Lors de votre séjour en France, vous avez peut-être entendu ce mot d’ordre qui passe de Français en Français depuis la mi-juillet pour le 10 septembre 2025. Dans un second article, nous reviendrons sur les éventuelles conséquences pour les Français de l’étranger mais aussi on fera le point sur les actions prévues par les expatriés, s’il y en a. Dans ce premier volet, nous nous pencherons sur les origines de ce mouvement et les actions attendues. Une simple copie des Gilets jaunes ? Et, aussi, le vote du 08 septembre pourrait faire du mouvement de contestation un mort-né. Cependant ce qui est sûr c’est que cette rentrée se fera sous forte tension autour des coupes voulues par François Bayrou pour le budget 2026 (près de 44 milliards d’euros d’économie)
Qui est derrière ces appels « de citoyens » ?
« Tout bloquer en France » à partir du 10 septembre, c’est l’objectif des messages qui se multiplient depuis des semaines sur les réseaux sociaux. Mais leur possible concrétisation dans la rue reste toujours néanmoins une inconnue.
Les premières références à cette date du 10 septembre, dont le choix ne semble pas avoir de justification particulière, remontent à mai, au moins. Mais c’est en juillet, à la faveur des mesures d’économies annoncées par le Premier ministre, qu’elles ont gagné en visibilité.
Lancé à l’origine par une chaîne Telegram plutôt confidentielle, décliné sur un site nommé « Les essentiels France », ce mot d’ordre a depuis été relayé par divers groupes de discussion. Avec un canal principal d’organisation, « Indignons-nous », réunissant plusieurs milliers d’internautes.
Pourquoi veulent-ils se mobiliser ?
Sur de nombreux comptes (TikTok, Facebook, X, Telegram), déjà établis ou spécialement créés, les messages sont nombreux. Ils peuvent mentionner le RIC (référendum d’initiative citoyenne), réclamer des hausses de salaires et des retraites ou appeler à la « résistance », au confinement volontaire ou donc à la grève générale.
Les actions prévues sont tantôt classiques, de « type grève », et moins classiques. On découvre ainsi des posts aux idées multiples comme « ne vous servez plus de votre carte bancaire à partir du 10 septembre » ou « n’allez plus faire vos courses dans les supermarchés ».
Ce mouvement de protestation suscite une très forte activité sur les réseaux sociaux. Une étude de Visibrain, start-up française spécialiste de la veille numérique comptabilise des milliers de tweets quotidiens. Cependant, de nombreux faux comptes diffuseraient aussi de grandes quantités de messages…
Le cabinet note cependant que l’intérêt repart à la hausse après la prise de parole du parti La France insoumise appelant à se rendre dans la rue. Une solidarité que revendique Jean-Luc Mélenchon comme il le déclarait sur BFMTV ce samedi 23 août 2025.
Les Gilets jaunes BIS ?
Près de sept ans après le mouvement des Gilets jaunes qui avait interpellé par son ampleur, la colère monte de nouveau en France. C’est l’analyse du directeur du département opinion à l’Ifop Jérôme Fourquet dans Le Point.
« Depuis les Gilets jaunes, il apparaît désormais envisageable de construire des mobilisations hors champ politique ou syndical traditionnel, en faisant usage des réseaux sociaux » L’historien Stéphane Sirot, interrogé par l’AFP.
« les ingrédients de la colère (sentiment de déclassement du bas de la classe moyenne, fin de mois difficiles pour les catégories populaires et ras-le-bol fiscal généralisé) n’ont pas disparu »
Le directeur du département opinion à l’Ifop Jérôme Fourque
Tandis qu’un spécialiste des mouvements sociaux note toutefois que le 10 septembre tombe un mercredi, alors que les Gilets jaunes manifestaient le samedi, jour chômé pour la majorité des salariés.
« Depuis les Gilets jaunes, il apparaît désormais envisageable de construire des mobilisations hors champ politique ou syndical traditionnel, en faisant usage des réseaux sociaux »
L’historien Stéphane Sirot, interrogé par l’AFP.
