aux Grecs ce que personne n’avait réussi à leur faire accepter : une cure d’austérité. Sauf que les efforts demandés par Tsipras ont été plus grands encore que ceux que demandaient les anciens partis au moment de la crise. Plus on tarde, plus c’est difficile. Et Tsipras ne l’avait emporté que par un discours ultra démagogue de gauche radicale, de rejet de l’austérité, de « non » à l’Europe, et fit l’inverse.
Certains louent son sens des responsabilités (c’est le cas de François Hollande), d’autres moquent son cynisme et sa trahison (comme son ancien ministre Varoufakis). Il est vrai que Tsipras n’hésita pas à s’allier avec les Grecs Indépendants, droite souverainiste exclue de « Nouvelle Démocratie ». Tsipras a donc beaucoup déçu et redonné de la crédibilité aux anciens partis, puisqu’il n’a trouvé d’autres solutions que celles qu’ils avaient voulu mettre en œuvre et qu’il avait violemment combattues.
Mitsotakis va donc lui succéder en obtenant seul la majorité absolue (158 sièges sur 300), ce qui était peu probable. En tout cas que cette fois, ni l’extrême droite ni l’extrême gauche ne profitent de ces élections. A voir.
Mitsotakis a fait campagne sur un programme économique libéral, annonçant baisses d’impôts, retour de l’investissement et création d’emplois. Un retour en quelque sorte aux fondamentaux de « Nouvelle Démocratie », parti fondé contre la dictature par Karamanlis, l’ami de Giscard d’Estaing, sur la base d’un « libéralisme radical ».
Un retour du classicisme en Grèce, c’est aussi normal qu’inattendu.
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