Gerald Darmanin a beau répéter que les impôts baissent, les Français ne le croient pas. D’un coté, ils ont tort. Les recettes fiscales cette année, comptée en septembre, sont en baisse de quelques milliards. De l’autre, ils ont raison. Cette comptabilité est en partie faussée par le prélèvement à la source. Le taux de prélèvements, en 2018, est resté stable, selon l’OCDE, par rapport à 2017, à 46%. Ce qui signifie, comme le PIB a augmenté que la pression fiscale n’a pas baissé et que les recettes ont augmenté. Le Ministre des Comptes Publics peut toujours dire qu’il parle de 2019, avec la suppression de la taxe d’habitation. En 2018, pourtant déjà, le gouvernement avait annoncé des baisses d’impôts : (ISF, Taxe d’habitation, CICE). Aussitôt compensées par des hausses (CGS, taxes écologiques). Ce qui explique que les baisses d’impôts n’ont pas eu d’effet. Et que les Français doutent.
La France a donc conservé sa première place parmi les plus riches de la planète, ceux de l’OCDE. Et du monde, car ce sont les pays dits « capitalistes » qui sont aussi les plus fiscalisés, (comme quoi les vieux schémas ne veulent pas dire grand-chose).
Le taux de prélèvements de 46% est bien le record mondial, devant le Danemark (44.9) et la Belgique (44.8). La « Bonne » place de cette dernière montre par ailleurs que les Français expatriés en Belgique ne le sont pas vraiment pour des raisons fiscales… On pourrait leur conseiller d’autres paradis.
La France a toujours été à la pointe de la l’impôt, et détenait déjà la première place dans les années soixante. Mais à l’époque, le taux de prélèvements avoisinait les 35%. Aujourd’hui, un rêve inatteignable, qui correspond à la simple moyenne de l’OCDE.
La France perdit sa première place quand elle fut dépassée par les pays scandinaves qui érigèrent la social-démocratie en modèle nordique, avant d’en revenir. La France a donc repris la tête du classement dés les années 2010. Par rapport aux autres pays, la structure des prélèvements montre que c’est moins l’impôt que les charges sociales qui sont importantes en France.
L’ambition du gouvernement, selon Gérald Darmanin, serait de diminuer le taux des prélèvements obligatoires de 1.5% de PIB, pour revenir à 45%[1]. Ce qui serait à la fois un effort inédit et un léger replacement, puisque cela nous laisserait malgré tout à la première place…
D’autre pays ont pourtant réussi à baisser leur pression fiscale : Allemagne, Canada, Suède, Royaume-Uni, Pays-Bas, etc… En fait, la grande majorité des pays de l’OCDE. Récemment, les Etats-Unis de Trump ont baissé les prélèvements obligatoires de 2.5%, en deux ans, alors qu’ils sont déjà très bas. Ce qui n’est pas étranger à la formidable croissance de l’économie américaine, qui connait la plus longue période d’expansion de son histoire. Mais se paie un déficit colossal.
Le gouvernement annonce pour arriver à cette baisse de 1.5% une baisse de l’impôt sur le revenu et une baisse de l’impôt sur les sociétés, moindre pourtant de ce qui était prévu.
Quand on regarde la structure des impôts, on remarque que la France se caractérise par une relative faiblesse de l’impôt sur les bénéfices et sur les revenus, dépassés par les prélèvements sociaux. Le Danemark, lui, a étatisé les recettes sociales. En revanche on constate la « modération de la tva » et l’importance du la taxation de la propriété. Seul le Royaume-Uni taxe la propriété plus que la France, ce qui perturbe encore un peu plus les idées reçues sur libéralisme, capitalisme et taxation.
Le ras-le-bol fiscal ressenti par les Français est donc bien justifié par les chiffres et les comparaisons internationales. Compte tenu du montant des dépenses publiques, de l’ampleur des déficits, on voit difficilement Gerald Darmanin gagner son pari. Cette année, il a été servi par la baisse des taux d’intérêts. L’an prochain, ce pourrait être différent.
La seule façon pour Darmanin d’être entendu, ce serait que les impôts baissent … vraiment. Mais peut-être cherche-t-il à se faire entendre du Président plus que des Français ?
[1]Mesure INSEE, un peu différente de celle de l’OCDE.
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