D’ailleurs cette fois, les syndicats n’ont pas envie de se faire damer le pion. Ainsi, la fédération Mines-Energies de la CGT appelle déjà à faire grève à partir du 2 septembre. Cependant, plusieurs unions départementales et fédérations du syndicat ont prévu de se mobiliser le 10 septembre.
Contre les mesures budgétaires, Force ouvrière a aussi annoncé un préavis de grève à compter du 1er septembre et une grève est envisagée dans les hôpitaux parisiens. Tandis que Sud-Rail appelle aussi à la mobilisation à la SNCF pour la journée du 10 septembre. Enfin, les fédérations de taxis entendent eux bloquer dès le 5 septembre aéroports, gares, frontières, sites de distribution de carburant ou encore les Champs-Élysées à Paris pour protester contre les nouveaux tarifs du transport sanitaire. La colère couve un peu partout en réalité.
La gauche sur le coup !
Politiquement, la gauche a plus ou moins clairement affirmé son soutien à au 10 septembre. Insoumis, Écologistes, communistes et, dans une moindre mesure, socialistes, voient tous d’un bon œil ces appels de collectifs citoyens. Les Insoumis ont même appelé « tous ceux qui partagent nos principes et notre volonté d’action pour en finir avec le gouvernement Bayrou (à) se mettre immédiatement au service des collectifs locaux qui proposent cette mobilisation et à tout faire pour sa réussite ».
Autre soutien, la patronne des Écologistes, Marine Tondelier. Elle appelle également à soutenir cette mobilisation et celles à venir des syndicats. Dans Libération, elle déclare : « l’avenir de notre pays se joue dans (les) mouvements d’ampleur annoncés à la rentrée ».
Du côté de la Rose, « on regarde cette initiative avec beaucoup d’intérêt. Les motivations et les modes opératoires sont assez flous pour l’instant, mais nous comprenons l’exaspération à l’origine de ce mouvement », comme a commenté, plus prudemment, la porte-parole du Parti socialiste, Chloé Ridel, sur Franceinfo. Son frère historique, le Parti communiste français appelle, lui,, sans détour « à participer à l’ensemble des mobilisations contre le projet Bayrou, le 10 septembre compris »…
Pour finir, notons que la députée RN Edwige Diaz a expliqué sur France Inter que son parti « par principe ne s’improvise pas instigateur de manifestations », tout en « comprenant la détresse de ces Français ».
Avant le 10, le 08 septembre
En ce début de semaine, les Français ont eu une surprise de François Bayrou. Et c’est peut-être une bonne idée pour le gouvernement… ou la pire. Car le vote prévu le 8 septembre à l’Assemblée nationale aura un impact direct sur le mouvement du 10 septembre. Il s’annonce massif selon les sondages.
En effet, le mouvement « Bloquons tout » appelle à un « arrêt total du pays » le 10 septembre. Leur mobilisation prend racine dans leur opposition au plan d’austérité de 43 milliards d’euros annoncé par François Bayrou. Les organisateurs ont clairement indiqué qu’en cas d’échec du vote du 8 septembre, la mobilisation pourrait perdre une partie de sa raison d’être, mais ils affirment vouloir « aller jusqu’au bout » quoi qu’il arrive. Leur message aux députés est sans ambiguïté : « Si vous ne votez pas contre [le gouvernement], vous serez complices«
Deux scénarios sont donc possibles à l’issue du vote.
Le plus probable c’est que le gouvernement soit renversé le 8 septembre. Dans ce cas la légitimité de la mobilisation sera remise en question. Pourtant un noyau dur semble déterminé à maintenir la pression. Pour eux les mesures contestées restent d’actualité tant qu’elles ne sont pas abandonnées.
Cependant, si le gouvernement survit alors le 10 septembre pourrait devenir un test majeur pour sa politique économique. Le risque ? Que soient accrus les blocages et les perturbations !
Auteurs/autrices
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Directeur de publication et rédacteur en chef du site lesfrancais.press
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